La Russie souhaiterait quitter l'ISS après 2024... mais laisse ses partenaires dans le flou

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
27 juillet 2022 à 14h30
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Ce n'est pas la première fois que la Russie annonce vouloir faire cavalier seul... Crédits : Roscosmos
Ce n'est pas la première fois que la Russie annonce vouloir faire cavalier seul... Crédits : Roscosmos

Le nouveau directeur de Roscosmos a annoncé le retrait de la Russie de la Station spatiale internationale, après 2024. Néanmoins le calendrier final, qui dépend aussi de la future présence russe en orbite basse, n’est pas connu. Tandis que les autres agences ne voient aucun changement.

Et notez bien qu’après 2024, c’est vaste…

Ah oui au fait, l’ISS

Le premier grand « entretien » entre le nouveau directeur de Roscosmos, l’agence spatiale russe et le président Vladimir Poutine n’est pas passé inaperçu. En effet, Youri Borissov, en plus de s’expliquer sur le recentrage à venir sur les activités de défense et sur les constellations de satellites russes, a acté le retrait de la participation russe à l’ISS après 2024. Information qui a depuis fait le tour de la planète dans la soirée du 26 juillet.

Tout comme au début de l’invasion russe de l’Ukraine, il est difficile de savoir exactement comment les autres participants de l’ISS pourraient continuer l’aventure sans la Russie. En effet, la station n’est pas prévue pour cela, et la mise en place de solutions alternatives (par exemple pour rehausser l’orbite ou contrôler l’ensemble des sections), sans être impossible, n’est pas simple. Parmi les alternatives, les partenaires non russes pourraient louer à prix d’or les modules de Roscosmos, mais on a du mal à l’imaginer dans le contexte actuel.

Personne ne panique

Pour l’instant néanmoins, la question ne se pose pas. Après avoir été harcelée de questions, la NASA a communiqué hier soir n’avoir reçu aucune information officielle concernant un retrait russe de l’ISS. De plus, il ne faut pas s’imaginer un retrait du jour au lendemain, dès le 1er janvier 2025 (nous serons en effet ce jour-là, « après 2024 »).

Côté ESA, il se murmure la même chose en coulisses : cette déclaration ne change pas la donne actuelle. S’il y a peu de chances de voir des rotations inchangées jusqu’à 2030, il n’y a pas de panique pour autant. La sortie aurait-elle donc été plus médiatique qu’autre chose ?

Bon, il y aura peut-être moins de véhicules de liaison que sur cette photo Crédits : NASA
Bon, il y aura peut-être moins de véhicules de liaison que sur cette photo Crédits : NASA

Quitter l’ISS, mais pour quoi faire ?

Le calendrier reste en effet à définir, et il est probable qu’il se prolonge pendant plusieurs années jusqu’à ce que la Russie dispose d’une autre destination pour ses astronautes. Roscosmos a en effet pour tâche de préparer une future station ROS (ou ROSS). 2024, c’est très proche en termes spatiaux. Il semble que l’agence russe n'ait pas encore tout à fait tranché entre une future station sur la même orbite que l’ISS (ce qui permettrait d’en garder un ou deux modules récents, comme le nœud Pritchal ou le module scientifique Nauka) et une autre peut-être plus intéressante pour le territoire, en orbite polaire très inclinée.

Pour cette dernière il faudrait alors des modules neufs. Deux sont actuellement en développement, mais le premier n’est pas encore complet et il faudra un engagement fort de la Russie pour qu’il soit prêt en 2024-2025, d’autant que les envoyer en orbite polaire ne sera pas simple depuis Baïkonour. La station serait autonome et accueillerait des équipages une partie de l’année seulement.

Il faudra donc attendre que la Russie spatiale clarifie sa position… Tout en préparant l’avenir !

