Philippe Darantière, spécialiste de la veille agroalimentaire

18 avril 2000 à 00h00
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Après avoir suivi des études supérieures au CollègeMilitaire de Saint-Cyr en Lettres Classiques, puis un troisièmecycle en Communication d'Entreprise, Philippe DARANTIEREdevient officier d'infanterie durant 8 ans. En 1991, ilintègre la société d

PN - Monsieur Darantière, bonjour.Vous dirigez depuis 1995 Atlantic Intelligence, sociétéd'intelligence économique spécialisée dans le domaine del'agro-alimentaire. Pouvez vous nous expliquer comment est néeAI ?

PhD - ATLANTIC INTELLIGENCE est née dela rencontre entre Philippe Legorjus, directeur de PHLConsultants, et des entrepreneurs de la région Ouest présentsdans l’agroalimentaire, qui souhaitaient développer uneactivité de veille pour ce secteur. La société intervient dans3 métiers: la formation et le conseil en management de l’informationen entreprise, la veille réalisée pour le compte de nos clientsselon une approche sectorielle: agroalimentaire,santé/bien-être du consommateur (nutraceutique,cosméceutique), environnement, etc, et l’assistanceopérationnelle aux stratégies d’intelligenceéconomique: investigation concurrentielle, renseignementdécisionnel, gestion «offensive» de l’information.Nous travaillons en France et en Europe, et l’agroalimentairereprésente 40% de notre chiffre d’affaires.
PN - Le logiciel que vous utilisez,Périclès (de la société Datops), a été entièrement adaptéau secteur de l'agro-alimentaire. Pourquoi avoir opté pour cetoutil et quel a été le rôle du programme européen FIND dansce choix ?

PhD - Nous avons pris contact avec Datops dès 1995, etnous avons immédiatement été convaincus par le projetPericles. Nous avons consacré deux années de R&D avecDatops à la mise au point de cet outil et nous sommes encoreaujourd’hui béta testeur de Pericles. Notre apport concernesurtout la méthodologie de veille sur Pericles:programmation et gestion des agents électroniques, exploitationdes cartes de connaissance et des courbes de tendance… Cesytème d’information reste sans équivalent à ce jour parla combinaison qu’il offre entre les fonctions de recherche,de traitement et de diffusion de l’information. C’estpourquoi nous avons pu structurer autour de Pericles uneprestation de veille globalepour le secteur agroalimentaire: INTELIA. Entre 1997 et 1999, nous avons participé au programmeeuropéen FIND pour compléter notre connaissance de la ressourceen information sectorielle disponible sur internet au delà desfonctions de Pericles, en particulier pour l’exploitation duweb invisible.
PN - Utilisez-vous d'autres outilslogiciels ?

PhD - Précisément, nous avons successivementdéveloppé SEMANTIA avec Arisem, à partir du logiciel DigOut4U,puis Agrofinder avec Digimind à partir de Strategic Finder.Semantia intègre une base de connaissance des termes métiers del’agroalimentaire qui permet d’exploiter les fonctionssémantiques de DigOut4U. Agrofinder comprend un plug in de plusde 100 sites d’information spécialisés pour l’agroalimentaire,et offre ainsi une large possibilité d’exploration du webinvisible en plus des performances de l’outil en tant quemoteur de recherche. Par ailleurs, nous testons les possibilitésde veille automatisée sur les listes de diffusion et les groupesde discussion par la combinaison de plusieurs logicielsnovateurs.
PN - Internet est-il la seule sourced'information que vous exploitez ?

PhD - Nous avons organisé la société pour pouvoirutiliser toutes les ressources documentaires disponibles. Un denos consultants a d’ailleurs une formation de documentalistespécialisée. Elle est en contact avec plus de 60 centresdocumentaires en France et en Europe. Un autre consultant,responsable des ressources «réseauxélectroniques» consulte couramment plus de 250 bases dedonnées. Enfin, l’originalité d’ATLANTIC INTELLIGENCEest de recouper les informations «ouvertes»obtenues par la veille avec des informations sélectivesrecueillies «sur le terrain» par une équipe deconsultants spécialisés en investigation.
PN - Au delà de l'extraction et dutraitement de l'information, utilisez vous Internet à des finsde cyberactvisme (lobbying) voire de cyberhacktivism ?

PhD - J’ai annoncé depuis 1995 l’émergence ducyberactivisme. C’était un peu provocateur, puisqu’àcette époque, on ne pouvait même pas encore se connecter àinternet partout en France. La préoccupation des entreprisesétait alors: où trouver l’information? Depuis,elle sont plutôt noyées sous les flots de l’information etse préoccupent de mieux les maîtriser. Enfin, en cette année2000, les principaux salons et conférences de la profession ontinscrit à leur programme des interventions sur la «guerrede l’information». Un ouvrage portant ce titre aété publié récemment. De très bonnes études de cas sontmises en ligne sur le site www.infoguerre.com,et je décrirai au prochain salon IDT du 23 au 25 mai desexemples de mission défensives ou offensives sur l’exploitationde l’information. Le cyberactivisme est une composantenouvelle et essentielle de la compétition économique.
PN - Alerti@ fait partie des servicesque vous proposez. De quoi s'agit-il exactement ?

