La Station spatiale internationale en route pour ses 30 ans ! Tout le monde est d'accord pour 2028

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
03 mai 2023 à 18h15
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L'ISS poursuit sa mission, après bientôt 25 ans de bons et loyaux services. Crédits NASA
L'ISS poursuit sa mission, après bientôt 25 ans de bons et loyaux services. Crédits NASA

Malgré quelques déclarations à l'emporte-pièce l'an dernier, la grande collaboration internationale autour de la Terre se poursuivra au moins jusqu'en 2028. La Russie a été le dernier partenaire à donner son accord fin avril. Mais le challenge demeure sur l'avenir…

La NASA, de son côté, table sur les stations privées.

Penser à la fin, mais plus tard

Le module Zarya, la première brique de la Station spatiale internationale, fut envoyé dans l'espace le 20 novembre 1998. Il fêtera cette année ses 25 ans en orbite et l'aventure se poursuit ! Avec une occupation passée à 7 membres permanents depuis le début des années 2020, c'est maintenant que la station produit le plus de science, ses laboratoires étant équipés, ses expériences rodées et bâties sur les retours qui s'étalent sur plusieurs décennies. En témoignent d'ailleurs les dizaines d'articles scientifiques publiés chaque année par les chercheurs dans des domaines souvent peu connus du public, comme les protéines cristallines, la biologie moléculaire, la génétique des plantes ou les progrès sur l'ostéoporose. Or comme chacun sait, toutes les bonnes choses ont une fin (sauf la banane, qui en a deux), se pencher sur la fin de vie de l'ISS est une nécessité. Les agences y travaillent… Mais pour l'instant, le plus simple et le plus économique est bel et bien de poursuivre l'aventure.

La NASA a les yeux tournés vers le privé

Il faut dire qu'à l'origine l'ISS devait envisager sa retraite à partir de 2016. Un objectif irréaliste, d'autant que la situation de la station a été ralentie par les problèmes de la navette, que ce soit après l'accident tragique de 2003 ou la retraite de ces dernières en 2011. Ensuite, l'administration américaine a fait pression sur la NASA sous l'administration Trump pour obtenir un plan de transition et sortir du partenariat ISS à partir de 2025. Un plan qui a été aménagé, puis retardé et qui est aujourd'hui matérialisé par un contrat avec Axiom Space pour une transition vers une station privée avec la NASA en tant que cliente majeure. Il s'agit d'un contrat avec pas moins de trois groupes industriels pour envisager les stations de la prochaine décennie. Mais tout cela ne prendra pas forme avant 2028-2030 (la NASA a déjà formalisé sa demande pour 2030), et la station se porte relativement bien. Autant tenter de prolonger sa durée de vie !

La Russie donne son accord

La Russie était le dernier partenaire majeur n'ayant pas acté la prolongation de sa participation. C'est chose faite depuis fin avril, avec l'accord officiel de Roscosmos. Exit donc les déclarations de l'ex-directeur de l'agence spatiale russe, remplacé à l'été dernier. Y. Borisov, qui a pris les rênes depuis, multiplie les gestes d'apaisement, en particulier à propos de l'ISS. Il faut ajouter que la station (ROSS) qui devrait prendre le relai post-ISS côté russe est, elle aussi, loin d'être prête. Engager la transition en 2028 plutôt que d'ici un an ou deux permet de mieux anticiper le calendrier (dans l'espoir également d'un dégel des tensions ?).

Les astronautes auront encore fort à faire pour maintenir la machine en état de vol, la réparer et l'améliorer. Crédits NASA/ESA
Les astronautes auront encore fort à faire pour maintenir la machine en état de vol, la réparer et l'améliorer. Crédits NASA/ESA

Enfin, il faut signaler qu'il existe encore des divergences quant à la fin exacte de l'ISS, c'est-à-dire non pas la transition vers de futures autres stations, mais la façon dont l'ISS sera démantelée. Pas question de l'abandonner en orbite, elle est trop grande et trop lourde pour laisser au hasard le lieu de sa désintégration dans l'atmosphère. Pour assurer qu'il s'agira bien d'une descente contrôlée, il faut donc soit la séparer en plusieurs parties pour les amener une par une jusqu'à leur désintégration au bon endroit, soit freiner la station tout entière pour qu'elle termine sa carrière en flammes au-dessus de l'océan. Un exercice complexe, qu'il faut pourtant bien préparer. Même 2028 à présent, c'est tout proche !

Source : Nasa

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (6)

JulienBache
Bravo pour la blague sur la banane!<br /> C’est marrant qu’on ne puisse pas la séparer en 2: un côté russe et un autre occidental; il y a des modules récents qui ont encore une belle durée de vie.
ebottlaender
Alors physiquement, elle est plus ou moins séparée en deux avec effectivement une partie russe et une partie non-russe USOS. Mais les deux ont été conçues pour fonctionner en tandem, notamment avec le « cerveau » de l’ISS dans le module russe Zvezda, mais avec l’alimentation électrique principale et les dispositifs d’orientation côté USOS. Comme presque tout est interconnecté (et que ça fait plus de 20 ans), il serait très difficile de les séparer, ce n’est d’ailleurs même plus prévu.<br /> Il est périodiquement question avec la ROSS russe de reprendre les modules Nauka et le noeud Pritchal de l’ISS pour les mettre dessus, mais c’est un véritable défi.
Chirokee
Un 3ème étage type super Centaur ou autre ne pourrait-il pas l’accélérer pour lui imprimer la Vitesse de libération ?
ebottlaender
Un centaur n’y suffirait pas (ni même un « super centaur » qui n’existe pas), la solution qui va demander le moins d’énergie est bel et bien de la freiner un peu mais au bon moment pour assurer une rentrée atmosphérique.
JulienBache
C’est sur que c’est le genre d’info passionnante pour ceux qui aiment regarder ce qui se passe là haut. Ça doit être difficile de prévoir l’évolution de cette station et même les moyens pour y accéder alors on verra en 2028 ce qu’ils décident… Dommage que Paco Rabanne nous aie quittés cette année
teepeeleven
Le problème pour le moment, c’est qu’on a rien pour desorbiter proprement et d’un bloc une masse de 100 tonnes.<br /> D’ou l’idée de la redescendre par petits bouts mais ça sera très complexe et donc cher.<br /> Concevoir une évolution d’un cargo type Progress/ATV/HTV pour y mettre un gros moteur de desorbitation va aussi coûter.<br /> Plus généralement se pose le pb de nos débris : très nombreux, complexes et sans "valeur ajoutée " à traiter, qui va payer pour ça ?<br /> Depuis le début de la conquête spatial l’humanité fait l’autruche sur ce sujet
ebottlaender
Personne ne fait l’autruche, c’est un sujet qui génère des discussions à n’en plus finir notamment entre états et entreprises. Plusieurs pays sont proactifs sur le sujet comme la France (tout ce qui décolle de Guyane) avec la LOS depuis 2008.<br /> Les USA aussi notamment avec les superconstellations (obligation de les ramener de l’orbite basse post-durée de vie etc).<br /> Le problème c’est de se mettre d’accord entre états, et surtout concernant l’ISS, de qui ou comment mettre la machine en oeuvre. Car c’est un gros budget, alors si déjà on n’est pas d’accord sur le « quand », le comment, les moyens…<br /> L’idée qui prévaut actuellement est d’en décrocher un maximum en amont, puis de la freiner à 250k altitude environ, de lui amarrer un « gros freineur » et de désorbiter en une fois le gros de l’ISS.
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