Plus gros, plus lourds, plus puissants : SpaceX envoie ses premiers satellites Starlink V2 en orbite

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
01 mars 2023 à 10h30
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Elle a beau s'appeler V2 Mini, la nouvelle génération est plus imposante que l'ancienne... © SpaceX
Elle a beau s'appeler V2 Mini, la nouvelle génération est plus imposante que l'ancienne... © SpaceX

La méga-constellation de l'entreprise fondée par Elon Musk ne cesse de s'agrandir. Avec plus de 1 million de clients pour de la connectivité en orbite, SpaceX change de braquet avec une nouvelle génération de satellites Starlink. De meilleurs débits, des coûts d'exploitation plancher… mais des unités plus imposantes.

Starlink devrait continuer de grandir avant même de remplacer les anciens satellites.

Un parmi d'autres ?

En apparence, c'était un décollage d'un nouveau lot de satellites Starlink comme les autres. Il s'agissait du 7e en deux mois pour SpaceX qui a organisé les vols de son lanceur Falcon 9 à une cadence titanesque pour envoyer les milliers d'unités nécessaires à sa méga-constellation. Mais cette « grappe » de satellites était différente des autres, même si la fusée les a largués sur une orbite similaire. Ce sont en effet des unités améliorées (que SpaceX nomme « V2 mini ») qui ont décollé ce 28 février à 00 h 13 (heure de Paris) depuis Cap Canaveral.

Il n'y avait « que » 21 satellites sous la coiffe, au lieu des 51 à 55 habituels, car ce changement de génération implique un nouveau format pour les satellites de SpaceX qui sont beaucoup plus imposants : 800 kilos environ, 30 mètres de long une fois les deux panneaux solaires déployés et 4 mètres pour le corps principal du satellite !

Si vous avez l'impression d'avoir déjà vu ce décollage, c'est faux. Mais on vous comprend, c'est déjà le 12e pour Falcon 9 cette année © SpaceX
Si vous avez l'impression d'avoir déjà vu ce décollage, c'est faux. Mais on vous comprend, c'est déjà le 12e pour Falcon 9 cette année © SpaceX

Des capacités améliorées

Bien sûr, ce changement de taille s'accompagne d'une hausse considérable des capacités des satellites. Avec de nouvelles antennes, celle-ci a quadruplé selon SpaceX (qui ne précise pas exactement si c'est le débit). La firme utilisera également des transpondeurs en bande E pour les liaisons réseau avec les stations au sol. Avec cette amélioration, Starlink s'attend à une capacité d'accueil de plusieurs millions de nouveaux clients, en particulier dans les zones isolées et peu connectées, où les coûts des raccordements sont prohibitifs. Mais cette génération V2 dispose également de capacités de connexion directe avec les smartphones, projet qui n'est pas encore concrétisé côté Starlink pour l'instant.

SpaceX a également beaucoup travaillé sur ses coûts, en particulier pour la propulsion, avec de nouveaux propulseurs à effet Hall (ioniques-électriques) utilisant de l'argon à la place du krypton (10 fois moins cher). Conçus par les équipes de SpaceX, ils permettront des économies substantielles au prix d'une poussée légèrement moins élevée (et donc de déplacements plus longs pour mettre en place les unités dans la constellation). Les unités disposent aussi d'un nouveau revêtement pour limiter au maximum l'impact visuel de Starlink dans le ciel de nuit, complété par des manœuvres d'orientation sur les zones à l'aube et au crépuscule. En effet, avec plus de 3 600 unités en orbite pour l'instant, il s'agit bien de l'ensemble le plus ennuyeux (mais aussi le plus décrié par les astronomes, malgré les discussions) en fonction aujourd'hui.

La V1 reste reine en attendant Starship

Enfin, il ne faut pas s'imaginer que SpaceX va entamer du jour au lendemain sa transition vers la deuxième génération de sa constellation. D'une part, il reste un certain nombre de satellites V1.5 à envoyer en orbite, et on ne sait pas si la ligne de production a déjà terminé sa transition. De plus, il s'agit déjà d'évaluer la performance de ces grandes unités et de voir si elle correspond aux modèles avant d'augmenter la cadence… ce qui aura probablement encore un impact à la hausse sur le nombre de lancements de SpaceX. L'entreprise maintient un rythme ahurissant d'environ 7 à 8 décollages par mois, en attendant l'entrée en fonction de Starship et de ses nouvelles capacités pour envoyer encore plus de satellites Starlink en orbite basse.

