Blue Origin s’allie avec des géants du spatial américain pour proposer un véhicule lunaire

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
23 octobre 2019 à 16h55
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Blue Origin alliance lunaire
Jeff Bezos présente son alliance pour le projet Artemis

Quelques jours après l'appel de la NASA au secteur privé, Blue Origin dévoile une « alliance nationale » avec Lockheed Martin, Northrop Grumman et Draper. Objectif : proposer un atterrisseur lunaire habité pour les missions Artemis.

Jusqu'ici, ils étaient plutôt concurrents. Depuis le début de l'année et l'engagement de la NASA (sur demande de la Maison Blanche) pour une mission lunaire habitée dès 2024, Blue Origin et Lockheed Martin avaient présenté leur solution chacun de leur côté. Pour l'industriel traditionnel, cette solution est basée sur les travaux de la capsule Orion, là où, pour l'entreprise du NewSpace de Jeff Bezos, elle repose sur un nouveau concept, « Blue Moon », présenté en mai .

Les bouchées doubles

Reste que pour Artemis, la NASA ne cesse de marteler qu'il faut aller vite : son appel aux industriels pour une solution clé en main se termine le 1er novembre. Les candidats doivent fournir une solution pour s'amarrer à la petite station Gateway en orbite lunaire, descendre se poser à la surface de la Lune avec des astronautes, puis remonter après quelques explorations à la surface. Un profil complet, pour lequel ces géants ou étoiles montantes du spatial ont finalement préféré mettre leurs compétences en commun. « C'est un projet national, alors nous proposons une alliance nationale », a affirmé Jeff Bezos sur la scène du 70e Congrès Astronautique International (IAC), qui se tient cette semaine à Washington.

L'idée pour les industriels est de profiter des forces de chacun pour avancer rapidement et efficacement, si la NASA leur donne le feu vert. Ainsi, Blue Origin s'occuperait de l'atterrisseur avec son projet Blue Moon équipé d'un petit moteur innovant BE-7, Lockheed Martin gérerait la partie habitée du véhicule et le module de remontée vers l'orbite, Northrop Grumman serait pour sa part en charge d'un module économisant du carburant en faisant le remorqueur jusqu'au-dessus du site d'atterrissage, tandis que Draper travaillerait sur les logiciels de bord des différentes parties de la mission.

Un consortium solide, dont on ne connait pas les tarifs, mais qui s'aligne sur les ambitions de calendrier de l'agence américaine. Difficile de savoir quelle entreprise ou alliance pourra concurrencer ce genre de proposition, bien que Boeing montre à l'IAC plusieurs indices laissant supposer une candidature. Les vainqueurs de l'appel d'offre devraient être annoncés dès cet hiver.


2024, si proche et pourtant si loin

L'objectif d'emmener deux astronautes sur la surface lunaire en 2024, mission étendard du projet Artemis, est régulièrement mis en cause, la NASA s'appuyant sur des programmes qui cumulent plusieurs années de retard. Il y a quelques jours, c'est la commission sénatoriale américaine en charge du budget qui a provoqué une douche froide. Le responsable a en effet refusé de soutenir un budget supplémentaire de 1,6 milliards de dollars pour Artemis tant que l'ensemble des coûts du projet et leur progression dans les années à venir ne seraient pas précisément estimés. La NASA risque donc de se retrouver dans une situation paradoxale, obligée de viser la Lune sans moyens spécifiques pour y parvenir... Et pourrait se retrouver avec des arbitrages douloureux.

Source : The Verge

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (2)

toug19
Je sais pas, il me semble qu’il y aurait plus urgent… Ah mince, ça ne peut pas se vendre de sauver la planète.
ebottlaender
Pourquoi ne pourrait-on pas faire les deux ? Les budgets alloués aux projets spatiaux ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan de milliards non consacrés à sauver la planète. Et le secteur n’oublie pas de faire sa part du travail avec les satellites qui observent les océans, les glaces, les catastrophes naturelles, etc.
Elrix
C’est ballot parce que sans lanceur, cela ne va pas servir grand chose.<br /> Ah si, on me dit dans l’oreillette que le SLS va finir par décoller un jour
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