Les satellites Starlink pourraient bientôt être impliqués dans 90 % des alertes de collisions spatiales

21 septembre 2021 à 15h46
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Debris spatiaux

Avec 1 700 satellites en orbite, la constellation Starlink représente déjà un risque majeur de collision en orbite basse. C’est ce que démontre une enquête publiée sur le site Space.com, citant plusieurs sources scientifiques. Et les choses ne devraient pas aller en s’arrangeant, puisque les satellites de SpaceX pourraient bientôt être impliqués dans plus de 90 % des alertes !

Des chiffres effrayants qui s’expliquent en réalité par l’ampleur de la constellation Starlink, qui représente déjà près de la moitié des satellites actifs en orbite.

Près de 1 600 passages rapprochés chaque semaine

Dans un récent dossier, nos confrères de Space.com nous révèlent que les satellites de la constellation Starlink sont impliqués, chaque semaine, dans près de 1 600 « rencontres rapprochées » avec d’autres satellites ; un terme qui désigne un croisement à moins d’un kilomètre. Une distance qui peut sembler importante, mais qu'il convient de relativiser dès lors que la localisation de certains satellites et débris n'est précise qu'à quelques centaines de mètres.

D’après le chercheur britannique Hugh Lewis, ces passages très rapprochés représentent déjà un risque majeur de collision spatiale, particulièrement entre les satellites de SpaceX eux-mêmes, puisque les deux tiers des alertes concernent des passages rapprochés entre deux satellites Starlink.

Pour l’instant, aucune collision n’a été relevée sur la constellation, même si plusieurs Starlink ont déjà dû effectuer des manœuvres d’évitement. Mais pour le chercheur, le risque ne fera que s’accroître. Si SpaceX arrive effectivement à déployer les 12 000 satellites de première génération, alors la compagnie d’Elon Musk devrait être impliquée dans près de 90 % des risques de collision. En conséquence de quoi, la société privée SpaceX aura quasiment le « monopole » sur la sécurité de l’orbite basse.

Quand SpaceX domine l’orbite basse

Les chiffres parlent en effet d’eux-mêmes. Selon les estimations, il y aurait actuellement entre 6 500 et 7 300 satellites en orbite, sans compter les étages supérieurs de lanceurs et autres débris. Sur ce nombre, un peu plus de 3 500 seraient actifs, dont 1 700 pour le seul réseau Starlink ! Et depuis quelques années, le nombre de satellites intégrés à chaque lanceur augmente significativement. En attendant que d’autres opérateurs déploient également des méga-constellations, c’est bel et bien SpaceX qui dominera l’orbite basse par le nombre de ses satellites.

Pour les autorités qui gèrent les risques de collision spatiale, ce « monopole » représente un véritable danger. En effet, SpaceX n’opère des satellites que depuis deux ans, et se retrouve déjà responsable de la sécurité collective en orbite basse malgré un certain manque d’expérience. De plus, la compagnie d’Elon Musk compte sur l’automatisation des protocoles d’évitement, ce qui modifie régulièrement les orbites des satellites et complexifie en permanence les calculs de trajectoires de collision.

Enfin, SpaceX reste un acteur privé, et chaque procédure d’évitement consomme du carburant, et réduit la durée de vie des satellites. Face à un débris dont la position exacte n’est pas connue précisément, un opérateur privé pourrait être tenté de conserver sa trajectoire en espérant éviter la collision. C’est d’ailleurs ce qui s’était passé en 2009 quand, malgré l’alerte, Iridium avait choisi de ne pas intervenir, entrainant la collision entre Iridium 33 et Kosmos-2251. Et l'attitude de SpaceX lors d'évènements passés semble en effet démontrer que la firme américaine ne place pas du tout son curseur de risque au même niveau que les entités étatiques.

Un problème international

En tant que premier gros opérateur de méga-constellation, SpaceX est naturellement soumis au feu des critiques. Toutefois, les risques évoqués par Hugh Lewis ne concerneront pas la seule entreprise d’Elon Musk. Kuiper, la constellation concurrente d’Amazon, pourrait compter plus de 3 000 satellites. Telesat et OneWeb comprendront plusieurs centaines de satellites, et le futur réseau militaire américain pourrait se reposer sur plusieurs milliers de satellites « consommables ».

