Le fantastique allumage des quatre moteurs de l'étage. © NASA/R. Markowitz
Le fantastique allumage des quatre moteurs de l'étage. © NASA/R. Markowitz

Le plus important des essais de cet étage de fusée pour le programme Artemis s'est arrêté à seulement 67 secondes, après un message d'échec de l'un des quatre moteurs.

Un coup dur pour la NASA, qui doit évaluer si elle doit reprendre la campagne de test ou envoyer cet élément en Floride pour son décollage à la fin d'année. Quoi qu'il en soit, le programme est au cœur des critiques.

Pas le résultat espéré

Maintenu debout sur son site d'essai B2 au Centre Spatial Stennis (Mississipi), le premier étage de la fusée SLS (Space Launch System) a livré samedi un spectacle impressionnant, aux résultats mi-figue, mi-raisin pour son test « Green Run ».

Il y a d'abord eu des raisons de se réjouir, après un remplissage des deux énormes réservoirs d'hydrogène et d'oxygène entièrement maîtrisés. L'étage a également été maintenu plus d'une heure dans une condition pré-vol, réservoirs pleins, maîtrisant températures et pressions grâce à son ordinateur de bord et tout un complexe réseau de valves. Rien d'inhabituel pour une fusée, mais les échelles ici sont gigantesques : les réservoirs eux-mêmes mesurent 9 mètres de diamètre !

À 22h27 ce samedi 16 janvier, les quatre moteurs RS-25 se sont allumés en quasi-simultané. Une première et une prouesse de puissance, qui a immédiatement généré un gigantesque nuage de vapeur d'eau sur le site de Stennis… Mais après 67,7 secondes de fonctionnement (au lieu de 480 secondes), le « Green Run » s'est brutalement arrêté.

Bientôt l'acte 2 ?

Quelques secondes plus tôt, le moteur numéro 4 envoyait un message d'erreur, signalant un échec critique. Le test s'est poursuivi quelques secondes, mais les moteurs n'ont pas eu le temps d'effectuer leur petit ballet d'orientation de tuyère prévu : l'essai était stoppé.

Mais il reste une source de satisfaction pour la NASA… Le système de déclenchement d'urgence a très bien fonctionné, il n'y a visiblement pas eu de casse sur le site, ni côté lanceur ni sur les infrastructures. Reste que tout ceci n'est pas anodin. Avant le vol, plusieurs responsables de l'agence américaine expliquaient qu'il fallait au moins un allumage entre 250 et 350 secondes pour valider toutes les facettes de ce test.

S'il ne s'agit « que » de modifier un composant mineur et de refaire le test à l'identique, le site nécessite entre 21 et 30 jours de préparation, mais il faut signaler que l'agence compte d'abord identifier avec précision la source de l'erreur de samedi.

Trois jours plus tard, aucune décision n'a été prise officiellement. Il est aussi possible de changer un moteur, ou, si des dégâts importants sont constatés, de mettre l'étage à l'horizontale et de l'emmener sur son site de production de Michoud, à quelques dizaine de kilomètres de là.

Il faudra encore patienter... © NASA
Il faudra encore patienter... © NASA

Politique contre technique

Il est possible également que, poussé par un calendrier politique qui pèse très lourd sur ce programme (le plus cher de la NASA, qui engloutit entre 2 et 4 milliards de dollars chaque année), l'étage du Space Launch System soit directement envoyé après quelques réparations en Floride pour l'assemblage avec les autres éléments du lanceur. Impossible en effet d'assurer qu'il décollera avant la fin d'année s'il ne part pas avant fin février.

Décollage « à l'heure » ou sécurité ? L'agence, dont l'administrateur va démissionner demain (jour de l'investiture du président Biden), ne pourra pas choisir les deux.

Source :

NASA