Depuis le 24 février, la Russie mène une guerre d'invasion en Ukraine. Le conflit aura des conséquences sur le monde, y compris dans le secteur spatial. En perpétuelle évolution, ce dernier va devoir s'adapter, et particulièrement en Europe. Un terrible gâchis, après des décennies de coopérations.
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Source : Spacenews

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (20)

BossRreynolds
c’est pas grave, de nouveau horizon s’offre du coup
tfpsly
Panique de la NASA qui n’est pas capable de gérer certaine parties de ISS sans la Russie<br /> Source ?
darkkanga
Bonjour,<br /> Cela est plus de la communication que de réelles sanctions.<br /> Il y a quelques semaines, l’ancien directeur de l’agence spatiale russe laissait planer un retrait rapide, maintenant un retrait avoir avoir été jusqu’aux bouts ds engagements.<br /> Nous sommes dans une guerre de communication également.
Krypton_80
Prologue:<br /> Russie va construire sa propre station et la Chine aussi<br /> Déjà qu’elle a de plus en plus de difficultés à entretenir ses avions faute de composants venant de l’Occident, alors construire une nouvelle station spatiale, faut pas rêver.<br /> La Chine n’a pas attendu la guerre en Ukraine pour travailler sur sa propre station spatiale.
wackyseb
Source ? C’est comme 1, 2, 3 soleil <br /> Moi je te dis chat ?!!
Oldtimer
Maintenant qu’on commence à aller chercher la lune, mars et compagnie, chaque puissance veut être autonome dans l’exploration et l’exploitation des richesses extraterrestres… et les sanctions US sont un petit coup de fouet pour réveiller ceux qui étaient endormi.
Krypton_80
Prologue:<br /> Il a également estimé que la Russie devait se doter de sa propre station orbitale.<br /> Prologue:<br /> Il a enfin estimé qu’à partir de 2024, la Russie serait prête à «créer une station orbitale russe».<br /> Oui, c’est très bien les estimations, c’est peu onéreux et ça n’engage à rien.
Chirokee
Panique de la NASA qui n’est pas capable de gérer certaine parties de ISS sans la Russie. Et vice-versa. Pour l’une c’est la propulsion pour l’autre c’est l’alimentation electrique
ebottlaender
Ceux qui ont lu l’article savent que personne ne panique en fait.
SlashDot2k19
On sait ce qui est prévu pour le remplacement de l’ISS(fin pour 2031), que des stations privées ou un projet USA-Europe ?
ebottlaender
La NASA s’oriente sur des contrats à passer à des stations privées. L’ESA et la JAXA suivront sans doute le mouvement, selon leurs besoins.
MattS32
Prologue:<br /> Il a également estimé que la Russie devait se doter de sa propre station orbitale.<br /> Il a enfin estimé qu’à partir de 2024, la Russie serait prête à «créer une station orbitale russe».<br /> Et moi j’estime que je devrait me doter d’une augmentation de 100%.<br /> J’estime qu’à partir d’aujourd’hui, je suis prêt à bénéficier d’une augmentation de 100%.<br /> Est-ce que pour autant ça veut dire que je vais être augmenté de 100% ? J’ai comme un doute…<br /> La Russie a envie d’avoir sa propre station spatiale, elle en est techniquement capable (puisqu’elle a déjà eu MIR par le passé), mais dans le contexte actuel, avec des approvisionnements restreints et l’armée qui accapare des ressources, le faire a aussi brève échéance me semble optimiste…<br /> Quand au fait que la NASA serait en panique, je vois pas trop pourquoi… Déjà, faudrait que le retrait de la Russie soit effectif. On sait tous qu’avec la Russie, il peut y avoir un sacré gouffre entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait. Pour rappel, la Russie était déjà sensée se désengager en 2020, suite aux tensions liées à sa première agression de l’Ukraine.<br /> Ensuite, la NASA a démontré il y a peu qu’elle devrait être en mesure d’opérer l’ISS dans les Russes. La fonction critique qui est aux mains des Russes, c’est la correction de trajectoire de l’ISS, qui est assurée par les cargos russes Progress. Or on sait maintenant que le cargo franco-américain Cygnus est également capable de le faire : le 26 juin dernier, la trajectoire de l’ISS a été modifiée (augmentation de son altitude moyenne d’environ 500m) en utilisant Cygnus. Ce n’est d’ailleurs pas tout a fait une première, une autre correction de trajectoire avait déjà été opérée par Cygnus il y a quelques années, mais elle était beaucoup plus faible.
Bondamanmanw
