IBM a peut-être enfin trouvé une vraie utilité à Watson

17 septembre 2014 à 14h06
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Le logiciel d'intelligence artificielle Watson d'IBM a failli devenir un « marronnier », ce genre de sujets récurrents dont la presse se fait l'écho. Mais avec son application métier Watson Analytics, disponible sur abonnement en mode freemium, l'américain pourrait avoir enfin trouvé un débouché à son logiciel.

Watson est en train de devenir une sorte de super Siri. Le programme d'intelligence artificielle d'IBM va être mis au service des directions métier (marketing, ventes, IT, gestion, ressources humaines, finance) dans le but de les assister dans leurs prises de décision. Ce programme, baptisé Watson Analytics et disponible dès novembre en freemium, se singularise par sa faculté à répondre à des questions en langage naturel.


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A la façon d'un utilisateur d'iPhone demandant à Siri « quel temps fait-il aujourd'hui ? », un responsable des ressources humaines pourra, par exemple, demander à Watson « quels avantages favorisent le plus l'engagement de mes employés ? », un commercial, « quelles ventes ont le plus de chances d'aboutir ? » ou bien un professionnel du marketing, « quels sont les moteurs essentiels de la vente de mes produits ? ».

Pour y répondre, Watson se nourrira des bases de données renseignées par l'entreprise, et formulera une réponse de manière visuelle. Comme c'est déjà le cas dans l'analytique, le but est de prendre une décision reposant sur la donnée. La promesse d'IBM est d'accélérer encore ce processus en déléguant le travail d'analyse, de comparaison et de synthèse à son programme. Cela signifie aussi que les compétences requises, côté métier, pour réaliser ce genre d'analyse pourraient un jour se limiter à leur plus simple expression.

Pour autant, l'intégration de la base de données à Watson pourrait bien s'avérer complexe et requérir l'intervention de spécialistes de l'activité concernée. En effet, une mauvaise définition du périmètre pourrait noyer le logiciel dans des mises en relation qui ne présenteront jamais aucun intérêt pour l'analyste.

Watson trouve enfin sa place ?

Pour Big Blue, c'est l'une de ses annonces « les plus importantes de la décennie ». Ce qui pousse la société à affirmer cela, c'est qu'elle rend disponible une technologie cognitive et prédictive très poussée mais de façon a priori plutôt simple, et facturée comme un service, selon les besoins métier.« L'interface interactive et intuitive pour les utilisateurs permet d'automatiser les étapes d'analyse telles que la préparation des données, l'analyse prédictive et la présentation visuelle des résultats », souligne le concepteur de Watson.

Ce genre d'application est attendu depuis 2012, où l'américain imaginait que son programme d'IA pourrait aider un producteur agricole dans la gestion de ses plantations et de ses récoltes, en se basant sur des données météorologiques, géographiques et géologiques. L'un des premiers usages de Watson remonte à 2011 et concerne l'aide au diagnostic médical. Il a également trouvé son utilité dans l'accompagnement des standardistes dans les centres d'appel ou, récemment, dans celui des militaires retournant à la vie civile.

Y a-t-il un concurrent français ?

Watson jouit d'une certaine notoriété auprès du public notamment depuis qu'il a remporté l'équivalent américain de Question pour un champion en 2011. Pourtant, la France propose aussi des solutions d'intelligence artificielle comprenant le langage naturel, analysant des données, et retournant une réponse synthétique. C'est le cas d'Yseop, une société qui revendique 20 ans de recherche et développement.

Ses services sont utilisés par des banques françaises ou des opérateurs de téléphonie mobile pour, dans le premier cas, formuler des recommandations d'investissement aux clients et, dans le second, s'interfacer avec le logiciel de gestion de la relation client et le standardiste, pour aider à la résolution de problèmes.

« En fonction du contexte du client (connu à partir du CRM et de la facturation client), Yseop questionne le téléopérateur intelligemment pour comprendre rapidement le problème ou la demande du client », explique la société. Son programme se charge ensuite de raisonner « sur la base des meilleures pratiques et rédige une réponse personnalisée dans différents formats ». La réponse sera envoyée par SMS ou par e-mail.

Interrogé sur le sujet, Jean Rauscher, PDG d'Yseop, explique vouloir rendre sa technologie accessible simplement, en gardant en toile de fond les impératifs métier et leur manque de temps pour se former à de nouveaux outils. C'est aussi la direction qu'est en train de donner IBM à Watson avec son nouveau service.

Watson pour le grand public ?

Si Watson semble (enfin) trouver son utilité auprès des professionnels et notamment des métiers, il n'est pas impossible qu'il finisse par débarquer auprès du grand public. Sinon, on se demande bien pourquoi IBM a racheté Cognea en mai dernier, un éditeur d'assistants virtuels possédant plusieurs personnalités... L'objectif est d'améliorer la relation entre l'homme et la machine afin d'enrichir les échanges d'intonations différentes.

Le programme a réellement fait ses premiers pas en juillet 2014 en permettant aux militaires en reconversion professionnelle de lui adresser des questions du genre « est-ce que je toucherai ma pension de vétéran si je reste réserviste ? ». Après avoir injecté 1 milliard de dollars dans une division désormais entièrement dédiée à Watson en janvier, IBM ouvrait le mois suivant un programme pour les développeurs.

Pour trouver des usages plus classiques à Watson que l'analyse financière, le programme d'IA devra s'ouvrir à d'autres sources que la donnée pure. Or, IBM serait justement en train d'avancer sur la reconnaissance de l'image et de la voix, de façon à lui permettre d'en tirer d'autres informations à inclure dans ses calculs. Avec ces éléments, il est tentant de se dire que Big Blue donnera bientôt corps (façon de parler) à Samantha, le programme d'intelligence artificielle du film Her, capable de décrypter des émotions humaines.

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