Pour créer le Skype ou Spotify du futur, la Suède mise sur le développement durable

08 décembre 2015 à 09h26
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Des compagnies numériques à renommée mondiale comme Skype ou Spotify sont nées en Suède. Le pays scandinave espère que d'autres entreprises suivent la même trajectoire. De par l'originalité du modèle qu'elle propose, la Suède essaie de porter des clés pour favoriser l'innovation.

Skype et Spotify sont des géants dans leurs domaines. Bien que Skype ait été racheté par Microsoft, ces deux compagnies n'en restent pas moins nées sur le sol suédois. C'est aussi le cas d'autres technologies comme le pacemaker (stimulateur cardiaque), la ceinture de sécurité à trois points... Au final, tout le monde a déjà eu affaire, souvent sans le savoir, à l'innovation suédoise.

Le centenaire de la chambre de commerce Suédoise à Paris présidé par la reine Silvia de Suède est peut-être l'occasion de se rappeler ce qu'est le pays nordique en terme d'innovation technologique. En 2009, la Suède investissait 3,75% du PIB national dans le secteur du développement et de la recherche, quand les Etats-Unis ou le Japon ne misaient respectivement que 2,77% et 2,44% du leur.

En 2010, le Tableau de bord de l'innovation publié par la Commission européenne classe la Suède au premier rang des pays de l'Union européenne. Sur le plan mondial, la meilleure élève européenne se situe en deuxième position, selon l'Indice mondial de l'innovation de l'INSEAD de 2011. Toutes les raisons de croire que le modèle suédois contient les clés qui manquent à d'autres pays européens.

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De la technique...

La réussite du pays nordique ne doit rien à la chance. Une structure industrielle spécialisée dans le high tech et les services, des multinationales comme Ericsson qui font de la recherche une priorité... Autant de facteurs qui expliquent en partie les grandes performances suédoises en recherche et développement.

En partie seulement. Car à y bien regarder, des dispositions moins connues ont aussi leur part de responsabilité dans l'aventure technologique bleu et jaune. Comme beaucoup de petits pays, la Suède nourrit une forte orientation vers l'international. Depuis 1988, le pays n'a cessé de voir s'accroitre le nombre de fusions et acquisitions de firmes étrangères proposant des techniques inédites. Le système d'innovation national en porte les marques et en cultive les avantages.

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Les tables rondes autour des industries du numérique à la chambre de commerce de Suède à Paris

Le cas d'AxFlow en est un exemple. Par l'Acquisition d'AKA Pump et la fusion avec Bergman-AXAB, la société spécialisée dans les pompes volumétriques et les centrifugeuses est rapidement devenue le leader européen de la gestion des fluides. De même, en rapatriant le travail d'Arnold et al. depuis l'Arizona (Etats-Unis), la Suède est devenue pionnière dans le contrôle et l'évaluation de la qualité des sols et des eaux (compagnie Swat). Elle l'est aussi dans la réutilisation des eaux usées et ce de manière pour le moins originale. A ce titre, le site Citizenpost mettait en avant un procédé, utilisé en Suède, capable d'utiliser les eaux usées pour faire rouler les autobus. La fermentation de ces eaux permet l'obtention d'un biogaz qui remplace l'utilisation d'énergies fossiles.

...au numérique

Sur le terrain du numérique, un porte-parole de la société suédoise iZettle nous explique que la réussite de certaines compagnie comme Spotify ou Skype est simplement due à une étude de marché intelligente. Voilà plusieurs années, aucun système de communication n'associait la voix sur IP (VoIP) au pair à pair. Niklas Zennström et le danois Janus Friis l'ont inventé (Skype). Le raisonnement est identique pour Spotify. « Le tout est de penser à la bonne chose au bon moment » renchérit Thor Olof Philogène, dont la société (iZettle) développe des terminaux de paiement pouvant être connectés aux tablettes et smartphones.

Le succès des start-up suédoises pourrait ainsi provenir d'une compréhension plus pertinente des besoins des clients. Dans la bataille que se livrent les jeunes pousses, être un bon développeur ne suffit pas, tout comme il serait vain de vendre un concept plutôt qu'un service. « Le processus d'innovation n'est pas une question de grandes ou de petites entreprises, c'est un problème culturel » explique Leif Johanson (Ericsson et Volvo group), : « J'ai la double nationalité, et j'ai vraiment l'impression que la France est trop prisonnière de ses traditions. La Suède n'a pas ce dilemme, elle a toujours tranché en faveur de l'innovation. »



La dématérialisation au service du développement durable

Dans cette même logique, la Suède a pris quelques longueurs d'avance sur le développement durable. En soutenant massivement la transition des anciens modèles économiques vers le numérique, c'est encore ce qu'elle fait. Car la dématérialisation progressive de tous les services a un impact positif sur l'environnement : la construction d'un produit, généralement liée à une utilisation du plastique, implique nécessairement le rejet de substances toxiques dans l'environnement.

Et cette dématérialisation progressive des services traditionnels semble inévitable : « en moins de 10 ans, 50% du profit bancaire sera transféré dans les compagnies Fintech (les sociétés de la finance numérique), comme cela a déjà été le cas avec la musique » lance Jacob de Geer, cofondateur de iZettle, devant l'assemblée silencieuse de la chambre de commerce.

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Mais le développement durable ne peut pas se réduire à la transition vers le numérique. En Suède, la loi de 2011 sur la Stratégie de Technologie Durable adoptée par le parlement a eu entre autres effets la création de VINNOVA (l'Agence Gouvernementale pour les Systèmes d'Innovation). Elle doit fournir des efforts pour encourager l'innovation et la croissance verte afin de soutenir les sociétés ou les entités déjà existantes comme Tillväxtverket, l'Agence pour la croissance économique régionale.

Des choix politiques qui rappelleront ceux évoqués par Emmanuel Macron, venu lui aussi saluer l'entente franco-suédoise à la Chambre de commerce. Le ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique a en effet insisté sur le rôle indispensable que devait avoir l'état dans d'encadrement de la croissance. Pointant du doigt le danger que représentaient les "insiders" (les postes ou secteurs trop protégés par le code du travail), Emmanuel Macron a peut-être donné le ton de sa nouvelle loi "Macron 2", ou loi Noé, censée accompagner le développement de l'économie numérique.

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