Même en automatisant les détections et les procédures d’évitement, il sera statistiquement très compliqué d’éviter des collisions, qui créent un nombre gigantesque de débris qui, contrairement aux satellites actifs, ne peuvent être déviés d’une trajectoire de collision. Or, la majorité des débris actuellement en orbite basse résultent de deux évènements uniquement, la destruction volontaire d’un satellite chinois en 2007, et la collision accidentelle (mais évitable) de 2009, récemment complétés par les conséquences d'un essai indien de 2019.

Les initiatives de désorbitation volontaire, de remorquage ou de ravitaillement spatial pourraient permettre d’éviter que les dizaines de milliers de nouveaux satellites ne deviennent autant de débris incontrôlables d’ici quelques années. D’ici là, il faudra impérativement renforcer les efforts de coordination à l’échelle internationale, entre opérateurs privés, militaires et publics, afin d’éviter un effet domino dévastateur sur l’ensemble de l’orbite basse.

Débris spatiaux : une menace bien réelle © NASA Orbital Debris Program Office
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Commentaires (31)

UncleJul
Aller, 2 nukes bien placés en orbite basse et on en parle plus. Et en plus aux frais des contribuables Russes et Chinois.
PiNgOa
Faire des véhicules qui évitent les collisions sur terre et des satellites qui en créent dans l’espace… c’est un concept !
Proutie66
Non mais de base Starlik est une stupidité sans nom.<br /> La fibre, la 5G, sont suffisant.<br /> Comment cette société peut balancer 1800 satellite avec 0 rentabilité, mais qui finance ça…
ZiwiPeak
J’aimerais bien voir l’analyse de risque du projet ^^’
zeebix
Et encore, même en France il y a des zones blanches.
Proutie66
C’est censé être insultant ? Non parce que , c’est forcément le discours d’un français, vu qu’on est, tu sais, en France, sur un site français.<br /> Et je t’invite à observer le taux de couverture 4G / Fibre / adsl (car franchement, starlink crache quedal niveau débit) des pays «&nbsp;industrialisés&nbsp;».<br /> Edit modo : On va éviter les reglements de compte en public, merci.
Proutie66
Ouais, 4G box. (3 fois moins cher, perf supérieure)<br /> Après si tu as ni 4G, ni adsl, ni fibre, l’article devrait te faire comprendre le rapport intéret / nuisance de Starlink.
gothax
Comment peut-on privatiser l’espace sans autorisation mondiale ni rendre de compte à personne! C’est déprimant
carinae
Ceci étant il n’a pas tort. Avec des constellations de ce type la, vu le nombre de satellites, bientôt on ne pourra plus rien envoyer en orbite. Et tout ça pour quoi? Avoir internet au fin fond de la campagne. Pas sûr que le risque, ni le modèle économique, en vaille la chandelle
zeebix
Je suis d’accord avec toi pour tout ça, je disais juste qu’en France il y a des zones sans 4g ou même 3g. Encore moins fibré.<br /> Après je trouve pas pour autant que ça justifie de polluer autant l’espace pour ça…
juju251
UncleJul:<br /> Aller, 2 nukes bien placés en orbite basse et on en parle plus. Et en plus aux frais des contribuables Russes et Chinois.<br /> Ou comment ajouter encore aux débris existants (et un tas de conséquences en prime) …<br /> Faire sauter une bombe nucléaire dans l’espace n’est pas vraiment une bonne idée, certains ont déjà essayé et ont eu des problèmes selon la formule consacrée …<br /> fr.wikipedia.org<br /> Starfish Prime<br /> Pages pour les éditeurs déconnectés (en savoir plus)<br /> Starfish Prime est le nom de code donné à un essai nucléaire préparé par la Commission de l'énergie atomique des États-Unis et de la Defense Atomic Support Agency (qui deviendra la Defense Nuclear Agency en 1971) et réalisé le 9 juillet 1962 à une altitude de 400&nbsp;km, considérée par la Fédération aéronautique internationale comme étant située en dehors de l'atmosphère terrestre.<br /> L'essai s'inscrit dans le cadre de l'opération Dominic, un...<br />
