C'est un petit séisme dans le monde de l'astronomie. Les scientifiques ont confirmé l'observation d'un troisième objet interstellaire dans notre Système solaire, et il ne va pas passer très loin de notre Terre (à l'échelle de l'espace, bien entendu).

- Les astronomes ont découvert 3I/ATLAS, un objet interstellaire, grâce au réseau de télescopes ATLAS à Hawaï.
- 3I/ATLAS, une comète, se déplace à 240 000 km/h, confirmant son origine extérieure au Système solaire.
- Il pourrait provenir du disque épais de la Voie lactée, offrant des indices sur la formation planétaire.
Il y a eu l'étrange 'Oumuamua en 2017, puis la comète Borisov deux ans plus tard. Chacun venait de l'extérieur du Système solaire, marquant une première significative pour les astronomes. Et nous avons maintenant 3I/ATLAS. Avec une taille estimée entre 10 et 20 kilomètres de diamètre, il est bien plus imposant que ses prédécesseurs.
Une comète provenant des confins de la Voie Lactée
C’est grâce au réseau de télescopes ATLAS (Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System), basé à Hawaï, que l’objet a été repéré pour la première fois. Au départ, rien d’étrange ne sautait aux yeux, les spécialistes le confondant avec un astéroïde banal. Mais en analysant précisément sa trajectoire et surtout sa vitesse, c'est-à-dire plus de 240 000 km/h, ils ont vite compris qu’il ne pouvait tout bonnement pas provenir du Système solaire.
« L’attraction gravitationnelle normale du Soleil ne peut pas produire une telle vitesse », souligne Denneau, astronome et co-responsable d’ATLAS. En retraçant son parcours à rebours, aucune interaction avec une planète n'a permis d’expliquer une telle accélération. Cela a exclu l’effet de fronde gravitationnelle, qui aurait pu être à l’origine de sa trajectoire. Une seule explication plausible, donc : 3I/ATLAS est un objet interstellaire, et plus particulièrement, une comète.
Actuellement, il se trouve à l’intérieur de l’orbite de Jupiter, à environ 520 millions de kilomètres de la Terre. Il file vers le cœur du Système solaire, suivant une trajectoire hyperbolique qui le mènera au plus près de notre étoile le 29 octobre 2025. Avant cela, il passera à proximité de Mars le 2 octobre, à quelque 30 millions de kilomètres de celle-ci. Il se rapprochera au maximum de notre planète le 19 décembre 2025, à environ 270 millions de kilomètres.

Une opportunité exceptionnelle pour les scientifiques
Les premières analyses suggèrent que 3I/ATLAS pourrait provenir du disque épais de la Voie lactée, une région plus ancienne et plus riche en glaces et matériaux primordiaux que le disque mince où se situe notre Soleil. Une opportunité exceptionnelle pour les scientifiques : ce corps glacé présente déjà des signes d’activité cométaire, permettant d’étudier ses gaz et sa composition en détail.
« Ces visiteurs transportent sans doute des signatures chimiques issues d’en dehors du Système solaire », s'enthousiasme Martin Barstow, professeur à l’Université de Leicester. Étudier ces matériaux, formés autour d’autres étoiles il y a des milliards d’années, pourrait offrir des indices précieux sur la formation d’autres systèmes planétaires, voire sur la dispersion des éléments nécessaires à la vie dans la galaxie.
Et si la découverte de tels astres est très rare, elle devrait devenir de plus en plus fréquente avec l’entrée en service du Vera C. Rubin Observatory et son Large Synoptic Survey Telescope (LSST), capable de scanner l’ensemble du ciel austral. En effet, une étude de 2020 estime qu’environ sept objets interstellaires passent chaque année à une distance équivalente à celle entre la Terre et le Soleil. Jusqu’à récemment, ils nous échappaient. Demain, ils pourraient devenir des cibles privilégiées pour la recherche, et pourquoi pas, un jour, pour une mission spatiale.