Le Starship de SpaceX réussit son test de compte à rebours fictif, est-il prêt à décoller ?

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
25 janvier 2023 à 15h00
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Pour la première fois, le lanceur super-lourd a fait le plein complet de ses réservoirs, en situation de compte à rebours réelle... © SpaceX
Pour la première fois, le lanceur super-lourd a fait le plein complet de ses réservoirs, en situation de compte à rebours réelle... © SpaceX

Le programme accélère en ce début d'année 2023. Pour la première fois ce 23 janvier, les équipes de SpaceX ont mené un essai de compte à rebours fictif avec remplissage des réservoirs. 5 000 tonnes de méthane et d'oxygène liquide… qui indiquent que Starship et SuperHeavy progressent vers leur lancement.

Il ne reste plus qu'un test majeur avant de remplir les papiers pour le décollage.

Tout le monde est en place ? Nouveau test

Oui, ce sont toujours les deux mêmes exemplaires : le Starship SN-24 et le SuperHeavy BN-7. En fin d'année, les deux grands éléments (Starship, le vaisseau orbital, et SuperHeavy, son booster principal) ont fait plusieurs allers-retours entre les deux sites de la « Starbase » à Boca Chica, celui dédié aux essais et aux vols, et celui contenant les ateliers et bâtiments de production.

Mais, en ce mois de janvier, tout s'accélère. D'abord, SN-24 a été à nouveau soulevé, puis placé sur BN-7 pour former un ensemble, le lanceur super-lourd de SpaceX. Cette opération ressemble à présent à une routine, mais il s'appuie sur 18 mois d'acquis et d'essais mécaniques pour l'infrastructure au sol. De la même façon, ce sont ensuite les interfaces et les ombilicaux qui ont une fois de plus été sollicités pour quelques tests de mise sous pression et de remplissage. Et, ce lundi 23 janvier, un test important pour SpaceX a eu lieu : le WDR (ou Wet Dress Rehearsal), un compte à rebours fictif en conditions, avec un remplissage des réservoirs.

Le méthane coule à flots

Il a fallu plusieurs heures pour remplir en ergols les réservoirs de méthane et d'oxygène liquide de Starship et SuperHeavy. Super refroidis, carburant et comburant ont vite tapissé les flancs en acier de la fusée d'une imposante couche de givre, lui donnant une nouvelle et persistante livrée blanche. En toile de fond, il ne s'agissait pas seulement d'ouvrir les vannes et de remplir le lanceur avec presque 5 000 tonnes d'ergols, mais de respecter une chronologie propre à une campagne de lancement, jusqu'aux dernières minutes, que ce soit pour la fusée ou pour l'impressionnante infrastructure au sol.

Une fois le test terminé, après quelques spectaculaires éjections de gaz (y compris, à deux reprises, un véritable petit nuage de méthane…), SpaceX a gardé le site sécurisé durant presque une demi-journée, le temps de purger les réservoirs et d'assurer à ses employés un accès non pollué et non explosif.

Passer avec succès un test WDR est une étape qui peut sembler anodine, mais qui est importante. Elle permet notamment de prouver les capacités du lanceur et de l'infrastructure, la gestion du compte à rebours, le contrôle au sol et de l'ordinateur de bord, les capteurs… jusqu'aux phénomènes mécaniques. Rempli de ses ergols froids, SuperHeavy et sa structure en métal se contractent de plusieurs dizaines de centimètres !

Des étapes et encore des étapes

Pour les observateurs qui suivent le projet Starship, ce n'est pas la première fois que les rumeurs font état d'un décollage dans quelques semaines seulement. Elon Musk lui-même est tombé plusieurs fois dans les pièges du calendrier complexe de ce lanceur super-lourd. Malgré tout, cette fois, c'est SpaceX qui annonce qu'il ne reste plus qu'un test de mise à feu avant de tenter le vol orbital, ce dernier se rapproche donc à grands pas.

Pour le dernier essai (et sans doute l'un des plus importants), Starship SN-24 sera désassemblé, puis SpaceX tentera une mise à feu statique avec les 33 moteurs de SuperHeavy. Ce véritable déchaînement de puissance risque une fois de plus de mettre le site de lancement à rude épreuve. Mais si le booster le passe avec succès, il n'y aura plus alors qu'à obtenir l'aval des autorités pour un accord administratif sur le premier lancement orbital. Aura-il lieu dès février ou mars ? Sera-t-il réussi ? Il ne reste plus qu'à profiter du spectacle…

© SpaceX
© SpaceX

Dernière remarque, SpaceX a commencé à faire le ménage dans sa collection d'étages Starship et SuperHeavy complétés, mais qui ne voleront jamais. Ainsi, les exemplaires SN-22 et BN-8 sont actuellement en démantèlement. De quoi faire de la place pour les suivants ?

