En 2025, Windows 11 n’a pas changé de nom, mais il a profondément changé de nature. Une année charnière, qui en dit long sur la trajectoire prise par Microsoft.

Windows 11 : 2025, l’année où Microsoft a redéfini les règles du jeu. © Microsoft
Windows 11 : 2025, l’année où Microsoft a redéfini les règles du jeu. © Microsoft

2025 aura été une année chargée pour Windows, et pas seulement pour des raisons techniques. Elle s’est ouverte et refermée sur deux anniversaires symboliques, les 50 ans de Microsoft au printemps et les 40 ans de Windows à l’automne, largement mis en scène par l’éditeur. Entre ces deux dates, le système d’exploitation a continué d’évoluer sans changer de nom, mais avec des transformations parfois profondes, à mesure que Windows 11 a changé de rythme, d’ambition et de visage. Mises à jour plus diffuses, IA omniprésente, expérience de plus en plus dépendante du matériel, effets du cadre européen, ambitions gaming et stabilisation parfois laborieuse : l’année a surtout mis à nu les priorités de Microsoft.

Windows 11 24H2 et 25H2, l’année où la « grande mise à jour » a changé de forme

En 2025, Windows 11 s’est organisé autour de deux jalons complémentaires, la fin du support standard de Windows 10 ayant définitivement clarifié la situation et fait de cette version de l’OS le cadre unique de l’évolution du système. D’un côté, Windows 11 24H2, qui a notamment servi à préparer le terrain aux PC Copilot+, avec des changements internes pensés pour faire tourner les modèles d’IA de manière plus fluide, quelques retouches dans l’interface et un découpage plus net des fonctionnalités.

De l’autre, Windows 11 25H2, qui tient davantage du repère calendaire que de la révolution annoncée. Elle prend la forme d’un paquet d’activation pour les machines déjà équipées de 24H2, que l’on installe presque aussi rapidement qu’une mise à jour de routine, et qui met l’accent sur la stabilité, la consolidation et des ajustements déjà croisés au fil des mises à jour mensuelles.

Désormais, l’essentiel ne se joue plus le jour où une « nouvelle version » tombe, mais dans un flux continu de correctifs et d’évolutions intégrés progressivement, en fonction des capacités matérielles et des besoins de plateforme. Si bien que, lorsque 25H2 est finalement proposée à l’ensemble des PC éligibles, une partie des nouveautés est déjà disponible depuis des mois sur certaines machines. La grande mise à jour ne marque plus une rupture, elle entérine un état de fait.

C’est aussi dans cette logique qu’il faut lire la réapparition d’un jalon 26H1 à l’horizon 2026. Alors que Windows 11 avait mis fin à la cadence bisannuelle héritée de Windows 10, Microsoft réintroduit un marqueur H1 dans ses branches de développement, non pas pour relancer ce rythme côté grand public, mais pour s’aligner sur le calendrier du matériel. Cette version servirait avant tout de mise à jour de plateforme, destinée à accompagner l’arrivée d’une nouvelle génération de machines, celles basées sur les prochaines puces Snapdragon, sans viser l’ensemble du parc.

Si vous étiez déjà sur Windows 11 24H2, il y a fort à parier pour que vous ne vous soyez pas rendu compte d'avoir migré vers 25H2. © Nwz / Shutterstock
Si vous étiez déjà sur Windows 11 24H2, il y a fort à parier pour que vous ne vous soyez pas rendu compte d'avoir migré vers 25H2. © Nwz / Shutterstock

Copilot partout, Recall et agents IA en embuscade

Il s’agit certainement du mouvement ayant le plus occupé l’espace médiatique autour de Windows en 2025. Copilot s’invite partout ou presque, capable d’interpréter ce qui se passe à l’écran et de devenir, s’il est activé, un point d’entrée permanent dans l’OS. Microsoft assume désormais l’idée de faire de Windows un système agentique, pensé pour accueillir des assistants capables d’observer, de contextualiser et d’interagir avec le PC.

Cette communication frontale n’a pas tardé à faire réagir, l’idée d’un système piloté par des agents ayant immédiatement ravivé les critiques concernant les priorités de Microsoft, accusée de pousser l’IA au détriment de la stabilité et des fondamentaux. D’autant que le terrain était déjà miné. Bien avant ces déclarations, Recall avait servi de détonateur. Annoncée en 2024, retirée, remaniée, puis à nouveau repoussée, la fonction a connu un parcours chaotique avant d’être déployée en avril 2025 sur tous les PC Copilot+. Au final, Microsoft a passé une bonne partie de l’année à ajuster le dispositif, à renforcer les garde-fous, à clarifier le caractère désactivable de la fonction et à tenter d’éteindre l’incendie.

