Le Pentagone s’intéresse aux fusées de SpaceX pour le transport militaire

18 octobre 2020 à 13h26
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Starship

Le 7 octobre, le service de transport logistique du Pentagone a annoncé qu'il étudiait avec SpaceX la possibilité d’utiliser des fusées spatiales pour transporter du matériel militaire n’importe où sur Terre en quelques minutes.

Une telle opération, si elle voit le jour, pourrait révolutionner la conduite logistique des opérations militaires. Néanmoins, de très nombreuses contraintes pourraient rendre cette initiative illusoire, au moins dans les prochaines décennies.

Du transport logistique militaire pour SpaceX ?

En lançant son Starship, Elon Musk n’a jamais caché son ambition : faire du vaisseau spatial un véhicule interplanétaire vers la Lune et Mars, mais aussi un outil de transport hypersonique sur Terre. En théorie, une telle fusée pourrait effectivement permettre de transporter des passagers n’importe où sur Terre en moins d’une heure. Mais une telle opération ne serait faisable qu'au prix de risques, de coûts et de nuisances environnementales sans doute insurmontables pour le grand public.

Finalement, le rêve du fondateur de SpaceX pourrait prendre vie sous la houlette du Pentagone, qui n’est pas soumis aux mêmes contraintes que le transport aérien civil. L’US Transportation Command (TRANSCOM), en charge de la logistique des armées américaines, a récemment annoncé étudier avec SpaceX la possibilité de déployer du matériel militaire n’importe où à la surface du globe en moins d’une heure. D’ici l’année prochaine, TRANSCOM devrait établir la faisabilité de l’idée. Et donc la marche à suivre pour les futures activités militaires de SpaceX.

Des limites quasiment infranchissables

En théorie, SpaceX pourrait proposer deux solutions au TRANSCOM : la fusée pourrait décoller du sol américain, ou bien être pré-positionnée en orbite, prête à se poser n’importe où, à la demande. Une fusée de type Starship pourrait ainsi transporter plus de 100 tonnes de matériel en moins d’une heure. En comparaison, un avion C-17 Globemaster III met plusieurs dizaines d’heures pour acheminer 80 tonnes d’équipement.

Cependant, les barrières techniques, financières et opérationnelles seraient nombreuses :

  • Sur la zone d’atterrissage, comment décharger une fusée de plusieurs dizaines de mètres de hauteur ?
  • Une fois la fusée posée, comment assurer son retour ? Comment la ravitailler? Comment éviter qu'elle ne tombe entre les mains adverses en cas de défaite militaire ?
  • Un départ de fusée étant semblable à celui d’un missile nucléaire, comment éviter toute confusion et donc toute riposte atomique adverse ?

À ces questions essentielles s’ajoutent celles, traditionnelles, de la logistique. Si une fusée peut mettre une heure pour traverser le globe, la préparation d’un vol prends, en temps normal, des jours voire des semaines. De quoi limiter l’intérêt de l’opération.

Mais, surtout, la question du coût sera essentielle. Même optimisé au mieux, un lanceur spatial coûtera toujours considérablement plus cher qu’un avion-cargo et du matériel prépositionné à proximité du théâtre des opérations.

Pour l’heure, l’intérêt du TRANSCOM pour les fusées de SpaceX semble donc plus prospectif qu’autre chose. Mais nul doute que les forces armées américaines surveilleront de près les avancées technologiques dans le domaine des véhicules spatiaux réutilisables.

Source : Air Force Mag

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Commentaires (4)