PhD - Alerti@ estun service de veille qui s’adresse aux PME-PMI du secteuragroalimentaire. Elles sont pour la plupart conscientes duformidable potentiel d’internet et du E business, mais n’ontni les compétences internes en veille, ni le temps nécessairepour la pratiquer. Nous leur proposons de prendre en compte leurproblématique de surveillance, de sélectionner pour elles uneliste des meilleurs sites d’information sur le sujet, dedresser un «état de la question» sous un mois etde leur adresser les mois suivants les informations nouvellespubliées sur ces sites. Elles ont donc le double avantage d’uneinvestigation électronique personnalisée et d’une alertepermanente directement poussée vers leur boîte email.
PN - Vous comptez parmi vosréférences le Groupe Danone. Pourquoi une telle société, quipossède certainement suffisamment de ressources pour mettre enplace son propre dispositif d'IE, a t-elle recours à vosservices ?

PhD - Le partenariat d’ATLANTIC INTELLIGENCE avecDanone est exemplaire de ce qu’un groupe multinational peuttirer d’une veille externe mutualisée. Notre donneur d’ordreest une direction chargée de fonctions transversales en matièrescientifique et de consommation. Elle nous confie différentsthèmes de veille que nous conduisons entre autre sur Pericles.Les informations collectées sont triées et hiérarchisées parune ingénieur agroalimentaire d’Atlantic intelligence avantd’être diffusées auprès des experts du groupe Danonechargés de les interprêter. Cette répartition des tâchesconstitue un modèle de gestion des connaissances intégrant uneressource externe mutualisée et des compétences internestravaillant en réseau. Une expérience qui va avoir 3 ans.
PN - De manière générale, que pensezvous de l'externalisation de la fonction d'IE pour lesentreprises ?

PhD - J’observe que la fonction d’IE chercheencore sa place dans les entreprises françaises. Aprèsplusieurs années d’un discours qui voulait placer l’intelligenceéconomique au plus près des directions générales, je neconnais pas beaucoup de grands groupes qui aient intégré un«intelligence manager» dans leur comité exécutif.On assiste plutôt à la création de cellules dédiées auprèsdes directions fonctionnelles ou opérationnelles, voire desunités de production qui souhaitent mieux maîtriser leurenvironnement: observatoire de la concurrence, cellule deveille technologique, etc. L’offre de service en IE va doncévoluer vers plus de professionnalisme, suivant sans doute lavoie d’une segmentation par spécialité. Le marché duconseil va être tiré par le développement du KM, avec sesnombreuses innovations technologiques et les besoins croissantsen consulting des DRH. Le marché de la veille va lui aussi êtrebouleversé par le développement de la technologie, mais,celle-ci allant vers plus de performance et plus de simplicitépour l’utilisateur, il pourrait bien suivre l’évolutionqu’ont connu les éditeurs de bases de données financièressur minitel il y a 15 ans, obligés de se concentrer entre lesmains des plus gros. Enfin, le concept de guerre de l’informationva déboucher sur une offre de services à forte valeur ajoutéede la part d’un petit nombre d’acteurs hautementspécialisés.
PN - Depuis quelques temps,l'actualité sur la sécurité alimentaire et la santé est deplus en plus dense : ESB, poulet à la dioxine, listéria, OGM,etc. Quel est l'impact de ce phénomène sur votre activité ?

PhD - Nous conduisons depuis plusieurs années unesurveillance des signaux faibles annonciateurs des crisesmédiatiques liées à la sécurité alimentaire. Notre rôle n’estpas tant de détecter les risques scientifiques, largementencadrés par les procédures qualité des entreprises, que deles alerter sur la possible exploitation de ces risques par desgroupes de pression. Nous vivons une époque paradoxale, où lemythe du progrès scientifique comme gage du bonheur futur de l’humanitécède le pas au mythe de l’âge d’or du passé, où l’hommene constituait pas un danger pour la nature mais vivait enharmonie avec elle. Des tendances comme l’alimentation bio,l’écologie politique ou le principe de précaution sontrévélatrices de cet état d’esprit. De plus en plus noussommes consultés pour surveiller des sites activistes, mesurer l’imaged’une entreprise sur le net ou détecter les cyber campagnesde boycott.
PN - Vous anoncez le lancement d'un"site carrefour de l'agroalimentaire". Avez-vousl'ambition de créer le portail sectoriel de l'agro-alimentaire ?

PhD - En effet, Agro-Intelligence sera l’un despremiers carrefours francophones dédié à l’agroalimentaire.Nos partenaires du programme FIND: Atlanpole, la technopolede Nantes, et la CCI de Nantes-St Nazaire, nous ont encouragé àvaloriser le travail d’identification de la ressourceinternet pour l’agroalimentaire effectué dans le cadre dece programme. Agro-Intelligence va donc se substituer au«catalogue Find» à accès restreint pour offrirgratuitement une sélection de services en ligne et l’accèsà plus de 800 sites d’information sectoriellespécialisée. L’ouverture du site est prévue en mai.
PN - MonsieurDarantière, je vous remercie !
Entretienréalisé par Patrice Nordey en Avril 2000
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