La DGCCRF vient de révéler que plus de deux restaurants sur dix contrôlés trompent les consommateurs sur la livraison des repas, notamment ceux qui avancent la fameuse mention « fait maison », dont tout le monde rêve.

Imaginez commander un plat « artisanal » ou « fait maison » et recevoir du surgelé réchauffé, ou payer pour du foie gras gascon qui arrive tout droit de Bulgarie. Ce n'est pas de la fiction, mais bien la réalité découverte par les enquêteurs de la DGCCRF, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes , qui livre ce vendredi 8 août les résultats d'une enquête menée en 2023. Entre allergènes cachés, origines fantaisistes et labels inventés, le monde de la livraison à domicile cache des pratiques qui donnent le tournis. Et les consommateurs trinquent, parfois au péril de leur santé.
L'enquête de la Répression des fraudes révèle l'ampleur du phénomène des fausses promesses culinaires
Les contrôleurs de la Répression des fraudes ont scruté 646 établissements répartis dans 79 départements, pour constituer un échantillon représentatif du paysage actuel. Dans le lot, on y trouve 292 fast-foods, 191 restaurants classiques et 103 mystérieuses dark kitchens, ces laboratoires culinaires sans vitrine ni salle, uniquement dédiés aux commandes en ligne que l'on peut passer sur Uber Eats, Deliveroo ou Just Eat.
L'oubli des allergènes reste le péché mignon du secteur, un « détail » diront certains, mais détail potentiellement mortel pour certains clients. Quant à la provenance des viandes, c'est mystère et boule de gomme : l'information, pourtant légalement obligatoire sur internet, brille souvent par son absence lors des contrôles des agents de la DGCCRF. Une grande plateforme de livraison a même dû reprogrammer entièrement son application, après s'être fait taper sur les doigts.
Le pompon revient aux appellations fantaisistes qui transforment n'importe quel plat en chef-d'œuvre gastronomique. « Bio » sans certification, « local » venu de l'autre bout de l'Europe, « frais » décongelé le matin même... Un patron a confessé aux enquêteurs avoir « oublié » d'actualiser sa carte après avoir remplacé ses vrais steaks par du surgelé bas de gamme. Bah voyons.
Des fraudes organisées aux sanctions salées pour les restaurateurs pris la main dans le sac
Les résultats donnés par la DGCCRF nous éclairent sur l'ampleur du phénomène. Au total, on compte 136 établissements pris en flagrant délit de mensonge, soit exactement 21% de l'échantillon. Les autorités n'ont pas fait dans le détail, avec 114 mises en demeure, 19 poursuites pénales et même 3 sanctions administratives. Sans compter les 248 rappels à l'ordre pour des écarts jugés moins graves, mais néanmoins problématiques.
Ce qu'on note, c'est que l'imagination des fraudeurs force parfois l'admiration tant elle confine au ridicule. Une chaîne présente dans plusieurs régions osait transformer du foie gras importé de Bulgarie en produit « du Sud-Ouest », jouant sans honte sur la nostalgie du terroir, bien plus vendeuse évidemment. Le cheddar devient aussi une mixture protéinée douteuse, et les AOP sont inventées de toutes pièces pour séduire les amateurs d'authenticité. En bref, on retrouve de tout chez les restaurateurs peu scrupuleux.
Voilà une enquête qui paraît plus que nécessaire, dans un secteur qui continue de grandir, même s'il approche peu à peu de son niveau de saturation. Derrière la facilité du clic et la promesse de repas savoureux livrés en trente minutes, se cache en tout cas une réalité moins appétissante. Les consommateurs doivent donc rester vigilants, questionner les mentions trop belles pour être vraies et privilégier les établissements transparents sur leurs pratiques réelles. Pas la plus facile des missions, en 2025.