En parallèle, Microsoft déploie des agents dans Microsoft 365, capables d’intervenir dans les outils professionnels, d’automatiser certaines tâches et de dialoguer avec les données métiers. Les PC Copilot+ disposent du matériel pour en exploiter tout le potentiel en local, mais l’OS lui-même a déjà basculé vers un fonctionnement hybride, avec ou sans NPU.

Le virage agentique a déjà été amorcé sur Windows 11, avec ou sans NPU. © Microsoft

Les PC Copilot+ et la fragmentation de l’expérience Windows

Sur le front matériel, 2025 a surtout confirmé l’effort engagé l’année dernière autour des PC Copilot+ et de Windows on ARM, avec une différenciation désormais assumée de l’expérience Windows selon des capacités matérielles bien réelles. Là où Windows 11 avait surtout mis l’accent sur des prérequis de sécurité et de compatibilité logicielle, Copilot+ conditionne une partie des usages à la présence de composants précis, en particulier d’un NPU d’au moins 40 TOPS et d’une liste de processeurs officiellement pris en charge.

Dans les faits, Windows on ARM a surtout servi de rampe de lancement pour les premières fonctionnalités IA mises en avant par Microsoft. Les machines basées sur les puces Snapdragon X ont aussi fait office de terrain d’expérimentation pour Prism, le système d’émulation chargé d’assurer la compatibilité avec l’écosystème x86. Prism a ensuite progressivement élargi son périmètre, notamment avec la prise en charge d’instructions x86 avancées comme AVX et AVX2 plus tard dans l’année, un point déterminant pour des usages lourds comme la création et, plus prudemment, une partie du jeu.

Cette stratégie n’a toutefois pas produit ses effets immédiatement. Entre la promesse affichée et la réalité, un décalage s’est installé, alimenté par le calendrier de déploiement et le report de certaines fonctions très mises en avant. Au printemps 2025, Microsoft a commencé à étendre les expériences Copilot+ aux modèles Intel et AMD, puis à les rendre réellement disponibles à plus grande échelle, mais l’impression d’un Windows à deux vitesses est restée palpable pendant plusieurs mois.

Cette année, Microsoft a donné un coup de fouet aux développement des PC Copilot+ et de Windows on ARM. © hodim / Shutterstock

Windows 11 veut redevenir un OS de gaming universel

Cette fragmentation a un effet collatéral assez ironique. Au moment où Windows assume une expérience de plus en plus dépendante du matériel, Microsoft remet sur la table l’idée d’un système universel, capable de couvrir tous les usages, jeu compris, quel que soit le format ou la machine.

En 2025, ce discours s’est surtout appuyé sur la vague des PC gaming portables sous Windows 11, amorcée avec la ROG Ally en 2023 et prolongée par des itérations comme l’Ally X. Sur ces machines, Windows ne se contente plus d’être un bureau réduit. Il doit composer avec des pilotes parfois instables, des profils d’alimentation très contraints, des services en arrière-plan omniprésents et des surcouches constructeurs qui pèsent lourdement sur l’expérience finale.

À l’approche de 2026, Microsoft a donc multiplié les annonces autour d’un plan d’optimisation ciblant la gestion des priorités entre le jeu et les tâches en arrière-plan, l’énergie, la pile graphique, les pilotes et la réduction des charges parasites. En parallèle, l’idée d’une interface pensée pour le jeu en mobilité, en plein écran et orientée manette, continue de progresser. La feuille de route tient debout, mais dans la pratique, les bénéfices sont encore inégaux selon les configurations et l’empilement, parfois chaotique, des différentes (sur)couches logicielles.

Le gaming sur Windows 11 : gros chantier pour Microsoft. © trickyaamir / Shutterstock

L’Europe et le DMA, Windows apprend à lâcher prise

À partir de 2024, un facteur extérieur est venu peser sur l’évolution de Windows. Le Digital Markets Act a commencé à produire des effets visibles dans l’Espace économique européen, des changements qui se sont nettement renforcés en 2025, contraignant Microsoft à revoir plusieurs choix historiques liés à l’intégration de ses services et à la mise en avant de son écosystème.

