Caroline WIEGANDT est Responsable de l'offre Knowledge Management du cabinet de conseil en management Altis.
JC - Madame Wiegandt bonjour. Pourriez-vous nous donner le point de vue dun cabinet de conseil en management sur létat actuel dumarché du KM français, notamment sur les acteurs et lesforces en présence ?
CW - Trois types dacteursinterviennent sur ce marché encore très balbutiant en Europe duSud (hors Scandinavie, GB et Pays-Bas) :
-les SSII qui en faitvendent de linstallation de progiciel documentaire ou dIntranet
-les cabinets de conseil endocumentation qui changent le « packaging » de leursprestations en lintitulant KM et
-les cabinets de conseil enmanagement qui interviennent plusnsur les aspectsorganisationnels et conduite du changement. Cest lepositionnement dALTIS-Ernst&Young
Le marché estbalbutiant pour des raisons culturelles (individualisme,organisation verticale
) et de non maturité sur lemanagement de linformation et la maîtrise insuffisante destechnologies de lInformation et de la Communication.
JC - Quels sontles types d'entreprises qui sollicitent vos services en matièrede knowledge management. Ne croyez-vous pas que loffre KMfrançaise sadresse encore exclusivement à des entreprisesde taille importante ?
CW - Les grandesentreprises sont celles qui en parlent le plus mais celles quisemblent les plus prêtes à mettre de largent sont plutôtde taille moyenne, très conscientes de la part de leur capitalsous forme intellectuelle reposant sur quelques personnes clés.Les entreprises avec lesquelles nous travaillons ou sommes encontact sont pour beaucoup dans des positions de médiateursentre la recherche et lindustrie par exemple.
JC - Acontrario, pensez-vous que les entreprises françaises envisagentla " problématique KM " à sa juste valeur ? Necroyez-vous pas au contraire quelles tendent encore àsous-estimer leur capital immatériel du fait dunetradition francophone souvent hostile au partage desconnaissances ?
CW - Clairementles Français sont très en retard mais ce retard existe déjàdans le management de linformation.
JC - Parallèlement,ne craignez-vous pas que le Knowledge Management devienne un" concept banalisé " permettant à certains de nevaloriser que les outils logiciels, au détriment dunevéritable stratégie manageriale ?
CW - Le KM est ledernier concept à la mode sous lequel on met tout et le reste ;très souvent, il sagit dun simple coup de jeune surloffre commerciale.
JC - LoffreKM dAltis repose sur la méthode REX. Cependant, il sembleque vous nenvisagiez cette dernière que comme laboutissementdun processus plus général de capitalisation desconnaissances. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi ?
CW - Nousproposons le REX en tant que Retour dEXpériences mais pasla méthodologie au sens CEA du terme. La notion de rex pour nousimplique la prévision dans les plannings de temps pourréfléchir sur les acquis dune action en ayant présent àlesprit la possibilité de réutilisation .
JC - D'un pointde vue méthodologique , un " practitien KM "doit-il, ou peut-il, prendre en considération des élémentsthéoriques parfois peu opérationnels ? Par exemple na-t-ilpas intérêt, à linstar de M. Grundstein, de considéreret capitaliser uniquement les connaissances utiles à larésolution de problèmes, notamment celles qui apparaissent danslinteraction entre individus ?
CW - Je connaismal les idées de M. Grundstein mais la notion dutilitéest très subjective et je préfère la notion de plan demanagement des connaissances établi en liaison avec les enjeuxde lentreprise. En dautres termes, il me semble trèsimportant de ne pas capitaliser sans avoir clairement à lespritdes objectifs clairement identifiés.
JC - Enfin, nouspouvons dire que l'information et la connaissances sont desconcepts "fuyant" qui se prêtent difficilementà la mesure. Etes-vous capables d'évaluer pour une entreprisel'impact quantitatif, ou autrement dit le retour surinvestissement, de la mise en place d'une démarche de knowledgemanagement ?
CW - Limpact est plus souvent mesurable par la négative cest-à-direpar le coût induit par un non management des connaissances qui nontpas permis les bonnes prises de décision à un instantdonné.
Entretien réalisé en Juillet 1999 parJérôme Chaudeurge
Caroline WIEGANDT : Altis, Cabinet de Conseil
Publié le 24 mars 2000 à 00h00
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Dernières actualités