Le véhicule étant en retard (bien que le premier tir orbital se rapproche), il est possible que SpaceX tente encore d'augmenter la pression sur ses trois sites de lancement pour déployer sa constellation et la faire basculer dans la rentabilité. La directrice de SpaceX, Gwynne Shotwell, a en effet déclaré en janvier que ces derniers mois, la hausse du nombre de clients et les différents contrats signés ont amené le projet à l'équilibre, et même à dégager quelques profits. SpaceX ne dévoilant pas ses comptes, il sera difficile d'en savoir plus… Mais l'installation en orbite de cette deuxième génération sera sans doute un pivot important pour que le projet génère des revenus.

Source : SpaceFlightNow

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (20)

Wowbagger
Si chaque génération de Starlink implique plus de 3000 satellites tous les 5-10 ans sans suppression des anciens modèles, avec en plus la chine qui travaille actuellement au déploiement de son propre réseau du même ordre (+ mises à jour ultérieures), la poubelle au dessus de nos têtes n’est pas près de se tarir. Heureusement qu’on lutte contre la pollution lumineuse ; c’est parfait pour voir à quel point Musk et comparses n’ont pas fini de pourrir notre ciel.
Mimi9
Faut investir dans l’ébouage spatial
xryl
Ouais, faut un peu comparer ce qui est comparable. Même un satellite de 30m d’envergure (disons 30m2) c’est uniquement que 0.000 000 4% de la surface à l’altitude où ils sont (6.2 milliards de m2). Même un million de ses machins ne couvrirait que 0.4% de la surface disponible.<br /> Enfin, il ne faut pas oublier que même si on considère la limite de l’espace à 100km, il y a encore de l’atmosphère même à 500km d’altitude, ce qui crée une friction (très légère) et donc réduit, progressivement l’altitude des satellites. Dit autrement, ces satellites vont retomber / brûler une fois leur réserve de carburant épuisé, ce qui libère d’autant d’espace, sans mauvais jeu de mots.
Pck
En réponse à @Wowbagger: Effectivement comme le rappelle @xryl, les Starlinks ont une durée de vie et retombent au bout d’environ 5 ans et … donc … il faut les remplacer =&gt; accroissement du trafic entre ceux qui tombent et ceux qui montent les remplacer. Sans compter l’augmentation du nombre de nouveaux satellites autorisés =&gt; le nombre de Starlinks en orbite et en trafic (vers et en provenance des orbites autorisées) ne va pas cesser d’augmenter. Sans compter les nouveaux copains des constellations US, UK ou EU et pourquoi pas CN… qui vont s’ajouter de la même façon au trafic. Alors quand bien même l’espace est grand, la saturation et la colonisation des orbites basses reste un sujet.
Wowbagger
J’ai la chance d’habiter dans un endroit où je peux encore contempler les étoiles la nuit sans trop de difficultés, quand la météo le permet. Les passages de Starlink, même s’ils ne couvrent qu’un millionième de la surface terrestre, sont réguliers et leur train est bien visible. Au début je pensais la même chose mais sincèrement, avec le temps, j’ai de plus en plus de mal. D’autant plus quand on sait que les Musk et cie s’en foutent royalement, sachant ou envoyer le bakchich pour éviter que ne leur impose ou pour contourner certaines restrictions. J’ai beau être particulièrement féru de nouvelles technologies, ce genre de projets a du mal à passer.
Pck
@ebottlaender N’est on pas en pleine tempête solaire ? La dernière fois,très rapidement cela n’avait pas bien réussi aux satellites (perte de la quasi totalité si j’ai bon souvenir); en quoi, est ce différent?
Bondamanmanw
Ouais, belle pollution en perspective.
ebottlaender
On est en période de tempêtes solaires oui, et SpaceX observe avec attention ces paramètres avant le tir pour être sûr ^^<br /> Apparemment ça passait sans problème pour cette fenêtre de tir/déploiement/mise en route.
ebottlaender
Alors alors<br /> Il y a 21 satellites sur la photo, empilés avant le lancement<br /> Les bouchons rouges (et les "flammes, les tissus à gauche et à droite) sont des protections à enlever avant la mise sous coiffe et le décollage. Ils protègent soit une partie de l’antenne soit un petit propulseur.<br /> Une fois dans l’espace (vidéo), les mats qui retiennent les 21 satellites s’écartent et l’empilage est éjecté. Les satellites vont dériver puis un par un s’éloigner les uns des autres, puis étendre leurs panneaux solaires et antennes avant de rejoindre la constellation.<br />
Kratof_Muller
À 1mn
zalphab
