SpaceX est validé par Roscosmos et pourrait embarquer des cosmonautes sous conditions

Jean-Barthélémy Losfeld
Publié le 28 octobre 2021 à 09h21
Image du module Crew Dragon d'Inspiration4, première orbite privée dans l'espace ©SpaceX
Image du module Crew Dragon d'Inspiration4, première orbite privée dans l'espace ©SpaceX

Voir des cosmonautes à bord d’une capsule issue de l’industrie américaine privée aurait de quoi surprendre plus d’un idéologue. Pourtant, la possibilité n’est pas à écarter complètement.

Dans une interview donnée à Ria Novosti lors du 72e Congrès International d’Astronautique de Dubaï, Dimitri Rogozin, directeur de Roscosmos, a ouvert la porte à l’éventualité de voir des cosmonautes à bord d’une capsule Crew Dragon avant de faire remarquer le lendemain que les technologies employées sont inadaptées à la Russie.

Soyouz et Crew Dragon, deux générations pour une même mission

Alors que le secteur des voyages spatiaux continue de se privatiser, Soyouz (prononcé Sa-youz, de « union » en russe), destiné à la mise en orbite de cosmonautes, est resté de 2011 à 2020 le dernier véhicule habilité à relever l’équipage permanent de la station spatiale internationale (ISS).

Dans la continuité du programme CCDeV, Boeing et SpaceX se voient allouer la perspective de développer des vaisseaux pour le compte de la NASA. SpaceX est le premier à avoir validé l’ensemble des tests permettant d’envoyer des humains en orbite. Ainsi, en mai 2020, Robert Behnken et Douglas Hurley se sont envolés à bord de la capsule C206 Endeavour en direction de l’ISS.

Après plusieurs lancements réussis, et surtout après le succès de la mission Inspiration4 qui a permis à des astronautes non professionnels de faire 45 fois le tour de la Terre en 71 heures, SpaceX s’impose définitivement comme un acteur incontournable de la présence humaine dans l’espace.

Soyouz MS-18 capturée par Thomas Pesquet. © NASA/ESA/T. Pesquet
Soyouz MS-18 capturée par Thomas Pesquet. © NASA/ESA/T. Pesquet

Une possibilité, mais des enjeux stratégiques et économiques complexes

Dans l'interview rapportée par Space News, si Dimitri Rogozin valide les résultats obtenus par SpaceX, il reste mesuré quant à la perspective de voir des cosmonautes dans l'un des vaisseaux de l'entreprise américaine. Plus encore, il évoque l'hypothèse d'une prolongation du contrat entre la NASA et Roscosmos pour l’envoi d’astronautes sur l'ISS par Soyouz.

À la question de Ria Novosti « Discuterez-vous des enjeux d'une éventuelle prolongation des vols des astronautes américains sur la sonde russe Soyouz ? », Dimitri Rogozin a répondu : « Nous discuterons avec la NASA de la possibilité de vols croisés. Sur la base des résultats de ces négociations, nous formerons les équipages. Nous sélectionnerons les astronautes qui voleront sur le Crew Dragon et ceux qui voleront sur le Soyouz. »

Cette information est plus que jamais à prendre avec des pincettes, car le lendemain, dans une conférence de presse relatée dans un communiqué de Roscosmos, Dimitri Rogozin a pris soin de noter que la technologie utilisée par SpaceX n'était pas adaptée à la Russie. En cause, la technique d'atterrissage qui rendrait trop compliquée la récupération du module sur les terres russes.

Avec une augmentation substantielle du prix d’envol de Soyouz, on imagine toutefois mal la NASA prolonger une nouvelle fois son contrat pour l’emploi du vaisseau russe. Pour autant, Space Adventure, une entreprise qui planifie ses premiers voyages touristiques spatiaux pour 2023, maintient sa confiance envers Roscosmos. On distingue sans peine les contours des enjeux économiques privés de la face cachée de la Lune. 

Par Jean-Barthélémy Losfeld

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Commentaires (10)
benben99

Vu les différences technologiques, les russes seraient mieux de s’allier aux chinois. Ensemble ils pourraient faire de grandes choses comme contribuer à la station spatiale chinoise et échanger des technologies.

Jean-Louis_Bourdon

russe: archaïque mais archi prouvé
américain : archi technologique, dernière technologie de sécurité, mais que quelques vols en comparaison
jusqu’à cet été spacex utilisait des moteurs russes lol
je pense que les 2 ont leur place. a la fois pour des utilisations, les sources des pieces, mais aussi en cas de pépin genre 787-Max

Palou

737 MAX, pas 787 :wink:

mcha

Space X n’a jamais utilisé de moteurs russes lol.

Les seuls moteurs russes utilisés sur des fusées americaines sont les RD-180 utilisés sur la fusée Atlas 5 d’ULA (Boeing et ses petits camarades)

rexxie

« jusqu’à cet été spacex utilisait des moteurs russes lol »

Complètement faux. SpaceX a toujours développé ses propres moteurs, et ce, depuis la Falcon One au tout début.

« Quelques vols » ? 129 sur 11 ans, avec seulement 2 échecs partiels.

Jean-Louis_Bourdon

ha oui, pour les moteurs j’ai confondu avec un autre projet. desole. quelques vols habités j’aurais dit ajouter.

mcbenny

Soyouz « atterrit », et c’est compréhensible, la Russie a un espace disponible énorme et peu dense en population.
Les américains amerrissent et c’est aussi compréhensible au vu de la géographie et démographie du pays.
Si un Crew Dragon devait amerrir en zone Russe… bah fallait leur laisser prendre l’Afghanistan !

PaowZ

« bah fallait leur laisser prendre l’Afghanistan ! »

…ils ont essayé, ils ont eu des problèmes :wink:

kplan

Petite précision :
Soyouz décolle et atterrit au Kazakhstan, ce sont les Kazakhs qui ont un beau désert bien plat.

balibalo

Précision de précision, Soyouz décolle aussi de Kourou