Source : NASA Spaceflight

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (8)

PaowZ
Rempli de ses ergols froids, SuperHeavy et sa structure en métal se contractent de plusieurs dizaines de centimètres<br /> La vache ! Mais c’est juste le réservoir qui se rétracte dans le fût ? Ou l’intégralité ?<br /> Concorde, lui, il prenait plusieurs cm à Mach 2.
gemini7
Citation de l’article : « Dernière remarque, SpaceX a commencé à faire le ménage dans sa collection d’étages Starship et SuperHeavy complétés, mais qui ne voleront jamais. Ainsi, les exemplaires SN-22 et BN-8 sont actuellement en démantèlement. De quoi faire de la place pour les suivants ? »<br /> Ils sont bien réutilisables, non ? l’étage Starship et Super heavy.<br /> Et les boosters sont-ils, recyclables ? D’après ce que j’ai lu, oui, mais je m’endors, je suis claqué, du coup, je ne me souviens plus trop. désolé.
ebottlaender
C’est l’intégralité car les parois du réservoir sont les parois de la fusée. Il y a des gif et comparatifs avant après que l’on retrouve sur twitter, c’est assez saisissant !
ebottlaender
Ils seront réutilisables… Quand ils seront à la version définitive, celle qui vole. Entre temps, les boosters sont améliorés et le design change (un peu, parfois plus) entre chaque génération et du coup certains exemplaires n’ont plus lieu d’être testés. Ce qui fait qu’ils ont été tout simplement fabriqués pour rien.<br /> C’est aussi une des raisons pour lesquelles le programme coute cher.
gemini7
Merci pour la réponse, je n’étais pas sûr d’avoir compris, et c’est le cas.
Wifi93
On a vraiment l’air malin avec notre Ariane nouveau modèle remise à plus tard pour les premiers essais. Elle volera quand Space’X aura mis les pieds sur la Lune si ce ne sont pas les Chinois qui s’y posent avant eux !!!
tfpsly
ebottlaender:<br /> C’est l’intégralité car les parois du réservoir sont les parois de la fusée<br /> Exact, techno inventée par la NASA, et que les Russes n’ont jamais réussi à répliquer. Ce qui les obligeait à construire des fusées plus grosses/lourdes et avec plus de moteurs et complexité.
Space_Boy
L’ergol récupéré est jeté ou c’est ré-utilisable comme l’essence?
ebottlaender
Hum, non. Depuis les années 50 l’URSS utilise des lanceurs dont les parois sont aussi les parois de ses réservoirs.<br /> Je vous invite à regarder ce diagramme du lanceur Soyouz, dérivé de la R-7 soviétique dont l’architecture générale n’a pas changé depuis :<br /> https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9e/Éclaté_fusée_et_vaisseau_Soyouz.svg<br /> Ce que n’avait pas Soyouz et qui est un peu plus rare (mais pas tant que ça), ce sont les parois internes communes, ce qu’on appelle en anglais un « common bulkhead », le bas d’un réservoir étant le haut d’un autre. Mais ça existe maintenant autant en Russie qu’ailleurs.<br /> @Space_Boy la très grande majorité des ergols sont récupérés ici, puisqu’ils n’ont pas été brulés.
tfpsly
ebottlaender:<br /> Hum, non. Depuis les années 50 l’URSS utilise des lanceurs dont les parois sont aussi les parois de ses réservoirs.<br /> Ah? Il me semblait pourtant que la N1 utilisait encore des réservoirs sphériques à l’intérieur des parois; dans les années 60s :<br /> image735×600 66 KB<br /> Et là à 15:17 : « Les Russes ne maîtrisent pas non plus la technologie des réservoirs de corps pressurisés ».<br /> Soyouz est venu après non? Fin des années 60s. Bon mon « jamais » était bien faux, c’était juste pas à temps pour leurs missions visant la Lune.
ebottlaender
Non alors la N-1, c’est justement un cas particulier ^^<br /> Les réservoirs sphériques c’était parce qu’il était admis (c’est contesté) qu’ils tiennent mieux à la pression et surtout structurellement, pour un lanceur géant, que des réservoirs cylindriques. Or il fallait des étages à la fois puissants et structurellement très résistants car ce qui était posé dessus était très lourd. Je n’ai pas exactement le pourquoi du comment de ce choix.<br /> La phrase d’astronogeek est au mieux un peu étrange… Soyouz est construite de la même façon depuis les années 50, elle précède la N1.
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