Cette start-up française veut éviter les problèmes liés aux dizaines de milliers de satellites en orbite

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
06 mars 2024 à 19h31
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Share My Space s'appelle désormais Aldoria. Les ambitions n'ont pas changé. © Aldoria
Share My Space s'appelle désormais Aldoria. Les ambitions n'ont pas changé. © Aldoria


Connaissez-vous Aldoria ? Cette jeune pousse toulousaine accélère en 2024 pour surveiller au maximum l’orbite terrestre. Des mesures cruciales, au moment où plusieurs centaines de satellites se fraient un chemin dans les mailles des constellations chaque mois. Mais sur Terre aussi, la concurrence est rude...


Jusqu’à janvier, la petite structure toulousaine s’appelait Share My Space. Fondée en 2017, elle compte environ 25 employés et elle a réussi une levée de fonds de 10 millions d’euros. Un joli capital pour grandir et prouver que ses méthodes de surveillance et de suivi de l’orbite de satellites fonctionnent correctement. Renommée Aldoria, la jeune pousse utilise six stations télescopiques (chaque station dispose de 4 télescopes) réparties autour du monde sur 4 continents, avec des algorithmes spécifiques dédiés au suivi des satellites en orbite haute et basse (jusqu’à 300 km). La levée de fonds permettra en particulier de doubler le nombre de stations. Mais Aldoria dispose également de partenariats avec ses clients et les agences qui tiennent leurs « catalogues » d’objets orbitaux. Chaque mois, l’entreprise publie des jeux de données dans son « space sustainability bulletin ». L’ambition est claire : devenir le leader européen de la surveillance orbitale.

De la concurrence, mais de réels besoins

Il y a de la concurrence, bien sûr, car ce marché est mondial. L’entreprise la plus connue du secteur est sans doute LeoLabs, qui est basée sur une technologie différente : elle a établi des radars qui détectent et classent des milliers de satellites et débris en temps réel, en particulier pour l’orbite basse. Mais Aldoria a également sa carte à jouer. En 2024, l’entreprise a noué des partenariats avec de grands noms, comme SES (qui opère une constellation en orbite moyenne MEO, et est le leader des satellites géostationnaires privés), mais aussi Airbus Defence & Space. Ce dernier, poids lourd européen, évalue l’efficacité du suivi d’Aldoria et les compare avec ses propres moyens internes. Il faut dire que le défi est de taille...

Les débris font l'objet d'un focus spécifique de l'Agence Spatiale Européenne. © ESA
Les débris font l'objet d'un focus spécifique de l'Agence Spatiale Européenne. © ESA

Un suivi précis est nécessaire

Car même si les opérateurs, et en particulier ceux qui ont le plus de satellites comme SpaceX, prennent un soin tout particulier à surveiller l’orbite de leurs unités (ils seraient bel et bien les premiers à souffrir d’une collision entrainant plus de débris), les chiffres donnent rapidement le tournis. Plus d’une centaine de satellites Starlink décollent pour rejoindre l’orbite chaque mois, et ils ne sont pas seuls : d’autres opérateurs envoient des « grappes » plus petites. L’encombrement est réel et pour qu’il ne devienne pas critique dans les années à venir, une précision accrue et des catalogues à jour seront nécessaires. Aldoria a toute sa place !

Le 28 février dernier, deux satellites non manœuvrant (un vieux satellite-espion russe et une unité de la NASA) ont failli entrer en collision à 604 km d’altitude. Ils seraient passés à seulement 20 mètres l’un de l’autre.

Source : Futura Sciences

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (7)

SPH
Je ne pense pas qu’il y ait des dixaines de milliers de satellite en orbite. Des débrits, ça, oui !
Palou
@SPH<br /> 2.787 satellites sont opérationnels au 31 décembre 2020 selon l’association UCS (Union of Concerned Scientists), dont plus de la moitié lancés par les États-Unis. Les trois quarts des satellites en opération tournent en orbite basse (entre 500 et 2.000 km d’altitude), et sont utilisés pour les systèmes de télécommunication, d’imagerie terrestre ou la météorologie.<br /> ( Combien de satellites tournent autour de la Terre ? (futura-sciences.com) )<br />
SPH
2787, voilà qui me parait plus raisonnable.
Gizmo22
Le chiffre donné par l’article que Palou à envoyer date de 2020, donc en 4 ans, tu imagines bien le nombre de satellites envoyer en orbites, dans l’article de Clubic, il fait référence de centaine de satellites de Starlink uniquement, qui décolle chaque mois donc tu rajoutes à ça les satellites d’autre société comme Starlink et les satellites de pays ou pour tous les systèmes qui ont besoin de satellite. Ça peut vite monter en 4 ans.
Palou
Gizmo22:<br /> Le chiffre donné par l’article que Palou à envoyer date de 2020<br /> Je n’ai pas trouvé plus récent …<br /> Et en rajoutant les satellites Starlink :<br /> Début 2024, il y a près de 6 000 satellites Starlink en orbite. À terme, SpaceX prévoit de construire une constellation massive de 12 000 satellites, avec une expansion possible à 42 000 satellites plus tard.<br /> ça commence à faire beaucoup
SPH
J’avais en tête au jour d’aujourd’hui un maximum de 9000 satellites.
ebottlaender
Alors, oui, on est sur environ 2500-3000 avec les 6000 de Starlink en plus, c’est correct. Mais en fait il ne s’agit pas tant d’aujourd’hui que de demain. Il y aura environ 10 à 20k satellites de Starlink, plus les 3500 de Kuiper, plus les quelques centaines de chinois, OneWeb, etc. On arrivera à plusieurs dizaines de milliers en 2030 si ça suit la courbe actuelle, et il y a effectivement les inactifs et les débris dans le lot.
SPH
Oui, les inactifs, je les compte en débris. La courbe ira croissant maintenant (grâce au lanceur d’Elon)
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