La NASA enquête avec SpaceX suite à deux nouveaux incidents

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
03 avril 2020 à 14h27
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SpaceX - Crew Dragon
La capsule Crew Dragon avant son test en mars 2019 © SpaceX

Le premier vol habité de la capsule Crew Dragon pourrait être retardé : deux incidents indépendants ont en effet concerné le lanceur Falcon 9 et le véhicule habité ces derniers jours.

L'entreprise devrait toutefois être blanchie rapidement.

Un moteur s'éteint

Bien sûr, c'est une question de circonstances : le premier étage du lanceur Falcon 9 réalisait son cinquième vol le 18 mars dernier, lorsqu'un de ses moteurs s'est arrêté plusieurs secondes trop tôt. Or pour le décollage des futures capsules Crew Dragon, la NASA a demandé (au moins dans un premier temps) des étages de fusée neufs. En l'occurrence, grâce à l'action des huit moteurs voisins et du second étage, la trajectoire finale des 60 satellites Starlink fut celle qui était prévue...

Il n'empêche que ce type d'incident, extrêmement rare, doit être élucidé pour vérifier qu'il ne générera pas de risque supplémentaire pour les occupants de la capsule Crew Dragon à l'avenir. SpaceX, qui n'avait rencontré qu'une seule panne du genre en 2012 (sur plus de 500 moteurs Merlin qui ont réussi leur mission), a demandé l'assistance de la NASA et de ses experts pour l'enquête.


Encore les parachutes !

Malheureusement pour SpaceX, une seconde anomalie est venue troubler le calme du programme Crew Dragon cette semaine. Pour qualifier les parachutes de la capsule Crew Dragon, cette dernière est emmenée sous élingue par un hélicoptère jusqu'à une altitude donnée, puis larguée. Ces tests ont déjà eu lieu à plus d'une dizaine de reprises.

Mais lors d'un des trois derniers essais, l'hélicoptère a visiblement rencontré des conditions particulières. L'article de test simulant la capsule Crew Dragon est devenu instable, et le pilote de l'hélicoptère n'a eu d'autre choix que de larguer son chargement pour protéger sa machine et son équipage en évitant un drame. Or le système de parachute n'était pas en position « armé » et n'a pu être activé à trop basse altitude, l'article de test s'est donc crashé dans le désert.

Là encore, une enquête a été ouverte, et si le système de parachute (lourdement mis en cause l'année dernière dans une version précédente) n'est pas visé, SpaceX et les inspecteurs du programme Commercial Crew tenteront de comprendre pourquoi l'hélicoptère s'est retrouvé dans une situation si délicate. Les procédures de test, par exemple, pourraient tout à fait remettre en question le rôle de l'industriel.


Prudence, et prudence encore

S'il est probable que SpaceX ne soit pas mise en cause dans ces deux investigations à cause des conditions particulières de ces échecs (l'usure de l'étage réutilisé dans le premier cas, des conditions de vol imprévisibles dans le second). La firme de Hawthorne et la NASA seront prudents et attentifs aux moindres détails. L'agence en particulier, est déjà sous le feu des projecteurs pour avoir été trop laxiste avec le concurrent Boeing et le test de la capsule Starliner en décembre dernier. Au moment où il est question de la sécurité des astronautes, pas question de compromis.

Source : Space Flight Now, Space News

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (4)

Fulmlmetal
Peut on vraiment affirmer que la panne du moteur de la F9 est liée à l’usure de l’étage réutilisé ? sachant que cet étage n’avait fait que 5 vols et que SpaceX garanti le block 5 pour 10 vols sans révision, une centaine en cas de révision.<br /> Perso je le vois plus comme un simple panne, ça peut arriver, sur 500 moteurs qui ont été utilisé ça reste statistiquement correcte. Par contre si c’est bien une usure après seulement 5 vols alors cela va remettre sérieusement en cause la fiabilité et la stratégie de réutilisation des F9.<br /> Pour l’incident sur la capsule, je ne pense pas qu’on puisse l’imputer à la capsule, j’y vois plus un problème de l’hélicoptère et de la procédure. Il faut savoir que sous un hélico l’air est tourbillonnant à cause des pales du rotor, c’est donc une situation complexe et instable difficile à gérer. Il va de soit qu’en retour de mission la capsule ne se retrouve pas dans une telle situation. J’y vois donc un problème dans le protocole du test.
ebottlaender
On n’affirme rien, on attendra les résultats des deux enquêtes. Comme précisé dans l’article il est probable que SpaceX n’en subisse pas de conséquences majeures.<br /> Pour ce qui est du moteur, il faut tout de même enquêter sérieusement. Si c’est un défaut d’usure, alors effectivement il faudra que SpaceX ajuste la production (bien que les « garanties à 10 vols » ne soient pour le moment que des effets d’annonce) et/ou ses procédures. Par contre cela peut aussi venir d’un défaut de contrôle qualité ou de matériau, et ça c’est important pour la NASA.
Fulmlmetal
Je suis d’accord avec ce que tu dis. Il faut analyser le problème du moteur pour savoir si c’est un problème de conception ou de qualité, et si cela nécessite une modification ou une remplacement plus fréquent.<br /> Bon, cela dit, un moteur qui tombe en panne c’est moins grave sur un lanceur avec 9 moteurs que sur un lanceur comme Ariane 5 qui n’en a qu’un seul, s’était même arrivé sur la Saturn V d’Apollo 13. Tant que ce moteur n’explose pas (et les sécurités ont visiblement joué leur role en coupant le moteur) la suite du vol reste tout à fait gérable en compensant simplement avec les autres moteurs (soit en les poussant plus forts, soit en les utilisant un peu plus longtemps, ce dernier étant généralement l’option choisie)
Niverolle
En matière de maintenance, le plus embêtant n’est pas l’usure, mais la fatigue qui est beaucoup plus délicate à évaluer si le matériau ne se « plaint » pas avant de céder. Le contrôle doit alors se faire par ressuage, radiologie, etc. Dans le cas du moteur SSME de la navette c’était tout un cirque: tout démonter (soigneusement), tout contrôler (soigneusement), tout remonter (soigneusement)…<br /> Mais bon, ça peut être n’importe quoi d’autre, comme un défaut, une scorie, etc.
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