Nouveau revers pour la tant attendue mission ExoMars de l'Agence spatiale européenne (ESA). Les coupes budgétaires de la NASA risquent de sérieusement retarder le programme, qui a déjà subi des reports à maintes reprises.

- La mission ExoMars de l'ESA, déjà retardée, fait face à de nouveaux obstacles avec les coupes budgétaires de la NASA.
- Le rover Rosalind Franklin, crucial pour ExoMars, pourrait manquer la fenêtre de lancement de 2028.
- Les partenariats rompus avec la NASA et la Russie ont déjà causé plusieurs reports depuis le début du projet.
L'administration Trump exige la réduction de 25 % du budget alloué à la NASA. Par ricochet, cette décision mettrait sérieusement en danger le projet de lancer le rover Rosalind Franklin, pierre angulaire du programme ExoMars, lors de la fenêtre de lancement de 2028.
Cet énième retard pourrait s'avérer fatal pour l'ESA. En préparation depuis 2003, la mission visait initialement un départ en 2011. Mais le retrait de la NASA en 2012, puis la rupture de son partenariat avec la Russie en 2022, après l’invasion de l’Ukraine, ont mis à mal son évolution. Résultat, plus de trois fenêtres de lancement ont été manquées. Et il est maintenant possible qu'une quatrième passe aussi à la trappe.
La NASA doit fournir trois technologies clés
La NASA a réaffirmé son intention de collaborer avec l'ESA l'année dernière. L'agence américaine doit ainsi lui fournir trois éléments clés : un lanceur, un système de propulsion pour l’atterrissage, et des chauffages radioisotopiques indispensables pour protéger le rover du froid extrême sur Mars. Toutefois, les coupes budgétaires, qui doivent encore être validées par le Congrès, priveraient les européens de ces technologies.
En plus de devoir envisager des solutions souveraines qui impliqueraient de nouveaux investissements colossaux, une autre fenêtre de tir entraînerait de profonds changements techniques. Car les fenêtres de lancement vers Mars, basées sur l’alignement entre la planète rouge et la Terre, ne se présentent que tous les 26 mois, et chaque configuration orbitale diffère : distance, trajectoire, vitesse d’approche, etc.
En cas de départ en 2030 ou 2031, il faudrait adapter le système d’atterrissage, potentiellement changer de site d’arrivée, et revoir certains paramètres de la mission. Des ajustements complexes qui nécessiteraient du temps et des ressources supplémentaires.

Une réunion cruciale à l'automne
La mission ExoMars vise à rechercher des traces de vie passée sur Mars. Son rover est ainsi doté d’une foreuse de deux mètres, capable d’atteindre des couches souterraines mieux protégées des radiations solaires que la surface martienne. De quoi augmenter les chances de trouver des biomarqueurs préservés, estiment les scientifiques. Surtout, elle constitue la première tentative de l'Union européenne (UE) de poser un rover sur Mars.
En cas de retrait de la NASA, ce qui paraît quasiment certain, l'ESA devra convaincre ses États membres, en octobre prochain, de lui allouer davantage de ressources pour mener la mission à bien. La réunion, qui aura lieu à Brême, sera déterminante pour l'avenir de l'exploration martienne made in Europe.
Source : Space.com