L'Italie condamne Google à une amende de 102 millions d'euros pour abus de position dominante

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
17 mai 2021 à 07h41
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© Tumisu / Pixabay
© Tumisu / Pixabay

L'autorité italienne de la concurrence a sanctionné Google avec une forte amende pour avoir refusé de rendre interopérable l'outil JuicePass avec la boutique d'applications du géant américain.

Google a été rattrapé par la patrouille pour un nouvel abus de position dominante. La firme de Mountain View a été condamnée par l'Autorité de la concurrence italienne (Autorita' Garante della Concorrenza e del Mercato) à une amende de 102 millions d'euros pour avoir violé l'article 102 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) sur les pratiques abusives.

Google a volontairement privilégié ses applications

Dans sa décision, le gendarme italien de la concurrence a d'abord pointé du doigt la position de Google sur le marché. L'autorité affirme que grâce à son système d'exploitation mobile Android et à la boutique Google Play, l'entreprise occupe une position dominante « qui lui permet de contrôler l'accès des développeurs d'applications aux utilisateurs finals. » Ce qui, aux yeux de l'autorité, fait tache dans un pays où 75 % des utilisateurs utilisent un mobile Android.

Dans le détail, l'autorité italienne reproche à Google d'avoir empêché l'application JuicePass d'accéder à AndroidAuto, le célèbre compagnon de route intelligent. Cette application, qui permet notamment de localiser des bornes de recharge pour les véhicules électriques, a tout simplement été retoquée par Google. L'outil JuicePass est développé par l'entreprise Enel X Italia, filiale du géant local de l'électricité, Enel.

Il se trouve que Google a bloqué l'accès à AndroidAuto pour JuicePass depuis deux ans, ce qui a « injustement limité les possibilités pour les utilisateurs d'utiliser l'application d'Enel X Italia au volant d'un véhicule électrique ou pour la recharge de ce dernier. » Par effet de ricoché, Google a privilégié sa propre application Google Maps qui, elle, est bien utilisable sur AndroidAuto, au contraire de JuicePass, donc.

Un abus de position dominante caractérisé

Outre la caractérisation du comportement antitrust, l'autorité italienne de la concurrence insiste sur la gravité à long terme des faits. Selon elle, Google pourrait de façon définitive compromettre les chances d'Enel X Italia de se constituer une base solide d'utilisateurs, alors même que le marché du véhicule électrique est dans une phase de croissance.

Le gendarme relève aussi le déclassement d'un outil concurrent à ceux de la galaxie de Google et des barrières à l'entrée pour l'application JuicePass. En plus de l'amende de 102 millions d'euros, l'autorité a mis en demeure Google de mettre fin à l'abus et de limiter les effets néfastes contre l'application d'Enel X sur AndroidAuto. Elle a ainsi demandé à la firme de Mountain View de mettre à la disposition d'Enel X Italia (et d'autres développeurs) son interopérabilité avec AndroidAuto. C'est l'autorité qui veillera directement à la bonne application des termes de la mise en demeure.

Ce n'est en tout cas pas la première fois que Google se fait épingler du côté de la Botte. En mai 2017, le fisc italien avait demandé à la société américaine de lui régler 306 millions d'euros pour fraudes. Dans le même temps, l'entreprise reste soumise à une enquête sur la publication d'affichage en ligne, toujours en Italie. Une autre affaire qui pourrait de nouveau solliciter son portefeuille.

Source : AGCM

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM), pour écrire, interroger, filmer, monter et produire au quotidien. Des atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la prod' vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et Koh-Lanta :)

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Commentaires (4)

linkin440
Faudrait bannir les GAFAS de notre vie en général. Les alternatives existent mais je pense que c’est utopique de croire que toutes les personnes que je connaisse ne l’utiliseront plus.<br /> Du coup je suis «&nbsp;obligé&nbsp;» de rester connecté avec un peu d’insta de fessedebouc et de what ? Euh… Zap !<br /> J’ai installé Olvid, bientôt Signal… Mais si mes contacts ne s’y mettent pas, malheureusement j’ai l’impression que les GAFAS nous pourrirons la vie ad vitam eternam.
solid.snack
Une «&nbsp;forte amende&nbsp;» ? 102 millions ? En 2016 ils ont fait 60 millions US chaque jour pendant toute l’année. Il va falloir arrêter de considérer les GAFAM (et les empire multinationaux tentaculaires d’une manière générale) comme des acteurs économiques normaux, hein. 100 millions pour google c’est probablement moins qu’une amende pour un ticket de métro impayé si t’es smicard.
mcbenny
On ne sait pas pourquoi l’application a été refusée, dommage.<br /> Et on ne dit pas non plus que ce gentil développeur n’est rien d’autre que l’opérateur d’électricité historique en Italie, donc un petit bonhomme innocent que la justice défend du grand méchant américain.
orionb1
sauf que c’est 100 millions pour l’Italie et que ça doit rester proche du bénéfice obtenu par l’abus<br /> donc, là, c’est peut-être trop peu, peut-être pas, mais ce ne sont pas les chiffres mondiaux de Google qui permettent de le dire
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