Un accord entre SpaceX et la NSF devrait réduire l'impact de Starlink sur l'astronomie

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
17 janvier 2023 à 15h10
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Exemple de "flare" généré par un satellite lors d'une capture d'image astronomique © Caltech Optical Observatories / IPAC
Exemple de "flare" généré par un satellite lors d'une capture d'image astronomique © Caltech Optical Observatories / IPAC

Alors que la constellation de connectivité de SpaceX poursuit son déploiement avec déjà plus de 3 000 unités en orbite, cet accord avec la National Science Fundation (NSF) américaine est un nouveau jalon pour l'observation astronomique. Sera-t-il suffisant ? C'est déjà plus qu'avec d'autres opérateurs…

Une autre association attaque SpaceX en justice pour pollution lumineuse du ciel.

Trouver un terrain d'entente

Avec plus de 3 000 satellites actifs aujourd'hui et une autorisation pour en déployer 7 500 supplémentaires obtenue en 2022, SpaceX va poursuivre la mise en place de sa mégaconstellation de satellites de connectivité internet Starlink. Cela n'a pas empêché, dès les premiers décollages en 2019, les astronomes professionnels comme amateurs de constater les dégâts pour l'observation du ciel et d'alerter sur la situation à venir avec plusieurs milliers d'unités.

Il y avait déjà eu quelques efforts de la part de SpaceX, mais plusieurs chercheurs ont salué ce nouvel accord dévoilé le 10 janvier entre la firme californienne et la NSF, gestionnaire et responsable de grands télescopes américains. Il s'agissait en effet, en l'absence de réglementation stricte sur la question, de limiter l'impact de la constellation sur les observations des professionnels, et en particulier des grands laboratoires.

Grande constellation, petits pas

L'accord s'articule autour de trois mesures et une volonté commune, celle de poursuivre les échanges constructifs pour limiter au maximum l'impact futur de la constellation. Le premier volet, déjà plus ou moins en place, est l'engagement de SpaceX qui s'assure que ses satellites n'ont pas une magnitude inférieure à 7 lorsqu'ils sont positionnés dans la constellation (un satellite devient visible à l'œil nu dans un ciel clair à partir de 6 environ). Cela ne protégera pas les mesures des grands télescopes, mais assure au moins au public américain et mondial une certaine préservation du ciel de nuit.

Ensuite, SpaceX va s'assurer par géolocalisation que ses satellites n'émettent pas lorsqu'ils passent directement au-dessus des observatoires (en particulier radio) pour limiter les perturbations. De plus, les satellites Starlink vont être retirés du catalogue d'éphémérides qui sert aux observatoires pour leurs observations de l'univers par pointage laser. En effet, SpaceX a mené une étude, et il semble que les pointeurs de ces grands télescopes (qui sont connus pour pouvoir perturber quelques capteurs embarqués) ne provoquent pas de gêne particulière au sein de la constellation.

Se passer des mégaconstellations paraît déjà compliqué © Royal Caribbean
Se passer des mégaconstellations paraît déjà compliqué © Royal Caribbean

Discuter ou attaquer ?

Naturellement, ces efforts ne font pas tout. L'impact des mégaconstellations, dont SpaceX n'est finalement qu'un des pionniers (avec OneWeb, dont les 600 satellites en orbite sont moins visibles, mais perturbent davantage en matière de signaux), ne cesse de croître et est encore mal documenté. La situation change vite, et les outils au sol et les stratégies en vol évoluent aussi. Reste que le problème est présent, que les projections sont pessimistes et que les perturbations devraient se renforcer dans les années à venir. Tous les acteurs n'auront pas non plus la réactivité et la clarté d'échange que SpaceX a pu mener avec la NSF. De plus, les discussions s'échauffent déjà autour d'autres acteurs comme Amazon avec Kuiper ou AST Spacemobile avec les gigantesques antennes de ses satellites BlueWalker.

De son côté, dans un mouvement pour obtenir un cadre légal de façon accélérée, l'IDA (International Dark-Sky Association) a attaqué SpaceX en justice afin d'obtenir jurisprudence pour son impact environnemental. L'association argue que la pollution lumineuse retire aux astronomes amateurs et professionnels leur droit de jouir du ciel.

Source : SpaceNews

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (3)

Pck
Merci pour l’article toujours bien éclairé. Certes tout accord sur les Starlinks en orbite est bon à prendre. Mais il faut aussi considérer que le rythme (aujourd’hui) d’environ 50 mises en orbite par semaine signifie, 5 ans après, 50 decays par semaine => En gros, on aurait donc au minimum 50 descentes et 50 montées de renouvellement par semaine. Une mise en orbite et une perte d’orbite prend quelques (x) semaines => on aura donc (x) fois 100 Starlinks en ballade plus ou moins contrôlée entre 100 et 400 km d’altitude et qui n’obéiront à aucune réglementation. Il n’y a que moi que cela questionne depuis un moment? Mes approximations sont subjectives ou n’ont aucun sens? Encore une fois, j’admire cette science et ces technologies de l’espace, je passe ma vie dans la micro-électronique héritée des programmes Apollo (entre autre) mais je reste perturbé par tous les effets de bords négatifs générés.
ebottlaender
Alors ils obéissent bien à une réglementation, mais n’entrent pas nécessairement dans les accords sur la pollution lumineuse, en effet. Et il y a pas mal de transit (il faut plutôt compter sur 4-8 semaines), c’est une réalité. Néanmoins cela pose plus de défis pour la gestion des maillages et du coup des débris/évitements/collisions que pour l’observation, en terme de chiffres finaux.
Pck
Mon propos s’applique effectivement plus à l’accroissement des risques liés aux « débris/évitements/collisions » et là, on chatouille le domino de Kessler ! Autre effet de bord: sur les stations ISS et CSS qui risquent de devoir consommer leur précieux Ergols en jouant les évitements…<br /> Malgré tout, ce « transit » permanent reste bien en capacité de polluer aléatoirement un RDV d’observation et malheureusement… faisons confiance à un autre : Murphy =&gt; cela ne manquera pas d’arriver <br /> Ceci déborde le cadre de votre article qui nous apprend « la réactivité et la clarté d’échange que SpaceX a pu mener avec la NSF » : c’est à souligner
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