🔴 French Days en direct 🔴 French Days en direct

Faute de pouvoir les envoyer en orbite, l'Europe continue d'envoyer ses satellites à l'étranger

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
16 janvier 2024 à 19h01
2
Morne ambiance au Centre Spatial Guyanais, sans décollage jusqu'à juin ou juillet. © ESA/CNES/CSG/Arianespace/ JM Guillon
Morne ambiance au Centre Spatial Guyanais, sans décollage jusqu'à juin ou juillet. © ESA/CNES/CSG/Arianespace/ JM Guillon


La situation est connue, les Européens n'ont actuellement aucun lanceur disponible pour envoyer les importants satellites scientifiques et institutionnels avec leurs propres moyens… Jusqu'à l'entrée en service d'Ariane 6 et le retour des plus petits lanceurs. Cela concerne au moins 5 tirs (et probablement d'autres à venir).

L'Europe spatiale tente de mettre fin en 2024 à sa longue crise des lanceurs. Ariane 6 devrait décoller pour la première fois en juin ou juillet prochain, avec quelques charges utiles, principalement dédiées à des essais en orbite. Puis les lanceurs Vega et Vega C sont attendus pour la fin de l'année. C'est peu, malheureusement, comparé aux besoins de l'ESA et de l'Union Européenne, qui n'ont pas cessé leurs programmes scientifiques pendant cette période.

Comme en 2022 après la fin des tirs de Soyouz, puis en 2023 depuis l'arrêt des tirs d'Ariane 5, il y a donc besoin d'envoyer des satellites à l'étranger pour les voir décoller. Une solution décriée d'un côté, mais qui permet toutefois de faire avancer les programmes et la recherche : l'an dernier, le télescope Euclid envoyé depuis la Floride a pu atteindre son site de collecte au point de Lagrange L2 à 1,5 million de kilomètres de la Terre, et commencer à cartographier les galaxies. D'autres décollages vont suivre.

Ariane 6 arrive, mais il faudra encore être patients avant qu'elle s'attaque à la liste de commandes des satellites à envoyer... © ESA/CNES/CSG/Arianespace/P. Piron
Ariane 6 arrive, mais il faudra encore être patients avant qu'elle s'attaque à la liste de commandes des satellites à envoyer... © ESA/CNES/CSG/Arianespace/P. Piron

La part belle aux Américains

Il y a d'abord la mission scientifique du satellite EarthCARE. Ce dernier caractérisera l'atmosphère et les nuages pour tenter de comprendre le bilan radiatif de la Terre, ainsi que son effet précis sur les variations du climat. Des données très attendues, un satellite qui représente la collaboration entre l'ESA et l'agence japonaise, la JAXA… et un décollage avec la fusée Falcon 9 de SpaceX attendu au printemps. Autre fleuron scientifique, la sonde d'exploration Hera décollera à l'automne prochain avec une fusée similaire, pour aller inspecter le duo d'astéroïdes Didymos et Dimorphos (souvenez-vous, en 2022 la NASA avait impacté Dimorphos avec un petit véhicule, DART). Peu de surprise ici, ces tirs sont annoncés depuis plus d'un an.

L'ESA a également confirmé les deux décollages, toujours en négociation, pour emmener quatre satellites de positionnement européen Galileo, dont les plus vieilles unités sont actives depuis plus d'une décennie. Enfin, le satellite d'observation double Proba 3, véhicule de recherche inédit avec un « pare-soleil » qui sera piloté à plusieurs centaines de mètres de distance, décollera de l'Inde, tandis que le petit satellite AWS (Arctic Weather Satellite) qui servira de prototype à l'agence météorologique européenne pour une petite constellation dédiée à la surveillance des pôles décollera comme d'autres avec Falcon 9 depuis les États-Unis (en juin).

La petite mission Proba 3 décollera depuis l'Inde. © ESA
La petite mission Proba 3 décollera depuis l'Inde. © ESA

Le programme Copernicus attend aussi son taxi…

Dans les vœux de l'agence européenne et la présentation de ses activités pour 2024, plusieurs observateurs ont également remarqué que les prochains satellites du programme Copernicus ne sont plus forcément listés avec des lanceurs européens. En effet, la constellation de l'Union européenne doit assurer une continuité des services et des mesures, sur un poste (l'observation de la Terre et de son évolution) qui est jugé comme crucial. Or, il ne reste qu'un seul satellite radar Sentinel 1 en activité (l'unité 1A) depuis presque 2 ans, et l'Union souhaite que le satellite complémentaire Sentinel 1C soit envoyé en orbite au plus vite… D'autant qu'il est prêt. Le satellite d'observation visible et multispectral Sentinel 2C est lui aussi sur liste d'attente. Pourront-ils patienter jusqu'à ce qu'Ariane et Vega soient prêtes ?

Falcon 9, le cheval de bataille de SpaceX, va dépasser d'ici peu les 300 décollages. © SpaceX
Falcon 9, le cheval de bataille de SpaceX, va dépasser d'ici peu les 300 décollages. © SpaceX

Tant qu'ils disent oui…

Dans ce contexte européen compliqué, on peut pour l'instant féliciter les partenaires commerciaux et étatiques de l'Europe d'être accommodants. En effet, avec nos yeux d'Européens, on imagine par exemple SpaceX très impatient de récupérer les satellites européens pour les lancer à grand coup de contrats commerciaux.

La réalité est plus contrastée, surtout en 2024 : une majorité des lanceurs annoncés ces dernières années (Ariane 6, Vulcan, New Glenn, Neutron, et beaucoup d'autres) sont et seront en retard et SpaceX est en réalité très sollicité… Alors même que l'entreprise n'a plus toujours d'intérêt à faire passer des contrats commerciaux devant ses tirs de Starlink, puisque le service, selon les responsables de l'entreprise, génère des bénéfices. Derrière la « guerre des coûts » qui a fait les gros titres de la rivalité entre SpaceX et ses concurrents, il y a aussi la raison d'être d'acteurs régionaux : assurer la maîtrise de son accès à l'orbite.

Source : Space News

Eric Bottlaender

Spécialiste espace

Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

Lire d'autres articles

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

Lire d'autres articles
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires (2)

Comcom1
Va falloir vraiment se réveiller sur les techno en Europe, ça commence mais faut franchement continuer et retrouver plus d’indépendance, que ce soit en high-tech ou industrie
bennukem
Au train où ça va, on va bientôt demander à la Corée du Nord de les envoyer pour nous
Voir tous les messages sur le forum
Haut de page

Sur le même sujet