L'Agence spatiale européenne continue de parier sur le petit lanceur Vega

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
27 juillet 2021 à 17h45
10
Une vue d'artiste de Vega E, une conception simplifiée par rapport aux versions précédentes. © ESA-Jacky Huart, 2017
Une vue d'artiste de Vega E, une conception simplifiée par rapport aux versions précédentes. © ESA-Jacky Huart, 2017

Alors même que la nouvelle version du lanceur, Vega C, n'effectuera son vol inaugural qu'en 2022 après 4 ans de retard, l'ESA soutient l'industriel italien Avio en commandant le développement de Vega E (Evolution). Grâce à un nouvel étage supérieur, la fusée sera encore plus performante… sans coûter plus cher.

Le 19e lancement de Vega est prévu le mois prochain.

Evolutions sur Evolutions

À l'origine, les Européens souhaitaient attendre que Vega C soit en service et décolle régulièrement pour commander l'évolution suivante, Vega E. Mais pour que cette dernière puisse voler à l'horizon 2025, les autorités de l'ESA ont pris leur décision et signé un contrat de 118,8 millions d'euros avec Avio, l'industriel italien en charge de la maîtrise d'œuvre du programme. Si cette nouvelle mouture tient son calendrier, ce sont pratiquement tous les étages de Vega qui auront changé entre 2022 et 2026 !

En effet, par rapport à la version originale toujours en service (4 étages propulsifs), Vega C apporte déjà :

  • Un nouveau premier étage P120
  • Une nouvelle coiffe en matériaux composites
  • Une évolution de l'étage supérieur (4e étage) AVUM qui devient AVUM+
  • Un nouveau deuxième étage Z-40

Vega E vient donc remplacer le 3e étage et l'étage AVUM+ par un seul étage à propulsion liquide équipé d'un nouveau moteur à propulsion au méthane, nommé M-10.

En 2021, Vega essaie surtout d'honorer avec succès ses contrats... © ESA/CNES/Arianespace/CSG
En 2021, Vega essaie surtout d'honorer avec succès ses contrats... © ESA/CNES/Arianespace/CSG

Vega large spectre

Les évolutions se suivent et se succèdent donc, tandis que les nouveaux contrats ne sont pas légion. Il faut dire que le marché des satellites institutionnels européens est dans un creux et que la réputation de Vega a pris une claque en 2019, puis en 2020 avec deux échecs importants. Avio assure que le programme est de retour sur les bons rails, et le lanceur a réussi son retour sur la scène le 29 avril dernier (prochain vol prévu le 15 août).

Toutefois, si la facture n'évolue pas et que les performances continuent d'augmenter, l'idée est bien sûr de capter de nouveaux marchés, en particulier dans les lancements vers l'orbite basse (LEO), que ce soient des satellites uniques, de petits ensembles et/ou même des essaims de CubeSats en copassagers. Vega C aura une capacité d'emport de 2,2 tonnes en LEO, et Vega E devrait encore augmenter la charge de plusieurs centaines de kilogrammes.

Le secret est dans le moteur ?

La clé de Vega E réside également dans une importante avancée technologique : le petit moteur M-10 (10 tonnes de poussée). Avec l'usage extensif de techniques d'impression 3D, y compris pour la chambre de combustion, il permet une réduction des coûts, et sa conception a été simplifiée.

Il utilisera une propulsion au méthane et à l'oxygène liquide qui offre un très bon rendement poids/puissance ainsi que des simplifications de manipulations en comparaison de l'étage AVUM utilisé aujourd'hui sur Vega, qui utilise le dangereux et polluant couple d'ergols UDMH/N2O4. Ainsi, le M-10 devrait être à la fois moins cher et plus puissant que le couple d'étages Z9 + AVUM qu'il remplace.

Source :ESA

Eric Bottlaender

Spécialiste espace

Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

Lire d'autres articles

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

Lire d'autres articles
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires (10)

