Meta a été contraint de supprimer 26 publications d'influenceurs qui avaient fait la promotion d'alcool. Une décision qui marque un nouveau coup d'arrêt au contournement de la fameuse loi Evin.

Le géant des réseaux sociaux Meta, propriétaire de Facebook, Instagram ou encore WhatsApp, vient de se prendre un nouveau rappel à l'ordre par la justice française. Le tribunal judiciaire de Paris a ordonné début avril le retrait de contenus jugés illicites, publiés par treize influenceurs suivis par plus de 6 millions d'abonnés. La décision, révélée ce mardi 19 août par l'association Addictions France, confirme que les zones grises exploitées par les marques d'alcool se réduisent comme peau de chagrin.
Influenceurs dans le viseur : quand Instagram devient vitrine pour l'alcool
Les publications mises en ligne par 13 influenceurs ont donc été retirées par Meta. Certaines des personnalités épinglées sont bien connues du grand public. C'est le cas de l'animatrice Malika Ménard, ex-Miss France, ou du chef Juan Arbelaez. Onze autres créateurs de contenu se retrouvent donc dans cette affaire. Leurs publications, désormais invisibles depuis l'Hexagone, mettaient en scène des bouteilles et marques d'alcool avec une décontraction qui flirtait avec l'illégalité.
La décision du tribunal ne s'arrête pas au simple retrait des contenus. Meta a également dû communiquer à Addictions France les données d'identification complètes des auteurs de ces posts. Une transparence imposée qui pourrait bien refroidir les ardeurs de certains influenceurs tentés par ces partenariats juteux mais risqués sur le plan légal.
Cette victoire n'est pas la première décrochée par l'association. Fin 2023, elle avait déjà obtenu gain de cause dans une affaire similaire. Les juges confirment ainsi la ligne dure qui consiste à dire que peu importe que le contenu soit présenté comme lifestyle ou gastronomique, la promotion d'alcool reste strictement encadrée par la loi Evin.
L'urgence d'une régulation adaptée
L'association Addictions France ne cache en tout cas pas sa satisfaction et salue une décision qui lève, selon elle, une ambiguïté entretenue par les producteurs d'alcool. Les fameux guides d'autorégulation brandis par le secteur ne tiennent plus face à la réalité juridique. Même un post de chef valorisant une marque dans une recette tombe sous le coup de la loi.
Et si la décision date du mois d'avril et qu'elle n'est communiquée qu'aujourd'hui, entre-temps, les contenus ont un temps continué à toucher leur cible, particulièrement les jeunes. C'est là tout le paradoxe de la loi Evin : elle reste préventive mais court après des publications qui ont déjà fait le buzz.
Pour Addictions France, l'heure est venue de moderniser le cadre législatif. L'association plaide pour une évolution de la loi Evin qui couperait définitivement l'herbe sous le pied aux marques d'alcool. L'objectif serait d'interdire purement et simplement le recours aux influenceurs et responsabiliser davantage les plateformes dans la modération proactive de ces contenus sensibles.