Quand tu vois ce qu’il peut décider arbitrairement avec twitter…<br /> qu’il n’a aucun contre-pouvoir, donner en pratique, une capacité de contrôle à un seul homme sur des communications…<br /> Tu ajoute ça sa les flottes de véhicule autonome contrôlable à distance qu’il possède à travers le monde… [dark mode on] et soit-disans des batteries… mais qui sais peut être une charge de C4 au milieu…<br /> Tu ajoute qu’il contrôle des sites de lancement… qui pourrait larguer des petites bombes n’importe ou dans le monde, créeer son site de Moonracker…<br /> Tu ajoute le fait qu’il a peut être laisser un backdoor dans paypal…<br /> Tu ajoute le fait qu’il a des tunels (et une base secrète sous vegas…)<br /> bref, tu prends encore 2 doses de majijurana avec moi…<br /> et…<br /> tu as un super début de super vilain pour le prochain James bond… (en fait la combinaisons de 3 ou 4 méchants de james bond…)
Chirokee
zalphab, c’est du Zemmour ?
zalphab
a non, c’était pas politique… je trouve juste énormement de ressemblance avec …<br /> Moonraker et ses satelites… et sa base spaciale… /space X<br /> Demain ne meurt jamais et le mania des média… / spaceX telecom / paypal<br /> Kingsman 1 et les communication / téléphone… / spaceX telecom / paypal<br /> On ne vie que deux fois et la base soutairiane… boring company<br /> Les satelittes méchant de "Les diamants sont éternelles… space X…<br /> et pour tesla… le pire c’est que personne n’y a pensé encore… mais imagine ils prennent le controle de toutes ces voitures… a distances pour faire des attentats… provoquer des accidents en se crachant dans des stations servcices… des camion citernes… des gens…<br /> Bref, je te dis… Le GRAND mechant dans james bond…
philouze
« Les passages de Starlink, même s’ils ne couvrent qu’un millionième de la surface terrestre, sont réguliers et leur train est bien visible. »<br /> Si tu constates un train de satellites, c’est que tu constates un lancement, pas des satellites à poste.<br /> Donc des sat en cours d’éloignement relatifs (les uns des autres) et d’éloignement en altitude (passage de 100 à 450+ kms)<br /> Une fois en place, séparés du sol par 450 bornes, et maintenant peints en noirs + orientant leurs panneaux « tranche » vers le sol au terminateur (seul moment ou ils seraient visibles pour toi) je pense qu’un quidam ne verra rien.<br /> à la même altitude, l’ISS c’est 400 tonnes de tubes blancs, 130m de longueur , 24 panneaux solaires qui ne font aucun effort pour se cacher… et t’es loin d’être choqué par ce que tu vois les rares fois ou tu peux l’observer (ce que j’essaye de faire avec mes enfants)
xryl
Bah, je suis pas fan non plus (surtout vu le montage réseau imposé par Starlink, c’est carrément Echelon inside). Mais juste pour dire que malgré tout l’argent et les satellite envoyés, il y a la place avant de couvrir la surface à 500km d’altitude. Et la même surface (vide) est disponible aussi à 500km + 50m, puis 500km + 100m etc…<br /> Une fois déployé, le satellite est invisible à l’oeil nu. Et n’est pas si gênant pour un astronome professionnel qui, lorsqu’il observe un objet qui se déplace très vite, l’élimine de son observation, quelque soit le satellite d’ailleurs.<br /> Par contre, pour les observations de puissance lumineuse (comme pour détecter le transit d’une planète), là c’est très pénible car il faut connaître les éphémérides de ces satellites et en plus, on a la pollution atmosphérique et les conditions météo et il faut compenser le mouvement de la Terre. C’est pour ça que ces observations sont principalement faite dans l’espace, on peut garder des temps de pose très très longue.<br /> Là par contre où c’est rédhibitoire, c’est pour les observations en bande radio, les satellites deviennent de vraie plaies car ils ne sont pas si directifs.
Spectromm
Sachant qu’ils sont limités sur le nombre de satellites qu’ils peuvent avoir dans l’espace, c’est tout dans leur intérêt d’en avoir moins, mais plus puissant
Be_Cool1
mais tous ces satellites vont nous masquer le soleil pour finir . . . et nous refroidir la terre du coup !!!
Jean-Charles_Bossard
Le déploiement de la fibre optique en zone rurale donne lieu à la pose de poteaux ou de câbles sur des poteaux existants autrement plus gênants que la présence de quelques satellites dans le ciel à un instant donné.
philouze
Oui, c’est tout l’enjeu d’une logique Starlink : si on compare une infra satellitaire à une infra terrestre, en terme de ressource et de nuisance, l’infra satellitaire est infiniment moins impactant que des forêts de poteaux, un répartiteur par rue voir un par grand immeuble, et ça sur l’ensemble d’une planète.<br /> Un peu comme les GSM ont remplacé le réseau filaire téléphonique avant qu’il ne naisse en Afrique, il est bien possible qu’une « infosphère » satellitaire à Dan Simmons ne remplace quasi totalement nos liaisons terrestres.
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