Facebook va passer à la caisse en France et payer un arriéré d'impôts de plus de 100 millions d'euros

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
24 août 2020 à 14h51
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© Kaspars Grinvalds / Shutterstock.com
© Kaspars Grinvalds / Shutterstock.com

Le réseau social a trouvé un accord avec le fisc français concernant le contentieux qui les opposait depuis 2012 sur les revenus générés dans l'Hexagone.

Facebook France va pouvoir passer à autre chose. La filiale locale de la plateforme sociale a accepté son redressement fiscal à hauteur de 104 millions d'euros, dont 22 millions d'euros de pénalités, nous apprennent nos confrères du magazine Capital. Le litige, qui avait démarré en 2012, portait sur les revenus du réseau social générés sur le territoire avant 2018.

Google et Apple ont aussi conclu des accords avec l'administration fiscale

À l'époque, le fisc avait lancé une série de perquisitions au sein des différents sièges français des grandes entreprises numériques, considérant que celles-ci ne déclaraient pas justement leur chiffre d'affaires réalisé dans le pays.

Cette ardoise de 104 millions d'euros n'est pas sans conséquence. La filiale Facebook France affiche une perte de 88 millions d'euros sur ses comptes 2019, avec des capitaux propres négatifs de 70 millions d'euros.

D'autres géants du numérique présents en France avaient déjà été rattrapés par la patrouille et négocié avec l'administration fiscale. En septembre 2019, Google avait accepté de verser, en deux parties, environ un milliard d'euros au fisc français, pour s'éviter un procès. Plus tôt, en février 2019, c'est Apple qui avait effacé son ardoise, en versant 500 millions d'euros à Bercy, soldant ainsi ses arriérés d'impôts correspondant à une décennie d'activité en France. En un an et demi, le fisc français s'est ainsi assuré de récupérer plus d'un milliard et demi d'euros de recettes fiscales auprès des trois mastodontes.

Facebook déclare bien plus de revenus en France depuis deux ans

Facebook a bien l'intention de rentrer dans le droit chemin. Le patron de la division française du groupe, Laurent Solly, l'avait récemment affirmé sur BFM Business en mai dernier. « En 2017, nous avons décidé de changer notre système de déclaration de revenus. Désormais, tous les revenus de Facebook France, produits par les équipes qui sont installées ici à Paris, sont déclarés en France, facturés par Facebook France et nous payons donc l'impôt sur les sociétés ».

Tout ne serait pas aussi limpide en réalité. L'an dernier, Facebook a dû régler 8,7 millions d'euros au fisc français au titre de la charge d'impôts. C'est quatre à cinq fois plus qu'il y a deux ans, certes, mais cela reste faible, bien que le chiffre d'affaires déclaré en France (il est important de le préciser) est passé de 56 à 747 millions d'euros entre 2017 et 2019.

Facebook paie de plus en plus d'impôts, mais reste un champion de l'optimisation fiscale

Capital estime tout de même que Facebook aurait généré 1,3 milliard d'euros de chiffre d'affaires en France l'an dernier. C'est presque moitié moins que ce qui a été déclaré auprès de Bercy. Ce ne sont pas donc 8,7 millions d'euros que Facebook France aurait dû verser en impôts sur les bénéfices mais plutôt 150 millions d'euros. On reste tout de même sur des proportions bien plus élevées que le géant du streaming, Netflix, qui n'a payé que 600 000 euros pour un chiffre d'affaires estimé à plus de 800 millions d'euros sur la même année.

Facebook reste malin dans son optimisation fiscale, en faisant supporter de lourdes charges à ses différentes divisions internationales, de façon à dégager la marge avant impôts la plus faible possible, afin de limiter l'impôt sur les bénéfices à verser. C'est comme cela que les activités hors-US de Facebook n'ont pesé que pour 23% de la charge d'impôt sur les bénéfices du groupe, au lieu de 79% en réalité.

Et ne croyez pas que Facebook réfléchit à ne diminuer ses dépenses fiscales qu'à l'étranger. Sur ses terres, aux États-Unis, la firme de Mark Zuckerberg a pris la peine de s'immatriculer non pas en Californie mais dans le Delaware, sur la côte est, où la fiscalité est bien plus avantageuse. Officiellement, Facebook soutient l'idée d'une taxation internationale des géants du numérique et les discussions menées (bien qu'entrecoupées) à l'OCDE.

Sources : Capital, BFM Business

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (10)

philumax
Ces entreprises, sont devenues trop riches. Elles sont dominantes et empêchent les autres entreprises de se développer, si elles ne passent pas à la caisse…
SlashDot2k19
C’est un premier pas. Mais faut s’occuper de tous les autres qui font pareil. Et changer les lois fiscales parce que courir après pour récupérer la thune c’est pas tenable pour les finances publiques.
lnho
C’est un holdup organisé.<br /> Nos dirigeants «&nbsp;gueulent&nbsp;» sur les pratiques des GAFAM, mais ce sont eux qui font les lois.<br /> Bref, nos politiques feraient bien de stopper l’évasion fiscale en faisant tomber toutes les niches et autres dispositifs, car je le redis, les pratiques actuelles c’est du racket légal.
Kriz4liD
c’est ça le capitalisme
Fathzer
J’ai fait le calcul avec ma dernière fiche de paie (mon chiffre d’affaire donc, pas mes bénéfices). Tout compris (cotisations et impôts), l’état au sens large a pris 61% de ce que mon (très généreux) employeur a versé. Reste, la TVA et les impôts locaux/fonciers à déduire …<br /> Cela dit, mes enfants sont allés à l’école, certains ont touché le chômage, il m’arrive d’être soigné presque gratuitement … Donc ça ne me choque pas d’être plus taxé qu’une entreprise.<br /> Par contre, vivement qu’on arrive à contrer ces pratiques immorales d’optimisation fiscale.
Keorl
yakafaukon
mcbenny
Un détail sans doute mais ce qu’on considère souvent comme des charges (retenues concernant la sécurité sociale, retraite, assurance chômage, etc.) est en fait de la rémunération différée.<br /> Ne pas oublier que quand on se retrouve au chômage, si on touche quelque chose, c’est cet argent justement. Ce qu’on touche (espérons-le) à la retraite, c’est aussi cet argent là (indirectement). Les frais de santé qu’on ne paie pas, c’est encore ces cotisationas qui les paient.<br /> Alors oui, si on n’est pas malade, qu’on n’est jamais au chômage, on ne le voit pas cet argent, mais les autres le voient et cela contribue au fait que les gens autour sont soignés, continuent à avoir un revenu même sans emploi et donc vivent «&nbsp;normalement&nbsp;» à côté de nous etc.<br /> C’est un système global.
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