Internet par Starlink : comment ça marche et qu'en disent les premiers utilisateurs ?

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 07 novembre 2020 à 13h13
Une antenne Starlink à l'aube d'un nouveau service... Crédits SpaceX/Starlink
Une antenne Starlink à l'aube d'un nouveau service... Crédits SpaceX/Starlink

Les déploiements ont commencé pour un public ciblé, et les premiers retours utilisateurs sont unanimes concernant la qualité du service. À quoi s'attendre alors que la constellation doit encore croitre avant une commercialisation globale ?

Le tarif, en tout cas, ne semble pas rebuter les utilisateurs d'Amérique du Nord.

Une soucoupe pas volante

C'est un imposant carton de presque un mètre de long sur la moitié de large que reçoivent les premiers utilisateurs du réseau Starlink, pour 499 dollars (et 99 dollars d'abonnement mensuel). Dans le « package » de SpaceX, c'est bien l'antenne et son trépied qui prennent le plus de place.

L'installation est conçue pour être facile à mettre en place, et une fois alimentée, l'antenne se positionnera seule pour détecter les satellites. Elle est reliée par un long câble dual Ethernet-power (plus de 20 mètres), qui se raccorde à l'alimentation fournie. Il suffit ensuite de relier l'élégant petit boitier routeur à la même alimentation. Une fois configuré, ce dernier émet en Wi-Fi.

Selon les utilisateurs, la mise en œuvre de la première connexion prend entre une et quinze minutes, après quoi les délais sont beaucoup plus courts si le système est fixe avec une vue du ciel dégagée (cela varie si vous vous promenez avec dans une forêt de pins, car oui évidemment, certains ont testé). Dans la lignée des produits Tesla, la réflexion sur le design utilisateur est au rendez-vous ici.

Mieux que rien

Pour le début de cette phase bêta publique, nommée « Better than Nothing » (Mieux que rien), une majorité de commentaires sont dithyrambiques. Les utilisateurs n'hésitent pas à poster leurs tests sur différentes plateformes, en particulier sur Reddit.

Et en effet, le système se déploie vite. Les débits mesurés dépassent généralement les 100 Mbps (12,5 Mo/s, download), ce qui s'établit dans la fourchette haute de ce que SpaceX présente dans sa documentation destinée aux bêta-testeurs. Les latences, elles, évoluent entre 30 et 45 ms, ce qui, sans atteindre les meilleures performances des réseaux terrestres, permet théoriquement aux « starlinkiens » de jouer en réseau dans de très bonnes conditions. Comme le précise Ars Technica, ces caractéristiques sont supérieures à celles que proposent les concurrents actuels des autres services satellitaires comme ViaSat ou HughesNet (moins de 25 Mbps en download, 3,3 Mbps en upload et une latence entre 640 et 730 ms).

Fini les zones blanches

Il faut cependant noter que peu de terminaux sont entrés en service pour le moment. Elon Musk annonce que plusieurs milliers de boitiers seront déployés d'ici la fin du mois… Mais SpaceX semble pour le moment favoriser les utilisateurs dont le profil correspond le mieux au service Starlink actuellement disponible : des communautés isolées, mal desservies par les opérateurs américains ou n'ayant tout simplement jamais eu accès au haut débit. L'objectif, même s'il a parfois été mal compris en France, n'est pas d'entrer en compétition avec la Fibre.

Réservé pour l'heure à quelques états américains du Nord (Idaho, Michigan, Minnesota, Montana, Oregon, Washington et Wisconsin), le service Starlink est encore amplement sujet à des coupures de réseau lorsque l'antenne « saute » d'un satellite à un autre. Pour certains bêtatesteurs cela n'a représenté des déconnexions que de quelques secondes (transparentes en streaming de vidéo ou en navigation) mais pour d'autres cela a vite constitué un problème. Un utilisateur en Idaho a ainsi rapporté qu'il ne pouvait se connecter au portail de Star Citizen, ou passer un appel en vidéo durant plus de quelques minutes sans déconnexion/reconnexion.

Pour SpaceX, cette bêta permet aussi à Starlink d'occuper le terrain, en attendant que la couverture satellitaire proposée soit plus dense. En effet, si la plupart des médias relèvent bien qu'il y a plus de 800 satellites en orbite, ils oublient qu'il n'y en a environ que 500 à 530 effectivement actifs et à leur emplacement définitif dans le grand « maillage » que SpaceX tend à réaliser autour de la Terre pour une couverture idéale. Un meilleur maillage et d'éventuelles communications inter-satellites permettront donc de réduire les latences.

