Un débris spatial endommage le bras articulé de l’ISS sans faire de dégâts... pour cette fois

03 juin 2021 à 10h05
22
L'impact sur le Canadarm-2 est clairement visible sur ces clichés. Crédits : ASC/CSA
L'impact sur le Canadarm-2 est clairement visible sur ces clichés. Crédits : ASC/CSA

À la fin de la semaine dernière, l’Agence spatiale canadienne a révélé que le bras articulé qui équipe la Station spatiale internationale a été perforé par un débris spatial à une date inconnue. Les dégâts causés n’empêchent pas l’utilisation de Canadarm-2.

Mais cet incident rappelle que le risque de collision dramatique augmente chaque jour un peu plus en orbite basse.

Un impact sans gravité…

Le 12 mai dernier, en réalisant une inspection de routine, l’équipage de la Station spatiale internationale a remarqué que le bras manipulateur téléopéré de la station était perforé au niveau de son revêtement extérieur. Fourni par le Canada, et dérivé du modèle qui équipait les navettes spatiales, le Canadarm-2 ne semble pourtant pas souffrir de cet impact, qui n’a donc endommagé aucun système essentiel de cet équipement.

Pour les responsables de l’Agence spatiale canadienne (ASC/CSA) et ceux de la NASA, il s’agit donc d’un lucky strike, un évènement hautement improbable compte tenu de l’épaisseur du Canadarm (35 cm de diamètre), qui n'a heureusement pas provoqué de pannes sur cet équipement essentiel de la station.

… qui soulève de sérieuses questions

Pour l’heure, rien ne permet de savoir si cet impact a été causé par un débris d’origine humaine ou par une micrométéorite. Mais si le même impact avait eu lieu sur des éléments plus sensibles de l’ISS, les dégâts auraient pu être plus importants. Pour l’ASC et la NASA, il ne s’agit cependant pas d’être alarmiste. La Station n’en est effectivement pas à son coup d’essai, comme l’atteste notamment un impact visible sur l’une des fenêtres de la coupole d’observation. De plus, l’ISS modifie régulièrement sa trajectoire afin d’éviter les plus gros débris.

Si les objets de plus de 10 cm peuvent littéralement déchiqueter l’ISS, ce sont également ceux qui sont les plus faciles à traquer et à éviter. En dessous d’un centimètre, un débris ou une micrométéorite pourrait endommager les composants externes de l’ISS, comme le Canadarm-2. Par contre, les objets de plus d’un centimètre, qui restent très difficiles à suivre, pourraient percer les boucliers des modules d’équipage de la station, entrainant des fuites qui pourraient conduire à la condamnation de certaines parties de l’ISS.

Dans les années à venir, ce sont ces petits débris d’origine humaine qui présentent un risque croissant de collision, que ce soit avec des stations habitées ou des satellites. Alors que les mégaconstellations promettent de mettre en orbite des dizaines de milliers de satellites, la moindre collision accidentelle pourrait entrainer une réaction en chaîne catastrophique pour tout ou partie de l’orbite basse. On comprend mieux, dès lors, l’importance des programmes de nettoyage orbital.

Depuis les années 60, la question d'une possible collision accidentelle en orbite était posée comme une hypothèse. Le 24 juillet 1996, le satellite français Cerise sera le tout premier à en faire les frais… Heurté par un débris de fusée Ariane, qui avait elle-même envoyé en orbite un fleuron du CNES.
Lire la suite

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires (22)