vVD
Il s’agit de financement.<br /> Comment contourner les règles de l’OMC en injectant de l’argent.<br /> Ils vont développer un nouveau lanceur qui en fin de compte n’interressera pas l’armée, mais il y aura un usage civil.
bennukem
Mais à quoi le Pentagone ne s’intéresse pas ? Genre, c’est une surprise… Même pour des trottinettes électriques, ils ont du s’y intéresser.
Niverolle
Autant les américains subventionnent massivement les compagnies du new space, autant le spatial ne rentre pas dans le champ de l’OMC.
Ben_Young
À ce stade, qui se soucie. les gens ferment les yeux sur le fait qu’Ariane a reçu des subventions bien avant la guerre Spacex, même si de. Ariane ne pourrait pas survivre les 60 prochaines secondes sans paiement de l’ESA, du CNES et des autres. Les systèmes de fusées réutilisables sont l’avenir, mais vous ne le verrez jamais en Europe. Les syndicats européens fermeraient la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie avec des grèves ouvrières avant de permettre une main-d’œuvre maigre et verte de style Spacex avec des fusées réutilisables
Niverolle
La rentabilité des lanceurs réutilisable est loin d’être triviale car si la manip fait gagner d’un côté, elle fait aussi perdre de l’autre, à commencer par l’importante diminution de la charge utile qu’implique la malédiction de Tsiolkovsky; car on ne parle pas d’avions mais bien de fusées qui doivent s’arracher du puits gravitationnel terrestre !!!<br /> Donc en attendant des chiffres permettant de corroboré un éventuel gain, j’observe que la vielle Ariane se taille toujours la part du lion sur le marché (celui ouvert à la concurrence internationale, hein) des satellite géostationnaires, ce pour quoi elle a été conçu et ce pour quoi elle excelle avec un dV à 1500 m/s et une inclinaison de 3°, alors qu’avec ces lanceurs réutilisables Space X n’offre qu’un service minimum de 2200 m/s et 27° (le tout pour une masse sèche réduite, malédiction de Tsiolkovsky oblige).
Ben_Young
C’est le problème. L’industrie est en train de passer de l’orbite géostationnaire à l’orbite terrestre basse. Ariane ne parvient pas à convaincre les États membres de l’ESA de soutenir 6 lancements ou plus chaque année en orbite géostationnaire car de nouvelles opportunités de profit s’ouvrent dans d’autres domaines. La technologie réutilisable est l’avenir. Le seul processus nécessaire est une inspection du véhicule et des pièces de rechange si nécessaire. Chaque fois qu’Ariane V, Vega ou Soyuz décolle, vous payez pour un nouvel acier à couper ou une nouvelle fibre de carbone à mouler. La logistique des équipements de fabrication dans d’autres pays ajoute également des coûts. Coût que Spacex et Blue Origin n’ont pas à payer.
Niverolle
Ben_Young:<br /> C’est le problème. L’industrie est en train de passer de l’orbite géostationnaire à l’orbite terrestre basse. Ariane ne parvient pas à convaincre les États membres de l’ESA de soutenir 6 lancements ou plus chaque année en orbite géostationnaire car de nouvelles opportunités de profit s’ouvrent dans d’autres domaines.<br /> Il y aura toujours besoin de gros satellite géostationnaire, par exemple pour la météo, ou la télévision. Or s’il y a une chose sur laquelle tous les européens s’accordent pour être unis et indépendant c’est la bien l’observation météo (Ariane a été crée suite à un blocage des américains pour le lancement d’un satellite météo européen). Pour tout le reste, y compris le militaire, ils avancent en ordre dispersé, et se contentent des autres lanceurs d’Arianespace.<br /> Ben_Young:<br /> Le seul processus nécessaire est une inspection du véhicule et des pièces de rechange si nécessaire<br /> A te lire, on croirait que c’est juste une formalité, sauf que cela n’a rien de magique sur du matériel aussi complexe et peu endurant (le moteur Merlin est donné pour une quarantaine de vols, du moins sur le papier). Mais même en prenant l’hypothèse d’une récupération et d’une maintenance à zéro dollar, la diminution de la charge utile (de l’ordre de 30% pour une récupération en mer) va fortement impacter le bilan de la manip. Certes, Space X récupère le gros du lanceur (de l’ordre de 80%), mais il ne faut pas oublier que le client ne paye pas juste un lanceur, mais une campagne de tir, une assurance, etc. Donc c’est, sur ce tout compris qu’il faut gagner plus de 30%, surtout si l’on tient compte de la qualité de service (un dV de 2200 m/s pour la mise en station c’est beaucoup sachant qu’il faut ensuite 45 m/s par an pour s’y maintenir). Bref, rien d’aussi trivial que ce que le marketing de Space X veut bien laisser croire (genre c’est comme un avion, alors qu’avec la malédiction de Tsiolkovsky, la moindre désoptimisation se paye chère sur la charge utile d’une fusée).<br /> En tout cas, le fait de ne pas avoir à supporter le principe du «&nbsp;juste retour&nbsp;» entre les états membres, ou encore le fait de pouvoir surfacturer les vols institutionnels, me parait autrement plus convaincant.
