OneWeb : le gouvernement anglais et l'opérateur Bharti investissent 1 milliard pour la reprise.

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
06 juillet 2020 à 10h34
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Vue d'artiste d'un satellite OneWeb en orbite. Seront-ils bientôt plus que 74 ? © OneWeb
Vue d'artiste d'un satellite OneWeb en orbite. Seront-ils bientôt plus que 74 ? © OneWeb

L'opérateur de la constellation de satellites OneWeb pour l'accès internet était en faillite depuis mars. C'est un drôle de consortium, entre le gouvernement anglais et l'opérateur indien Bharti Global, qui a finalement remporté le dossier.

Mais il faudra peut-être plus qu'un investissement de 500 millions chacun pour un déploiement complet.

OneWeb, c'est reparti

Le secret est resté bien gardé jusqu'à ce 3 juillet 2020, que ce soit du côté de OneWeb ou de ses repreneurs. Depuis le 27 mars, l'entreprise était sous la protection du « chapitre 11 » de la loi américaine qui gère les faillites avant un démantèlement, une reprise partielle ou totale. Que ce soit pour les bandes de fréquences allouées à ses satellites, ses 74 unités déjà en orbite ou ses accords autour du monde, le dossier allait probablement aiguiser quelques appétits, mais nécessitait une grosse capacité d'investissement (et le contexte de crise actuel n'apporte pas beaucoup de garanties).

C'est finalement le gouvernement britannique et l'opérateur de téléphonie indien Bharti Global qui vont aider OneWeb à se remettre sur pied. Chacun des deux acteurs investit 500 millions de dollars.

Une alliance étonnante

La manœuvre ne surprend pas outre mesure pour Bharti Global. Le groupe indien, troisième opérateur mondial en termes de clients, dispose d'une base de plus de 425 millions de clients pour ses services mobiles. En sachant que l'entreprise veut augmenter son emprise sur l'Asie du Sud-Est, mais aussi sur le marché africain, il n'est donc pas étonnant que Bharti participe à ce rachat.

C'est toutefois plus surprenant de la part du gouvernement anglais, qui souhaite, avec cette somme « assurer l'indépendance du Royaume Uni dans l'espace ». Le secrétaire d'état Alok Sharma a déclaré à cette occasion « cet accès à une flotte globale de satellite a le potentiel de connecter des millions de personnes à internet dans le monde, bon nombre d'entre eux pour la première fois, et cet accord nous donne l'opportunité de développer nos capacités de production ici au Royaume-Uni ».

Plusieurs fuites dans la presse, les jours précédant l'annonce, évoquaient aussi la possibilité (peu simple, et très chère) pour les anglais de rajouter à OneWeb des capacités de positionnement autonomes, ou pour complémenter le GPS.

Une mesure qui serait vue comme un pied de nez à la constellation européenne Galileo, à laquelle le Royaume Uni a beaucoup participé… Et dont certaines fonctionnalités lui sera exclues suite au Brexit.

Bonne nouvelle pour Airbus, qui détient à 50% l'usine de production des satellites OneWeb en Floride ? Les sous-traitants ont durement subi le coc. Crédits OneWeb Satellites
Bonne nouvelle pour Airbus, qui détient à 50% l'usine de production des satellites OneWeb en Floride ? Les sous-traitants ont durement subi le coc. Crédits OneWeb Satellites

Il faudra reprendre vite…

Le dossier ne sera pas finalisé avant le dernier trimestre de 2020, même si le communiqué de OneWeb stipule que l'entreprise cherche à reprendre au plus vite les activités de production et de lancement, abandonnées depuis fin mars.

Tout laisse donc penser que, dans un premier temps au moins, le plan de déploiement de la constellation de connectivité sera celui qui était initialement imaginé.

Reste à espérer que cette somme d'argent sera suffisante pour relancer l'intérêt du service, et que les conséquences de la faillite n'impactent pas trop la reprise des activités (les regards se portent notamment sur Arianespace, à qui OneWeb avait commandé 21 lancements de Soyouz et le vol inaugural d'Ariane 6).

Source : Space News

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (4)

Fulmlmetal
Après avoir été éjecté de Galiléo, les anglais seraient capable de retirer les lancements à Ariane et les envoyer à la concurrence<br /> Pour la transformation des sat de comm en sat de positionnement GPS, les anglais vivent dans un autre monde, on ne change pas ocmme ça un sat.
ebottlaender
Quand on est le principal investisseur, subitement tout devient possible ^^<br /> Blague à part, changer de lanceur est bien sûr possible, mais ça pénaliserait amplement la constellation (et Arianespace ne fait pas grande marge sur les tirs Soyouz…) dans le sens où il faudrait re-commander un grand nombre de lanceurs, négocier les prix, adapter le dispositif d’éjection, etc. Tout ça prendrait au moins un à deux ans.<br /> Changer les Satellites, c’est possible mais c’est aussi le bordel. Quid de ceux produits mais pas lancés, et quid de ceux déjà présents dans la constellation ? Je suis personnellement très curieux de voir comment ça va évoluer.
tsiolkovski
Même changer le satellite pour en faire des GNSS parait impossible… Les satellites de géolocalisation un minimum global ont des orbites bien plus haute que celles utilisées par OneWeb (Géostationnaire, ou MEO (~20000km) contre 1200km pour OneWeb).<br /> Mais bon en supposant que ce soit faisable, il faut regarder le coût de la charge utile de géolocalisation, et sachant que c’est une constellation être capable de les produire en série…<br /> Et en supposant que le cout de production passe, réaliser un système de cette ampleur ça se fait pas comme ça, même avec de l’expérience (qu’il n’ont pas vraiment…).<br /> Au final ils auront des satellites de télécom et c’est tout…
Element_n90
Je comprends pas, il finance une partie de Galiléo et on les éjecte du jour au lendemain ? Ils n’ont pas une «&nbsp;part&nbsp;» dans le projet qui leur donne des droits proportionnels à celle-ci ?
ebottlaender
Non, à cause du Brexit ils sont éjectés d’une PARTIE (c’est bien mentionné dans l’article) des services, à savoir ceux réservés aux autorités et le signal militaire. Ils ont accès comme tout le monde à Galileo, et ils auraient pu négocier de rester au sein de la GSA (l’agence européenne qui gère le truc) mais ont préféré claquer la porte unilatéralement et demander de garder tous leurs avantages.<br /> Ils sont surtout furieux car une part importante des satellites était construite chez eux, et ils ne vont plus pouvoir en bénéficier.
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