Windows a notamment dû assouplir sa relation avec Edge et certains composants maison. Le navigateur par défaut peut désormais être défini de manière plus complète, avec un périmètre élargi de liens et de formats réellement pris en compte. Les écrans de choix gagnent en neutralité, tandis que les sollicitations pour basculer vers Edge deviennent beaucoup plus discrètes, puisqu’elles ne doivent plus apparaître dans la majorité des cas si le navigateur n’a pas été ouvert volontairement.

La recherche Windows a elle aussi évolué dans ce cadre, en s’ouvrant davantage à des fournisseurs tiers capables d’afficher des résultats web aux côtés des services Microsoft, avec la possibilité de gérer plusieurs sources et d’en ajuster l’ordre dans les réglages. Même le Microsoft Store n’échappe pas à cette logique, avec la possibilité de le désinstaller en Europe tout en continuant à recevoir les mises à jour des applications déjà installées, un scénario encore impensable il y a quelques années.

Ces changements ne bouleversent pas l’interface de Windows, mais ils modifient en profondeur certains usages quotidiens. En 2025, l’expérience Windows n’est plus tout à fait la même selon que l’on se trouve en Europe ou ailleurs. Une différence moins visible que l’IA ou le matériel, mais révélatrice d’un système désormais contraint de composer avec un cadre réglementaire qui s’impose jusque dans ses réglages les plus ordinaires, même si Microsoft n'entend pas lâcher complètement l'affaire.

Grâce au DMA, Windows 11 ne peut plus vous imposer Edge comme navigateur par défaut. © Denny Müller / Unsplash

Bugs, failles et réorganisations, la face moins glamour de 2025

Impossible à ignorer dans une rétrospective. Tout au long de l’année, Windows 11 a accumulé bugs visibles et patchs parfois pénibles à encaisser. Problèmes récurrents de l’Explorateur, soucis d’impression, mises à jour qui en cassent une fonctionnalité avant d’en réparer une autre, beaucoup ont eu le sentiment de naviguer à vue, en particulier sur les branches les plus récentes.

En parallèle, le rythme des correctifs de sécurité n’a pas faibli. Plusieurs Patch Tuesday ont colmaté des failles déjà exploitées, parfois dans des composants sensibles, avec des recommandations d’installation rapide, notamment en environnement professionnel. À mesure que Windows intègre davantage de fonctions connectées et d’agents IA, chaque vulnérabilité dans le système ou ses extensions prend mécaniquement plus de poids.

À ce tableau s’ajoute un contexte de réorganisation interne chez Microsoft, marqué par des suppressions de postes et un discours axé sur la rationalisation, la simplification des couches de management et la concentration des efforts sur l’IA. Un climat qui n’a sans doute pas aidé à stabiliser un système déjà mis à rude épreuve tout au long de 2025.

2025, une année de grands changements pour Windows 11... mais aussi de bugs en série. © QINQIE99 / Shutterstock

Windows 12 ne sort pas, mais 2025 ressemble à son année zéro

Dernier temps fort, celui qui ne figure sur aucun planning de mise à jour. En 2025, Microsoft n’a jamais prononcé le nom Windows 12, malgré des spéculations persistantes. Officiellement, tout continue de se jouer autour de Windows 11, de ses éditions 24H2 et 25H2 et de ses mises à jour mensuelles.

Dans les faits, pourtant, une grande partie de ce que l’on attendrait d’une nouvelle génération est déjà là. Windows 11 accueille désormais une couche d’agents avec Copilot et Recall, s’appuie sur une vitrine matérielle incarnée par les PC Copilot+, accélère sa transition vers ARM, s’adapte aux régulations européennes et adopte un modèle de mises à jour en continu qui brouille les frontières entre les versions.

La question n’est donc plus vraiment de savoir si Windows 12 finira par arriver, mais plutôt à quel moment Microsoft décidera que le marketing a besoin d’un nouveau numéro. Pour celles et ceux qui allument leur PC chaque matin, le changement de cycle s’est déjà produit. Il ne s’est pas matérialisé par un nouvel écran de démarrage ou un numéro inédit, mais par une transformation progressive, étalée sur des builds, des correctifs et des fonctions IA venues se greffer à Windows 11. En ce sens, 2025 n’a pas officiellement vu naître Windows 12, mais c’est tout comme.

  • Refonte graphique de l'interface réussie
  • Snap amélioré
  • Groupes d'ancrage efficaces
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