Niverolle
Et les clients qui restent fidèle à Ariane, ce sont des autruches eux aussi ? Bref, essaye plutôt de contre-argumenter.
Ben_Young
la loyauté n’est pas un facteur dans le monde des affaires d’aujourd’hui. Les entreprises répondent aux investisseurs. Les entreprises doivent négocier le meilleur prix pour les services rendus. Aucun dirigeant ne veut expliquer au conseil d’administration ou aux investisseurs pourquoi ils font affaire avec la chère Ariane alors qu’ISAR Aerospace, Spacex, Blue Origin, Rocket lab et Firefly proposent des prix inférieurs et fournissent le même service.
Niverolle
Ben_Young:<br /> des prix inférieurs et fournissent le même service<br /> Tu as les chiffres de ce que tu avances ? Dans une communication aux sénateurs américains, Elon Musk explique que les 100 premiers vols de Falcon auront généré un CA de 12 milliards, ce qui nous fait une moyenne de 120 millions de dollars (et n’est pas si diffèrent d’Ariane). Et pour ce qui est de la qualité de service, l’exemple de la GTO 2200 (contre 1500 pour Ariane) n’a vraiment rien de fameux.<br /> Décidément, entre MisterGTO qui nous explique que le prix au kilo n’est pas pertinent, et toi qui nous explique que les lois du marché font qu’Ariane ne devrait même pas avoir de clients, la discussion s’enfonce de plus en plus dans le déni de réalité…
Ben_Young
Prouve moi le contraire. Stéphane Israël, André Hubert Roussel, Thierry Breton et Alain Charmeau ont déjà déclaré publiquement que le nouveau modèle d’affaires spatial développé par Spacex tente de faire sortir l’Europe de l’espace. L’Europe s’inquiète tellement pour Elon quand il y a plus d’un problème à l’horizon. Essayez d’utiliser l’argument de subvention avec Blue Origin. sachant de première main que Jeff Bezos prend l’argent de sa poche. Pensez-vous vraiment qu’il déverserait des milliards d’euros dans une entreprise perdante? Ariane a besoin de changements organisationnels majeurs pour s’améliorer. Je vous garantis que les États membres de l’ESA et le syndicat CFE-CGC Ariane ne laisseront jamais cela se produire.
Niverolle
Ça fait maintenant dix ans que l’on entendant ce discours, sauf que dans les faits Arianespace capte encore et toujours la majorité des contrats ouvert à la concurrence internationale. Bref, malgré son age avancé, Ariane 5 est toujours concurrentielle ! Et ce n’est pas moi qui le prouve, mais le marché justement !<br /> Quand à Stéphane Israël &amp; Cie, il est parfaitement dans sont rôle de pleureuse… Et tu sais quoi, Elon Musk fait exactement la même de son coté !!!<br /> Quand a Blue Origin qui ne toucherait pas de subvention, alors qu’ils en biberonnent tout plein du département de la défense, no comment…
Ben_Young
C’est drôle de savoir que Thierry Breton a donné à Ariane un milliard d’euros pour plus d’innovation. Si Ariane gagnait de l’argent, l’ESA aurait pu garder ce chèque entre ses mains. Ariane ne sera jamais rentable avec la fabrication de composants répartis sur tout le continent, ajoutant des coûts logistiques. L’ESA devrait remettre ce chèque à ISAR Aerospace. Une entreprise suffisamment petite pour faire le travail sans le drame des États membres pour obtenir du travail.
Niverolle
Ben_Young:<br /> Ariane ne sera jamais rentable avec la fabrication de composants répartis sur tout le continent<br /> Là tu prêches a un convaincu, mais c’était la règle qui était imposée par les politiques (ULA a exactement le même problème aux Etats-Unis). Et si la règle change, c’est pour tous, ou alors tu assumes de devoir continuer à devoir payer des subventions de fonctionnement (à ne pas confondre avec des subventions d’équilibre) aux acteurs historiques.
Ben_Young
Le seul moyen de rentabiliser Ariane face à ces nouveaux joueurs est de déplacer l’ensemble de l’opération à Kourou. Fabrication, assemblage et lancement depuis Kourou. Coupez la logistique. La seule installation nécessaire en Europe est un bureau pour signer les contrats et concevoir les composants. Encore une fois, cela n’arrivera jamais à cause de tous les combats politiques. La France est préoccupée par le fait que les mises à niveau de Vega entrent déjà en concurrence avec d’autres produits Ariane. L’Italie peut choisir de développer sa propre gamme de services.
Niverolle
On est effectivement ambivalent vis-à-vis de Vega, mais il ne faut pas oublier que c’est l’héritière en ligne directe de la filière poudre française (et donc de nos ICBM), ce qui fait que ce se serait un euphémisme de dire que si les italiens nous faisait un enfant dans le dos, la confiance s’enfuirait au galop et ne reviendrait qu’au pas…
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