dvaid
C est clair: apporter internet partout pour toujours plus consommer, puis finir piégé sur une planète dépouillée. Pas mal comme concept, et tout ça pour obtenir quelque chose d aussi abstrait que de l’argent <br /> En plus, ils auraient pu appeler la constellation Skynet
Blackalf
dvaid:<br /> En plus, ils auraient pu appeler la constellation Skynet <br /> Bin…ça a existé en Belgique, et le nom a effectivement été choisi d’après le film Terminator. J’ai eu pendant quelques années une adresse mail [email protected] <br /> fr.wikipedia.org<br /> Proximus Skynet<br /> Pages pour les éditeurs déconnectés (en savoir plus)<br /> Proximus Skynet ou Skynet est à l'origine un fournisseur belge d'accès à Internet. Depuis, la société a évolué pour devenir un fournisseur de services de contenu internet et de solutions publicitaires.<br /> Skynet est fondé par Jean-Guillaume Zurstrassen, son frère José Zurstrassen et Grégoire de Streel en janvier 1995 avec une modeste installation. Le nom Skynet est choisi en référence au réseau informatique qui contrôle les machines pour é...<br />
Cynian90
Si les ingénieurs de SpaceX et de l’institution de régulation de l’espace américaine ont bien fini l’école primaire, ils auront déjà inclut ces risques de collision dans leurs modèles et ont déterminé que c’est faisable, un élève de lycée pourrait faire ces calculs.
Fulmlmetal
C’est vrai que les américains eux ne se prennent pas pour le centre du monde, notamment Starlink qui décide de polluer l’espace pour leur unique intéret.<br /> Le fait est que c’est bien une réalisé que beaucoup (qu’on a traité d’anti Musk et de Hater) ont signalé depuis un bon moment et aujourd’hui, à seulement 1700 sat, soit à peine 10% de ce que veut faire Starlink, on commence à se rendre compte concretement du problème.
Fulmlmetal
oui il y a des zones blanches et il y en aura toujours, surotut en montagen ou en zone très reculée et très très peu peuplé. Mais doit on polluer le ciel entier pour une minorité de gens, qui pour une partie, s’en fiche d’Internet et recherche une cadre de vie simple.
Fulmlmetal
«&nbsp;Comment peut-on privatiser l’espace sans autorisation mondiale ni rendre de compte à personne! C’est déprimant&nbsp;»<br /> Faut juste etre américain …
beubeu
Comment un tel dossier peut passer devant des experts sans soucis ? (oui bon ok, la réponse est «&nbsp;argent&nbsp;»)<br /> Je veux dire, un article comme celui ci aurait été parfait AVANT la mise en orbite, il n’y a pas a être ingénieur bac +12 pour comprendre que mettre 1800 (3000 donc) de satellites en plus en orbites va drastiquement compliquer les choses …<br /> Parceque quand un satellite vraiment utile (et pas ces trucs sorties d’une idée lumineuse d’un riche fou) aura éclaté à cause d’un débris, là on sera dans la merde, et ça ne sera pas le cas d’un troufion perdu au fond de la planète qui a un beau forfait starlink pour aller sur FB et compagnie.<br /> Il va vraiment falloir faire un article sur l’utilité des satellites, ceux déjà en orbites avant starlink, ça aiderait beaucoup de monde à comprendre…
Gab1
Ça c’est si on raisonne occidentaux. Passé cela, il y a dans le monde de très très nombreuses personnes qui veulent/voudront être connectées et qui sont dans des zones avec peu d’infrastructures réseau. Alors oui, pour ces personnes le coût actuel de starlink ou assimilés est bien trop élevé. Mais ça baissera.
obbiclubic
Entre 6 500 et 7 300 … l’une des hontes de l’humanité. Mais continuons dans ce sens … le progrès c’est «&nbsp;fun&nbsp;» et ca rapporte.
Droopy55
Et américains!!!
dvaid
Tant qu’il n y a pas d accidents en cascade