Les profits sont pour plus tard

Quoi qu'il en soit, les utilisateurs cibles ne récriminent pas pour le tarif du matériel de Starlink. Sur Reddit, l'un d'eux explique même « pour un smartphone qui m'a coûté 1 000 dollars, je peux bien investir 500 dollars sur un matériel de cette qualité ».

Ajoutons que pour plusieurs observateurs spécialisés des réseaux, la technologie d'antenne à commande de phase (phased array antenna en anglais) que distribue SpaceX est probablement vendue à perte, à moins d'une exceptionnelle percée sur les composants et l'assemblage en chaîne de ces produits. Mais il ne faut pas oublier que pour un client du service, ce sont aussi 1 188 dollars d'abonnement qui sont déboursés chaque année. De quoi rapidement transformer les quelques milliers d'utilisateurs du bêta-test en investisseurs sur ce nouveau réseau ? D'ici la fin de l'année, la plus grande source de revenus pour Starlink restera… La défense américaine.

Source : Ars Technica, PC Mag

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (10)
Fulmlmetal

Les résultats sont interessants mais à prendre avec des pincettes malgré tout car meme si le réseau n’est qu’à 500 sat sur 12000, soit 4%, il faut préciser que les beta testers sont très rares et qu’une fois le réseau ouvert au marché commercial mondial, il y a un risque dans les zones à fortes populations comme l’amérique du nord ou l’europe de voir jusqu’à 10000 utilisateurs sur la meme bandes passantes dans une zone et là le débit pour chacun risque de chuter fortement, à l’image du wimax qui a été très décevant face à des promesses mirobolantes. Et je doute que l’augmentation des sat jusqu’à 12000 ne compense l’arrivée massive (en cas de succès) de clients.
De même on sait que les transmissions par et vers les sat sont très perturbés par la météo (surtout pluies et neige) il serait donc interessant de voir ce que cela donne dans ces conditions.
Attention aussi aux données postés sur Reddit ou autres, on ignore s’il s’agit de résultats basés sur des moyennes ou des meilleurs scores (je penche plutot sur ce dernier cas).
Bref il faut rester encore très réservé sur ce réseau, qui a le mérite indiscutable d’exister et proposer un accès rapide à tous, mais attention aux fausse joie, il n’est pas certain que ces chiffres s’améliorent au bout du déploiement.
Quoi qu’il en soit, je suis en fibre, 9x plus rapide, moins cher, plus stable, donc pour ma part je n’ai aucune raison d’être interessé. Le réseau Starllink doit vraiment etre réservé à ceux qui n’ont pas d’autres solutions. Evidemment les fans de Musk préfèreront Starlink à la fibre mais ça c’est une autre histoire …

Trentreznor

45ms, je ne dirait pas que ça suffit pour jouer dans de « très bonnes conditions ». Mais pour le reste c’est largement suffisant. Curieux de voir si les débit arrivent à rester correctes avec un nombre d’utilisateurs conséquent.

nirgal76

Est-ce que l’on sait s’ils les abos seront limités en data ? (ou plusieurs forfait dont certains limités et un illimité ?)

Fulmlmetal

A ma connaissance aucune info sur ce point, et ce sera effectivement un point crucial car les opérateurs sat et Hertziens ont souvent tendances à limiter les data par mois.

KlingonBrain

Quoi qu’il en soit, je suis en fibre, 9x plus rapide, moins cher, plus stable, donc pour ma part je n’ai aucune raison d’être interessé. Le réseau Starllink doit vraiment etre réservé à ceux qui n’ont pas d’autres solutions. Evidemment les fans de Musk préfèreront Starlink à la fibre mais ça c’est une autre histoire …

Même si on est bien couvert en fibre, pour ceux qui dépendent de leur connexion pour du professionnel, ça peut être intéressant d’avoir une option de secours en cas de pépin.

Wen84

L’important c’est la tentative, l’exploration. Je suis pas « fan de Musk », mais le mec se pose comme quelqu’un qu’i cherche à bouger les lignes.

Bombing_Basta

45ms c’est un ping ADSL commun…

Fulmlmetal

L’argument est un peu léger. T’as pas trouvé mieux ?

Fulmlmetal

Pour un gamer ça reste faible et ça peut faire la différence entre mourir ou vivre dans un fight. Parce que l’argument de la latence à part pour les gamers ça n’a pas trop d’intérêt majeur.

dvaid

Pourquoi y aurait il une saturation alors que le reseau n a pas pour objectif de remplacer la fibre. Rien que le coût de la communication est sans commune mesure et nécessite une maintenance permanente.
Pourquoi encore parler de fans de musks (il t a fait du mal ?) ?
Les bêta-testeurs sont peut-être juste fan du service, parceque 2 secondes de latence ca fait bcp pour les autres services par satellites quand on n a pas accès a un autre réseau.