Alors que Microsoft présente son Windows « agentique » comme la prochaine grande étape de l’OS, le public retient autre chose : un système instable, des agents omniprésents et du blabla déconnecté de leurs usages quotidiens. Entre lassitude, méfiance et sentiment d’être ignorés, les utilisateurs et utilisatrices réclament autre chose qu’un déluge de promesses dopées à l’IA.

L'intelligence artificielle ? Les utilisateurs de Windows 11 en ont ras-le-bol et réclament de "vraies fonctions". © Mojahid Mottakin / Shutterstock
L'intelligence artificielle ? Les utilisateurs de Windows 11 en ont ras-le-bol et réclament de "vraies fonctions". © Mojahid Mottakin / Shutterstock

Le message aurait pu passer inaperçu s’il n’avait pas touché une corde sensible. En évoquant sur X un Windows 11 « en pleine évolution vers un OS agentique », Pavan Davuluri, Président Windows & Devices chez Microsoft, n’a fait que mettre le feu aux poudres. Redmond multiplie les prises de parole ambitieuses autour de l’intelligence artificielle et déroule, sans en démordre, son récit d’un système toujours plus autonome et contextuel, alors même que les retours utilisateurs témoignent d’un tout autre état d’esprit. Bugs en pagaille, instabilités dans les fonctions de base, modules d’IA ajoutés sans réelle demande et discours qui s’éloignent de leurs besoins concrets cristallisent une amertume qui ne trouve décidément aucun écho chez Microsoft.

Un discours focalisé sur l’IA, un public focalisé sur les bases

L’idée d’un système d’exploitation plus intelligent aurait pu trouver preneur, mais l’empilement de nouveautés mal expliquées, parfois intrusives, crée un vrai malaise. À force de marteler que Windows entre dans une ère agentique, qu’il se connecte à tout et qu’il anticipe tout, Microsoft tend à éluder une réalité bien plus prosaïque, faite de lenteurs récurrentes, de comportements imprévisibles, de réglages qui bougent sans raison et de régressions dans des fonctions de base qui nourrissent, depuis des mois, des critiques toujours plus acerbes.

Sans surprise, le tweet de Pavan Davuluri a servi de détonateur. Sur X, les réactions se sont enflammées, révélant un ras-le-bol massif et très concret. Les utilisateurs et utilisatrices ne comprennent pas l’intérêt de ces agents autonomes pour le grand public, annoncés à grand renfort de communication alors que Windows peine à assurer les fondamentaux. Ils n’attendent ni « expérience contextuelle » ni automatisations connectées au cloud, mais un menu qui s’ouvre sans ramer, une recherche fiable et des réglages qui ne changent pas d’un redémarrage à l’autre, quitte à migrer vers Linux ou macOS.

Évidemment, cette colère dit autre chose qu’une simple résistance au changement. Elle traduit l’impression persistante que Microsoft avance avec des œillères. Au mieux, l’entreprise est convaincue d’avancer dans la bonne direction, persuadée que son récit centré sur l’IA finira par s’imposer, quand bien même il répond à côté des attentes exprimées depuis des mois. Au pire, elle laisse transparaître un mépris poli pour les préoccupations de sa communauté, qui importent moins que la ligne stratégique déjà fixée.

Finalement, dans ce climat ultra-électrique, les promesses d’agents intelligents, d’interfaces repensées et d’un Windows transformé par l’IA apparaissent moins comme une avancée que comme des concepts fumeux, plaqués sur un système dont on attend d’abord qu’il fonctionne correctement. Ce qui, de toute évidence, n’est pas encore tout à fait le cas aujourd’hui.

Un Windows de plus en plus intrusif, un rejet qui s’organise

Et c’est là que le malaise prend une tournure plus gênante. Les lenteurs et les régressions sont une chose, mais l’arrivée d’agents qui observent, interprètent et interviennent sans que l’on sache précisément où se situent leurs limites crée un inconfort bien plus profond. Copilot doté d’« yeux » et « d’oreilles », des modules qui analysent le contexte pour proposer des actions ou ajuster l’environnement, des suggestions qui apparaissent sans explication composent désormais un Windows qui semble regarder par-dessus l’épaule de celles et ceux qui l’utilisent, sans jamais vraiment clarifier ce qu’il collecte, ce qu’il en fait, ou jusqu’où s’étend sa logique d’analyse.

Une opacité qui entretient un sentiment d’intrusion qui dépasse largement le champ du simple agacement. Les discussions en ligne témoignent d’une inquiétude diffuse face à un système qui paraît vouloir anticiper à la place de l’utilisateur ou de l’utilisatrice, au risque d’empiéter sur leur marge de contrôle. L’idée d’un Windows agentique, censé agir de manière autonome et proactive, se heurte à une exigence élémentaire de lisibilité, autrement dit savoir ce qui est activé, ce qui transite vers le cloud et comment ces automatismes dialoguent avec les paramètres de confidentialité.

S’ajoutent à cela des préoccupations plus techniques, en particulier concernant la surface d’attaque élargie par ces nouveaux composants d'IA. Chaque module actif en arrière-plan devient un point d’entrée potentiel dans un système déjà marqué par des bugs persistants, et même si Microsoft assure intégrer la sécurité dès la conception, l’argument peine à dissiper les doutes.

Pas étonnant, donc, qu’au fil des discussions, cette lassitude débouche sur des choix plus radicaux, les migrations vers Linux ou macOS revenant avec insistance, perçues comme le seul moyen, en tout état de cause, de retrouver une relation plus saine, plus simple et plus stable avec son PC.

Windows 11
  • Refonte graphique de l'interface réussie
  • Snap amélioré
  • Groupes d'ancrage efficaces
8 / 10