La Chine va retirer les PC et logiciels étrangers de son administration d'ici trois ans

Benoît Théry
Publié le 09 décembre 2019 à 14h40
Chine surveillance Internet.jpg

Nouvel épisode dans la série des tensions entre les Etats-Unis et la Chine. Pékin a en effet annoncé vouloir retirer tous les logiciels et ordinateurs étrangers de son administration. La décision doit être appliquée sur trois ans, par étapes, et remplacer progressivement les appareils et logiciels ciblés par des équivalents chinois.

Cela pourrait avoir un impact conséquent sur les grands concepteurs internationaux en général, et américains en particulier, bien que les grands noms de l'informatique aient déjà commencé à délocaliser leurs productions et services hors de Chine.

Directive « 3-5-2 »

Selon les Echos, une directive a été émise par la Chine au printemps dernier, mais son existence n'a été révélée que récemment. Celle-ci vise à supprimer l'ensemble du matériel étranger utilisé par l'administration du pays d'ici 2022. Elle aurait d'ailleurs été nommée « directive 3-5-2 » en référence à ses trois étapes : 30 % du parc informatique doit être remplacé par des ordinateurs et logiciels chinois en 2020, puis 50 % en 2021. Les 20 % restants devront être remplacés en 2022.

Si la Chine avait déjà banni le système d'exploitation Windows 8 en mai 2014, cette extension là est davantage le résultat de tensions économiques plus récentes. La mise sur liste noire de l'entreprise chinoise Huawei en reste l'exemple le plus marquant cette année. D'autant plus que les Etats-Unis ont étendu cette liste noire à huit autres sociétés en octobre.

Une protection face aux tensions

La question se pose : quels seront les remplaçants, qui doivent impérativement être d'origine chinoise ? Le pays pourrait d'abord compter sur Lenovo, qui fournit déjà une grande partie du matériel utilisé par l'administration chinoise, aux côtés de Dell et d'HP. Ces ordinateurs sont cependant équipés de logiciels Windows ou Linux.

La Chine devra donc trouver des alternatives, et notamment développer son propre système d'exploitation. Huawei, qui a dévoilé plus tôt cette année son OS Harmony pourrait avoir un rôle à jouer dans cette entreprise. Le constructeur pourrait alors adapter son système d'exploitation aux usages de l'administration.

Pour Neil Campling, responsable de recherche au sein de la société Mirabaud Securities, ce mouvement amorcé par la Chine vise à s'assurer que les actions de son gouvernement « seront protégées de l'escalade des tensions avec les Etats-Unis ». D'après les Echos, la Chine aurait déjà étudié, au moment de l'élaboration de la directive « 3-5-2 », la possibilité de remplacer Windows sur l'ensemble des ordinateurs utilisés pour sa défense.

Il pourrait également s'agir pour la Chine de gagner en indépendance technologique vis-à-vis des Etats-Unis : la plupart des ordinateurs Lenovo sont en effet équipés de processeurs Intel.

Source : Les Echos
Benoît Théry
Par Benoît Théry

Je veux tout savoir, et même le reste. Je me passionne pour le digital painting, la 3D, la plongée, l'artisanat, les fêtes médiévales... Du coup, j'ai toujours des apprentissages sur le feu. Actuellement, j'apprends à sourire sur mes photos de profil.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
carbaba

Ce serait marrant qu’on fasse pareil en France, on se retrouverait avec du papier Clairefontaine et des Bic !

Trentreznor

Pour la partie logicielle c’est largement faisable en utilisant du Linux ou dérivé qui par définition est librement accessible et modifiable et non lié à un pays. Pour le matériel par contre je ne sais pas si ce sera aussi facile, beaucoup de composants sont liés de prêt ou de loin à des techno américaines.

ariakas

C’est marrant ces gens qui pensent que l’on vit à l’age de pierre en France et que nous n’avons absolument aucune entreprise

ariakas

L’intérêt est justement de le lier directement à un pays.
Linux ou dérivé, j’entend, mais c’est connoté US et j’imagine que niveau sécurité, ça ne sera pas assez fiable pour un pays en guerre avec les US.

Evidemment que Windows ou Google sont des logiciels sous influence US.
Ils ont raison de créer leur propre systeme, leur propre OS, mais que n’ont ils attendu tout ce temps.
Et inversement, que font les US à ne pas d’avantage forcer la main à des Apple et autres à revenir au bercail.

C’est trop facile de dire que les entreprises n’ont pas de pays quand ça arrange et que l’on se souvienne d’eux quand le plaisir s’en fait sentir.
Quand la France taxe les GAFA, Trump et les US se souviennent que ce sont des entreprises US avec financement US, par contre, quand les GE rachètent Alstom, tout va bien, c’est pas les US, c’est GE.
Faut pas déconner.

BetaGamma

Ou alors on lancerait une production de PC en quelques mois. Ce qui est largement faisable.
D’abord en promouvant l’intégration locale
Ensuite en produisant localement au fur et a mesure.

fredolabecane

Avec un processeur Sapetoku et une CM Bigmama?

carbaba

Des ordinateurs du terroir, vendus sur les marchés en circuit court par de petits producteurs, quel beau projet !
On pourrait même utiliser le réseau existant des AMAP: panier courgette,poireaux,chou-fleur et PC de gamer ! :joy:

nikon561

autant on est surement capable en france de faire les cartes etc… mais les semi-conducteurs (cpu / gpu / ram) et le stockage…ben pas vraiment

merotic

Il me semble que la France pourrait compter sur un fondeur STMicroelectronics : https://fr.wikipedia.org/wiki/STMicroelectronics

Et en se basant sur ARM, on pourrait fabriquer des CPU et monter en puissance donc aussi gagner des marchés si vraiment une solution de replis industriel se faisait au grand jour.

Et pourquoi pas piller les brevets chinois en cas de guerre économique?
Pour les OS, Linux est configurable à souhait et Thalès possède une grosse expérience en sécurité informatique :

Les boîtes capables en cas de « pas d’autre choix » de prendre le relais sont en fait nombreuses en France.

On sait faire, mais pour les actionnaires on a délocalisé pour garantir des marges, ce qui n’empêche pas que la recherche est toujours présente en France.

merotic

Kiko lool -->vous : https://fr.wikipedia.org/wiki/STMicroelectronics

« Je préfère ne rien dire de plus, mais je n’en pense pas moins. »