Gh0st_D0g
Et si c’est ce qu’il cherche à faire ? <br /> Le moment venu, lui et son pote Bezos iront rejoindre leur base secrète sur Mars, nous laissant tous derrière, bloqué sur une Terre en piteux état…
Jsp75
Les Fan de Musk n’arrêtent pas de dire qu’il est génial, qu’il va sauver la planète. Il fut un temps, je pensais la même chose. Je me disais: «&nbsp;il est trop fort le gars&nbsp;». Sérieux, je le mettais vraiment sur un piédestal.<br /> Mais plus il avance, plus je me dis qu’il fait partie du problème et pas de la solution.<br /> «&nbsp;Au nom de l’écologie&nbsp;», il a promu le véhicule électrique. Avec le recul, on sait que le seul acte écolo est de ne pas acheter de véhicule si on en a pas besoin… Bon il vend des bagnoles et l’objectif affiché c’est d’en vendre encore plus. Arrêtons de nous raconter des histoires. L’écologie, c’est l’écran de fumée. Il est bien dans le mode de concurrence capitaliste qui vise à prendre des parts de marché à la concurrence. Ce n’est pas Mère Téresa.<br /> Il promeut la conquête spatiale, veut aller sur Mars, ça fait rêver. On a vu plein de films là dessus (j’adore Total Recall)… Bon, aller sur Mars, c’est beau, c’est pas pour tout de suite et en attendant, on suffoque ici sur terre. Possible qu’on ait pas le temps de vivre pour y arriver…<br /> Il lance sa galaxie de satellites pour promouvoir «&nbsp;le progrès de l’internet&nbsp;» au fin fond du Tadjikistan. Dans cet acte samaritain, il a omis l’impact sur la liberté à disposer du ciel, emm… Les astrophysiciens ne lui disent pas merci (mais on s’en fout des astrophysiciens, Musk a toujours la solution pour les remplacer).<br /> Et cet article le souligne, un peu comme les batteries des bagnoles, on a pas encore pensé la case poubelle… J’entends d’ici les commentaires: «&nbsp;mais si il a une solution, il a pensé à tout, c’est un génie&nbsp;». En attendant, pour le Tadjik, c’est encore un peu cher, va falloir se cotiser.<br /> Désolé, faut rebrancher le cerveau 5 minutes et laisser de côté l’optimisme béat. Toute cette débauche de projets, d’annonces doivent être regardées avec le plus d’esprit critique possible. En regardant les rapports du GIEC, force est de constater que ces gens là, Musk et d’autres (il est pas tout seul dans cette forme de mégalomanie) ne sont que les musiciens de l’orchestre du Titanic.<br /> 5 minutes avant les commentaires des fans…
sirifa
J’hésite entre de l’humour ou une incompréhension de la mécanique balistique.
Fulmlmetal
Tout est dit, c’est tellement bien résumé et analysé.<br /> Musk c’est juste un businessman qui veut faire du pognon, peu importe que ça emmerde le monde entier, peu importe que ca pollue, c’est l’argent avant tout.<br /> Sa horde de fans pourront crier au génie et au visionnaire écolo, c’est juste une façade, il se sert des fans pour véhiculer cette image et pour couvrir sa soit de reconnaissance et d’argent la faire passer pour juste au nom d’une certaine écologie et pseudo écologie.
Fulmlmetal
justepourlefun:<br /> Allez, je prend mon suv diesel et je vais profiter de ce qu’il reste de la méditerranée. Bonne journée<br /> Je te rassures, il te faudra beaucoup rouler avec ton SUV pour polluer autant que Musk et ses Falcon 9.
Martin_Penwald
Autant en rigoler : un des buts avoués de Starlink est de financer une mission vers Mars. Il serait cocasse que la constellation Starlink rende l’orbite terrestre intraversable.<br /> Chipotage pédantesque : c’est dommage de ne pas nommer le syndrome de Kessler dans un article sur le syndrome de Kessler.
Blackalf
C’est plus fort que moi, mais je ne peux pas m’empêcher de comparer le projet de bases/villes sur Mars à Rapture, et Elon Musk à Andrew Ryan. ^^
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