Sanction de la CNIL contre Google : le Conseil d'État valide l'amende de l'autorité

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
22 juin 2020 à 08h26
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© Bubble_Tea Stock / Shutterstock.com
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Google souhaitait faire annuler la délibération ayant engendré une amende de 50 millions de dollars en France. La plus haute juridiction administrative du pays a rejeté le recours du géant américain, qui devra donc bien passer à la caisse.

Le 21 janvier 2019, la CNIL avait infligé une amende de 50 millions d'euros à l'encontre de Google (un montant record pour la Commission nationale de l'informatique et des libertés) pour avoir manqué à plusieurs articles du Règlement général sur la protection des données (RGPD). La firme de Mountain View, qui avait fait appel de cette sanction, a vu son recours être rejeté par la section du contentieux du Conseil d'État, ce vendredi 19 juin.

Google n'offre pas une information suffisamment claire et transparente aux utilisateurs d'Android

Dans sa décision tant attendue, le Conseil d'État indique que Google n'a finalement pas délivré une information « suffisamment claire et transparente » aux utilisateurs du système d'exploitation mobile Android, qui n'ont jamais pu livrer leur consentement libre et éclairé au traitement de leurs données personnelles nécessaires à la personnalisation des annonces publicitaires, comme le prévoit expressément le RGPD.

Dans le détail, le Conseil d'État estime que les traitements des données personnelles sont intrusifs par leur nombre et la nature des données collectées, et que l'information disponible sur Android sur la collecte et le traitement des données est « lacunaire », notamment en ce qui concerne la durée de conservation de celles-ci par Google.

On rappelle que le RGPD impose que l'utilisateur bénéficie d'un consentement libre, spécifique et éclairé concernant ses données personnelles. Le Conseil d'État nous fait comprendre que le consentement requis lors de la création d'un compte Google pour l'utilisation du système Android est biaisé. Car le processus invite d'abord l'utilisateur « à accepter que ses informations soient traitées conformément à un paramétrage par défaut, incluant des fonctions de personnalisation de la publicité ». Google noie ainsi le destinataire des services dans de multiples informations, et l'information complémentaire sur le ciblage publicitaire n'arrive qu'en cliquant sur un lien, « Plus d'options », sans oublier le consentement recueilli à l'aide d'une case pré-cochée, « ce qui ne répond pas aux exigences du RGPD », confirme encore la juridiction administrative.

Le Conseil d'État confirme le montant de la sanction et la compétence de la CNIL

Concernant le montant de l'amende infligée, soit 50 millions d'euros, Google a évoqué dans son argumentaire « une sanction pécuniaire disproportionnée », dénonçant « une erreur de droit » et l'insuffisance de motivation de la décision de la CNIL. Le Conseil a jugé que la sanction prononcée par le gendarme des données « n'est pas disproportionnée ».

Le siège européen de Google étant en Irlande, le géant américain demandait à ce que la CNIL soit déclarée incompétente, au contraire de l'autorité de protection des données irlandaise, « seule compétente pour contrôler ses activités dans l'Union européenne », indiquait la plainte. Cette demande a aussi été rejetée par le Conseil d'État, qui relève « qu'à la date de la sanction, la filiale irlandaise de Google ne disposait d'aucun pouvoir de contrôle sur les autres filiales européennes ni d'aucun pouvoir décisionnel sur les traitements de données », seule la maison-mère de Google, basée aux États-Unis, détenant ce pouvoir.

La CNIL était ainsi bien compétente pour juger et sanctionner les manquements de Google relatifs au traitement des données personnelles des utilisateurs d'Android issus du marché français.

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM), pour écrire, interroger, filmer, monter et produire au quotidien. Des atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la prod' vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et Koh-Lanta :)

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Commentaires (4)

bmustang
la cnil met toute son énergie la ou il y a du fric à prendre, mais laisse faire en France les grands groupes, communes et administrations à violer nos droits et libertés. Scandaleux cette cnil
Gus_71
«&nbsp;La plus haute juridiction administrative du pays a rejeté le recours du géant américain, qui devra donc bien passer à la caisse.&nbsp;» :<br /> A moins que le bataillon d’avocats de Google fasse remonter la décision aux institutions européennes, non ?
Proutie66
Tu vas souvent sur le site de Bezons dans le Val d’oise ? Moi non plus.
Blues_Blanche
C’est clair que tout est fait pour que l’information soit compliqué et peu accessible. L’attitude de Google face à nos institutions et le respect des consommateurs face à sa stratégie de noyage d’information en dit long. Cette entreprise nous méprise.
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