« Déjà qu’elle a de plus en plus de difficultés à entretenir ses avions faute de composants venant de l’Occident, alors construire une nouvelle station spatiale, faut pas rêver. »<br /> Lol, ils n’ont pas attendu des composants venant de l’occident pour être les premiers à avoir mis en orbite un satellite (Spoutnik 1), un animal (Laïka), le premier homme (Youri Gagarine) durant la guerre froide.<br /> D’avoir descendu deux U2 américains qui les espionnait malgré une longueur d’avance de ceux-ci sur les vols en haute altitude :<br /> fr.wikipedia.org<br /> Incident de l'U-2<br /> Pages pour les contributeurs déconnectés en savoir plus<br /> Navigation<br /> Contribuer<br /> Outils<br /> D’avoir descendu à travers la Yougoslavie un F117 américain réputé invisible aux radars.<br /> fr.wikipedia.org<br /> Destruction d'un F-117 par l'armée yougoslave<br /> Pages pour les contributeurs déconnectés en savoir plus<br /> Navigation<br /> Contribuer<br /> Outils<br /> La Russie est le premier et le plus grand producteur de titane, quand la distribution sera aussi coupés on va bien se marrer.<br /> La Tribune – 22 Jul 22<br /> Mondialisation : se passer du titane russe, le chemin de croix de...<br /> DOSSIER MONDIALISATION- Les avions occidentaux auront-ils encore du titane russe à bord ? Dans quelques mois sans aucun doute, dans quelques années probablement, et dans dix ans peut-être. Cela dépend des choix politiques et industriels aujourd'hui à...<br /> Mais la dépendance américaine est bien meilleure, mdr<br /> Sur les puces électroniques entre autres jusqu’au jour où la Chine va contrôler ce marché après avoir repris Taiwan.<br /> Une dépendance ou une autre !<br /> L’évolution de la famille occidentale et l’inéluctable progrès de l’individualisme est de passer son temps à se regarder le nombril.
Krypton_80
Bondamanmanw:<br /> ils n’ont pas attendu des composants venant de l’occident pour être les premiers à avoir mis en orbite un satellite (Spoutnik 1), un animal (Laïka), le premier homme (Youri Gagarine) durant la guerre froide.<br /> Peut-être, mais depuis la Perestroika et la Glasnost sont passé par là, et les avions russes d’aujourd’hui sont bourrés de composants électroniques venant de l’Occident qu’ils ne reçoivent plus en raison des sanctions. C’est plus compliqué que de mettre un animal en orbite.<br /> Bondamanmanw:<br /> La Russie est le premier et le plus grand producteur de titane, quand la distribution sera aussi coupés on va bien se marrer.<br /> Non, c’est la Chine. C’est aussi un pays dont le PIB est inférieur à celui de l’Italie. D’autre part l’Australie, la Chine, la Norvège, le Vietnam, l’Inde, l’Ukraine, les États-Unis sont aussi des pays producteurs, donc pas de quoi en faire un fromage hein, on pourra se passer du titane russe.<br /> Encyclopædia Universalis<br /> TITANE<br /> Le titane est l'élément chimique de symbole Ti, de numéro atomique 22 et de poids atomique 48. Il appartient au groupe IV b de la classification périodique. Il fut découvert par William Gregor en 1791 et dénommé par Martin Heinrich...<br />
pecore
Du très très grand n’importe quoi.<br /> Primo, le départ de la Russie de la station est loin d’être acté et n’est certainement pas pour demain. Dans tous les cas cela laisse amplement le temps de se retourner.<br /> Secundo, il était déjà question du départ de la Russie de l’ISS avant la guerre donc avant les sanctions.<br /> Tertio, la principale contribution de la Russie venait des lanceurs, qui depuis, peuvent être avantageusement remplacés par les fusées de Space X.<br /> Donc la seule sanction, c’est la Russie qui se l’inflige à elle-même en se privant d’un billet vers l’espace.
pecore
Il me semble en effet que le mot d’ordre actuel et pour au moins aussi longtemps que la Russie sera aux mains d’un ex-KGB reconverti dans le grand banditisme puis dans la politique ultra-nationaliste, c’est qu’il faut apprendre à se passer de tout ce que produit la Russie. Absolument tout.<br /> Or, on parle beaucoup du gaz, du pétrole, du blé mais bizarrement on n’entend pas beaucoup parler des risques liés au titane. C’est donc que cela ne doit pas être si grave.
Bombing_Basta
un ex-KGB reconverti dans le grand banditisme puis dans la politique ultra-nationaliste<br /> Belle description, devrait être dans son wiki
bmustang
très bonne définition, poutine à de quoi refaire son CV
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