Microsoft orchestre savamment le flou autour du successeur de Windows 11, préférant mettre en lumière une IA qui s'annonce omniprésente. La firme semble avoir choisi son camp : l’avenir de l’OS passera par une évolution de l'existant, quitte à décevoir les attentes autour d’un Windows 12.

Pas Windows 12, du coup. © Shutterstock
Pas Windows 12, du coup. © Shutterstock

Le feuilleton Windows 12 connaît un nouveau rebondissement, ou plutôt, une nouvelle absence de rebondissement. Alors que la firme de Redmond promet une refonte majeure de son système d'exploitation, elle s'est bien gardée, lors de sa dernière conférence, de nommer l'éléphant dans la pièce. La stratégie consiste-t-elle à enrichir l'actuel OS jusqu’à rendre un nouveau numéro obsolète avant même sa sortie ?

Cap sur l’IA contextuelle, le nouveau Graal

Plutôt qu’une nouvelle version, Microsoft préfère donc parler d'une nouvelle intelligence. L'éditeur met le paquet sur une IA contextuelle, capable d'anticiper les besoins de l'utilisateur. Concrètement, l’assistant Copilot passera en mode « proactif », analysant les entrées clavier, souris et même micro pour suggérer des actions pertinentes, le tout traité majoritairement en local pour garantir rapidité et confidentialité.

Ces annonces ne sortent pas de nulle part. Elles donnent corps aux confidences d'il y a quelques jours, où l'on évoquait déjà la vision d’un Windows « très différent », profondément intégré à l’IA. Loin de se cantonner à une fenêtre de chatbot, l'intelligence artificielle s’infuserait partout : de la sélection de texte à la gestion des performances du processeur, des fonctionnalités que l'on pensait réservées à une future mouture.

Le ticket d’entrée pour cette expérience augmentée reste cependant matériel. Un NPU sera indispensable pour que ces calculs s’opèrent sans dépendre du cloud. Les partenaires comme Qualcomm et Intel sont déjà dans les starting-blocks, préparant des puces optimisées pour le second semestre 2025, signe d’un écosystème qui se met en ordre de marche pour un Windows 11 sous stéroïdes qui a peiné à matérialiser ses promesses IA depuis l'annonce des PC Copilot+.

Microsoft Copilot+ PC - © Robert Way / Shutterstock
Microsoft Copilot+ PC - © Robert Way / Shutterstock

Un calendrier qui interroge la stratégie

Officiellement, le véhicule de ces nouveautés sera la mise à jour 25H2 de Windows 11, attendue en fin d’année. Un schéma qui n’est pas sans rappeler la stratégie employée pour Windows 10, qui a reçu des ajouts fonctionnels majeurs pendant des années sans jamais changer de nom. Microsoft semble recycler une formule bien connue : celle du Windows-as-a-service.

Ce pari sur l’IA s’aligne avec les ambitions plus lointaines du groupe. Comment oublier la projection audacieuse d’un monde sans clavier ni souris d’ici 2030, où les commandes vocales et gestuelles régneraient en maîtres ? Pour un tel futur, l’OS doit devenir prédictif et adaptatif. En intégrant ces briques à Windows 11, Microsoft vide un potentiel Windows 12 de sa substance avant même de l'annoncer.

Derrière ce choix stratégique se cache aussi une réalité plus pragmatique : la réglementation. Les nouvelles lois européennes sur l’IA imposent une maîtrise locale des données et une grande transparence. Il est bien plus simple et rapide d’adapter un Windows 11 existant à ces contraintes que de repartir de zéro avec un nouvel OS qui nécessiterait un long et coûteux processus de certification.