Cyprien GODARD : iPIN, Solution globale de paiements électroniques

Jérôme Bouteiller
Publié le 27 mai 2000 à 00h00
Avant de parler de commerce électronique, il est nécessaire de faire un bilan des moyens de paiement, en particulier dans un contexte marqué par la remise en cause des cartes bancaires. iPIN est une solution née avec l'Internet qui cherche à proposer une

JB - Messieurs Cyprien GODARD et Franck ZAYAN, bonjour. En quelques mots, comment pourrait-on présenter iPIN ?

iPIN - Bonjour. iPIN est une solution globale de transactions en ligne pour le commerce électronique. Le principe est de régler le montant de vos achats en ligne sur des factures comme celle de votre opérateur (télécom, internet, mobile) ou via un débit de votre compte bancaire. La solution présnete de nombreux points forts : D'une part, la sécurité puisqu'aucune information sensible (numéro de carte) ne transite sur le réseau. D'autre part, la confidentialité, car nous exploitons des relations commerciales existantes, en particulier entre des "facturiers" (ISPs, opérateurs, banques) et des clients. Enfin, nous pourrions ajouter le respect des libertés individuelles puisque le marchand ne connaît pas les coordonnées bancaires du consommateur.

JB - Quel est votre modèle économique ?

iPIN - iPIN perçoit une commission sur chaque transaction, commission partagée avec le facturier. Cette commission débute à 15% pour les petits montants et chute rapidement pour des sommes plus importantes. Contrairement à des intermédiaires financiers classiques, il n'y a donc pas de montant forfaitaire à reverser ce qui permet à iPIN de traiter les petits paiements, de quelques centimes. Nous travaillons actuellement sur la prochaine version de iPIN, qui traitera tout montant, typiquement de 1FF à 3000 FF. Les différentes études menées aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe démontrent qu'un nombre croissant de consommateurs refusent de communiquer leur numéro de carte bancaire et les solutions basées sur la carte à Puce sont encore marginales.

JB - Justement, que pensez vous du projet CyberComm, développé en France, autour de la carte à puce.

iPIN - Nous ne pensons pas vraiment être concurrents de CyberComm, notamment en raison du coût de la certification qui les empêche d'être compétitifs pour les petits montants. De plus, nous estimons que la mise en place des lecteurs de cartes à puce prendra un certain temps avant de s'imposer parmi les consommateurs. Cela reste compliqué d'installer un tel appareil. Les consommateurs n'ont pas forcément envie d'apprendre à s'en servir. Notre objectif reste la simplicité: l'utilisation de notre solution ne nécessite aucune installation ni configuration du poste client. Nous visons la clientèle grand public qui veut pouvoir faire des achats sur internet aussi simplement qu'elle le fait actuellement dans n'importe quel magasin. C'est au produit de s'adapter, pas à l'acheteur.

JB - Qui sont vos concurrents à l'heure actuelle ?

iPIN - Nous n'avons pas identifié de concurrent direct. Néanmoins, on peut citer des entreprises comme QPass, qui développe un porte monnaie virtuel, eCharge , etc... iPIN est d'avantage qu'une solution: c'est un ensemble de services offerts aux utilisateurs, marchands, facturiers (ISPs, opérateurs, banques).

JB - La problématique des monnaies privées ou virtuelles ne vous tente pas ?

iPIN - Des concepts comme le Beenz ou digicash sont intellectuellement intéressants. Mais nous souhaitons rester proches de nos clients. Il faut des années pour imposer l'usage d'une monnaie et créer un climat de confiance auprès des consommateurs. Nous préférons donc nous appuyer sur des monnaies existantes et surtout sur une relation de confiance établie entre l'utilisateur et son facturier.

JB - Pourquoi les banques n'ont-elles pas développé leur propre outil ? Cela fait pourtant parti de leur cœur de métier...

iPIN -iPIN se positionne comme un prestataire de services auprès des banques en leur proposant de faire adhérer leurs clients (aussi bien marchands en ligne que consommateurs) à un réseau global. iPIN déploie une solution internationale de paiement, adaptée à tous montants. Nous venons d'annoncer la clôture de notre second tour de table dans lequel Wells Fargo, une banque américaine de premier plan, a pris part. Sur un plan peut-être plus stratégique, il est important de souligner que les banques sont désormais avant tout des assembleurs de solutions pour leurs clients. iPIN en fait partie et leur permet de répondre concrètement à une problématique qui se pose à leurs clients.

JB - L'opérateur SFR est très actif dans le m-commerce et permet de régler des achats directement sur sa facture et via son réseau cellulaire. Ne craignez vous pas ce type de concurrence ?

iPIN - L'expérimentation de SFR est menée sur des distributeurs automatiques de boissons. Cela signifie que le marchand devra signer avec SFR mais demain avec Itineris, Bouygues, etc... C'est une logique de réseau fermé, qui pourra difficilement monter en charge pour atteindre une masse critique. Avec iPIN, il n'y a qu'une seule opération pour accéder à un réseau mondial. Si demain un client SFR veut acheter une boisson, il pourra le faire. Mais il pourra tout aussi bien acheter un fichier MP3 depuis un site de téléchargement américain sur son téléphone WAP. C'est cela la force d'un réseau d'envergure internationale. Les opérateurs ont tout intérêt à retenir notre solution, d'autant que nous partageons les commissions: c'est la valeur ajoutée d'un réseau!

JB - L'internet est un univers qui semble imposer une culture du gratuit. Quelle est votre vision sur l'évolution du secteur et sur micropaiements ?

iPIN - Le secteur est en train de se consolider et les choses devraient évoluer. Regardons l'exemple des fournisseurs d'accès. Outre les premières années où les coûts étaient prohibitifs (100 francs de l'heure sur Compuserve), nous sommes passés à l'ère des accès gratuits avec l'explosion de la concurrence. Désormais, avec les packs téléphone + internet, on revient doucement vers des solutions payantes. Il en sera de même pour les sites de services. Le 100% gratuit fait perdre beaucoup d'argent à trop de monde. Nous arriverons sûrement à des situations mixtes, avec un contenu gratuit à faible valeur ajoutée pour attirer les internautes, et un contenu à plus forte valeur ajoutée, qui lui sera payant. La téléphonie mobile devrait d'ailleurs donner l'exemple avec le WAP qui va instituer le retour vers une information payante. On peut aussi mentionner l'achat de SMS ou des mélodies de téléphone pour quelques francs. Pour l'instant, nous travaillons avec des sociétés comme FranceMP3 ou Club Internet pour des montants intermédiaires, de 5 à 150FF , mais nous sommes très attentifs à ces évolutions liées aux micropaiements. Pour l'instant, notre priorité est de nous imposer auprès de partenaires comme les FAI ou les banques. Dans un second temps, nous nous focaliserons sur les marchands afin de les aider à mieux exploiter leur potentiel commercial.

JB - Messieurs Godard et Zayan, je vous remercie
Entretien réalisé en Mai 2000 par Jérôme BOUTEILLER
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