Fulmlmetal
En meme temps VEGA c’est tout ce qui reste de viable à l’Europe. 3 lancements depuis le début d’année.<br /> A coté de ça Ariane 5 n’a pas volé depuis 12 mois et Ariane 6 ne cesse d’etre repoussé d’année en année (initialement prévu en 2020 on en est maintenant à 2022) et galère à peine des contrats commerciaux.<br /> Pas de doute, SpaceX a réussi à avoir la peau d’Ariane, la faute d’avoir eu une Europe spatiale completement figée sur ses acquis et sans ambition.
Niverolle
Avec une Ariane 5 en toute fin de production, et une Ariane 6 qui tarde à reprendre le flambeau, c’est certain que ca va devenir de plus en plus tendu !
ebottlaender
Un seul lancement Vega depuis le début d’année (mais 3 de août à août, c’était peut-être cette stat ?)<br /> Pour le reste à vrai dire, mon opinion n’est pas tranchée. Le secteur est en crise, ça ne fait aucun doute, mais on aurait beaucoup plus vu Ariane 5 sans son problème de coiffes.
Fulmlmetal
ah oui je me suis planté dans mes stats, et donc le bilan est encore pire que celui que j’annoncais …<br /> Quand au problème de coiffe d’Ariane 5, c’est tout de meme navrant d’avoir ce type de problème au bout d’une centaine de vol et en fin de carrière d’un lanceur. Ce problème de coiffe me parait plus etre une bonne excuse pour justifier le vide de commande. Et puis à reculer sans cesse AR6 il est clair que le nombre restant d’AR5 ne permet pas un rythme de lancement fréquent.<br /> Toujours est il que le manque de client pour AR6 est flagrant et cette erreur stratégique de ne pas avoir voulu se lancer dans la récupération va se payer chèrement. D’ailleurs l’Europe ne croit tellement pas en AR6 qu’elle lance déja une étude d’un prototype de lanceur récupération. La carrière d’AR6 risque d’etre très courte.<br /> Quand à l’Europe spatiale elle n’est plus que l’ombre d’elle meme, incapable de se mettre d’accord, incapable de choisir le bon concept, incapable de lanceur seul des programme d’exploration , incapable d’atterrir sur Mars (quand les chinois y arrivent du proemier coup), incapable de se lancer dans des programmes habités indépendants, etc …
Niverolle
Tu as des preuves de la rentabilité de la récupération ? Et si oui, à partir de quelle cadence de vol ? Si Space X peut se permettre de maintenir opérationnelle sa chaine de production en parallèle de la récupération, est-ce seulement envisageable pour l’Europe qui vole beaucoup moins (sachant qu’une chaine de production qui tournerait au ralentie serait juste ruineuse) ?
Fulmlmetal
Aucune info sur les gains de la récupération, au pire ça semble nul, au mieux faible.<br /> Mais l’avantage de la récupération semble surtout dans la capacité à augmenter les cadences, et donc faire baisser les couts.<br /> après il faut du client et là c’est le problème car SpaceX a vampirisé le marché, en 2 ou 3 ans il a asséché le marché en lançant trop vite. Mais l’art de SpaceX c’est d’avoir créé son propre marché avec Starlink, ce qui permet de maintenir une cadence élevée et un cout au plus bas. A cela s’ajoute les contrats gouvernementaux (USAF et NASA).<br /> Et Bezos semble suivre ce chemin puisqu’il se lance aussi dans la réutilisation, il fait le forcing pour son atterrisseur lunaire et New Glenn devrait commencer à pointer son nez.<br /> Bref l’amérique a mis le paquet en misant sur le privé et ça porte ses fruits. Et pendant ce temps en europe, bah ça s’effondre. Presque plus de lancement, une AR6 déja dépassée, très peu de contrats, un programme d’exploration minimaliste et toujours en coopération, pas de programme lunaire, … Bref on est largué, on s’est trop reposé sur nos acquis.
Niverolle
Sans lanceur, il n’y a pas de lancement ! Les européens étant seuls responsables de ce hiatus, la concurrence n’est même pas le problème… Quand à comparer les coûts réels d’Ariane 6 avec ceux du Falcon 9 (120 millions de dollars de moyenne pour ses cents premiers vols), cela reste largement spéculatif. Bref, qui vivra, verra…
Fulmlmetal
Les couts annoncés pour Ariane 6 par Arianespace sont de toute façon surement très sous estimé.<br /> C’est un grand classique dans le spatial ou les grands projets, les couts explosent entre les couts annoncés au début du projet et les couts réels en exploitation.<br /> Ne rêvons pas, AR6 ne changera pas la donne, et la preuve en est la quasi absence de contrat commerciaux pour Ariane6 (5 jusqu’en 2025 …). Coté Falcon 9 c’est plein jusqu’en 2023 avec un rythme d’un lancement tous les 15j.
Niverolle
Evidement, comme les satellites Galileo et OneWeb sont déplacés sur Soyouz, ca laisse un gros vide…
Jpd
Évidemment la grossière erreur politique, financière et stratégique à été le Soyouz à Kourou<br /> Merci qui ?
Voir tous les messages sur le forum
Haut de page

Sur le même sujet