SlashDot2k19
Quand il y aura des milliers nouveaux de satellites lancés par des sociétés privées et des gouvernements, ça va être problématique pour envoyer des astronautes sur la Lune ou ailleurs…
malak
Faudra-t-il attendre un accident mortel pour qu’une réglementation draconienne se mette en place?<br /> Actuellement, on le qualifie encore d’évènement hautement improbable, mais encore quelques années et dizaines de milliers de satellites et ça changera… jusqu’à ne plus pouvoir mettre un seul homme en orbite.
Wen84
«&nbsp;jusqu’à ne plus pouvoir mettre un seul homme en orbite&nbsp;» =&gt; Ca me parait hautement exagéré.<br /> Quant à la réglementation, ça va etre dur à mettre à place, mais à terme j’espère qu’on peut compter sur l’intelligence des gens qui envoient des trucs dans l’espace… tout ceux qui veulent envoyer des satellites ou n’importe quoi, nation ou entreprise, seront impactés négativement par ces débrits, donc…
Remoss
C’est là encore la confirmation que l’être humain n’est pas aussi «&nbsp;intelligent&nbsp;» que cela, car incapable d’explorer un nouvel environnement sans le polluer ou dégrader sa condition initiale…
YSmaldore
En soi, le problème n’est pas forcément le nombre de satellites, mais le contrôle de leur orbite et leur désorbitation en fin de vie. Si 400.000 satellites en orbite basse tournent sans jamais se frôler, avec un contrôle unifié de leur orbite et une autorité unique (comme pour le contrôle aérien en fait), ce sera moins «&nbsp;grave&nbsp;» que si on se limite à 30.000 satellites mais que deux d’entre eux se percutent au bout de quelques années. Cela créera des centaines de milliers de débris qu’il sera juste impossible de suivre, et ce sur des orbites surchargées.
malak
YSmaldore:<br /> mais le contrôle de leur orbite et leur désorbitation en fin de vie.<br /> Le problème, c’est justement que c’est impossible d’avoir 100% de réussite… suffit de regarder Starlink, le nombre de sat «&nbsp;perdus&nbsp;» est déjà énorme alors qu’ils sont jeunes.<br /> Même si on limitait les pertes à 10% à moyen terme, ça ferait un nombre très conséquent de débris possibles, et les collisions entrainant toujours plus de débris, cela fera effet boule de neige à long terme.
malak
phys.org<br /> About 3% of Starlink satellites have failed so far<br /> SpaceX has drawn plenty of praise and criticism with the creation of Starlink, a constellation that will one day provide broadband internet access to the entire world. To date, the company has launched over 800 satellites and (as of this summer) is...<br /> C’est 3% de complètement perdus et incontrôlables peu de temps après leur lancement. Ce % ne va faire qu’augmenter avec le temps.
Remoss
donc c’est au final un manque d’intelligence vis à vis de sa propre espèce
glandeuranon
Pardon, y’a que moi qui ne comprends pas le titre?
Palou
@Fatima : STOP à la bêtise de tes commentaires, celui-ci a été effacé !
jcc137
Bien moi aussi je me pose la question de savoir comment on peut endommager (donc causer des dommages) un objet sans faire de dégâts ???
Martin_Penwald
Ça fait quelle taille, incluant les panneaux solaires, un satellite StarLink ?<br /> Parce que dépendamment de l’altitude à laquelle ils deviennent incontrôlables, ils peuvent a priori rester en orbite seulement quelques jours, ce qui reste gérable, ou quelques années, ce qui est problématique.<br /> Page pour le calcul :<br /> https://www.lizard-tail.com/isana/lab/orbital_decay/
Martin_Penwald
Une éraflure sur la peinture ne compromet pas les fonctionnalités d’une voiture. Vu la photo, c’est ce qui semble être arrivé ici. Le revêtement extérieur a été endommagé, mais le bras reste opérationnel à 100%. Bien sûr, il faudra envisager de réparer le revêtement car il sert à la protection des mécanismes, mais ça n’est pas une question de vie ou de mort dans la seconde.
jcc137
Le titre ne précise pas que c’est le revêtement qui a été endommagé, mais le bras. Évidemment c’est moins racoleur…
glandeuranon
C’est à dire qu’endommager veut plus ou moins dire faire des dégâts, donc faire des dégâts sans faire de dégâts, je l’ai pas. Note qu’érafler la peinture c’est un dégât, même si ça n’empêche pas le système de fonctionner.
Element_n90
Qu’en est-il des panneaux solaires de l’ISS ? Vu leurs tailles, c’est eux qui ont statistiquement le plus de chance de rencontrer des débris, ils devraient donc avoir pas mal de marques.
rexxie
De ton lien, beaucoup de satellites perdus l’ont été au déploiement, leurs moteurs ne se sont pas activés. Or ils n’étaient qu’à environ 350 km de hauteur, sous la limite de l’orbite basse, et se désorbiteront facilement.<br /> On y dit aussi que ça prend entre 1 et 5 ans aux satellites inertes de l’orbite basse à retomber naturellement et se consumer dans l’atmosphère.<br /> L’orbite basse est définie dans la couche entre 500 et 2000 km.<br /> Les Starlink évoluent à 550 km, et dés lors, un satellite qui ne manoeuvre plus retombera relativement rapidement.
YSmaldore
Définition de «&nbsp;dégât&nbsp;» par le Larousse: «&nbsp;Dommage important causé par quelqu’un ou quelque chose&nbsp;», ou «&nbsp;Dommages […] dus à un cataclysme, accident…&nbsp;».<br /> Définition de «&nbsp;dommage&nbsp;» par le Larousse: «&nbsp;Dommage matériel causé à quelque chose&nbsp;», tout court.<br /> Les deux mots sont plus ou moins synonymes, même s’il y a une certaine gradation dégât &gt; dommage. Comme pour tous les quasi synonymes, c’est bien évidemment discutable et soumis à interprétation.<br /> Précisons cependant que souvent, en aéronautique, «&nbsp;dommage&nbsp;» intègre les conséquences superficielles (rayures, dommages causés sur les revêtements, etc.), tandis que «&nbsp;dégâts&nbsp;» se prête un peu mieux aux dommages structurels plus importants, avec des conséquences fonctionnelles. Encore une fois, c’est loin d’être une généralité, notamment du fait qu’en anglais (l’autre langue de référence en aéro/astronautique), il n’y a pas de nuance entre les deux termes.<br /> Le titre initial comportait la mention «&nbsp;sans faire de dégâts à la station&nbsp;», mais les contraintes de place m’ont poussées à le raccourcir.
glandeuranon
Y’avait pas d’autre titre moins ambigu? Genre " Un débris spatial heurte le bras articulé de l’ISS sans faire de dégâts… pour cette fois", ça respecte la taille du titre et c’est beaucoup plus clair.
YSmaldore
Si, sans doute. Personnellement, évoluant depuis longtemps dans le milieu aéronautique, je n’ai pas vu l’ambiguïté avant qu’elle ne soit soulignée ici.<br /> Et si j’avais utilisé votre formulation, il y a bien quelqu’un qui aurait dit dans les commentaires : «&nbsp;Comment dire que ça heurte sans faire de dégâts alors que la photo montre clairement un trou dans le bras?&nbsp;» <br /> Peut-être en mettant «&nbsp;Un débris spatial transperce le bras articulé de l’ISS sans faire de dégâts… pour cette fois&nbsp;» ?<br /> Quelque chose comme ça ?<br /> Bref, l’exercice de la clarté dans un volume de caractères restreint n’est jamais évident. Je serais plus prudent la prochaine fois en tous cas
Voir tous les messages sur le forum
Haut de page

Sur le même sujet