Thales Alenia Space va construire deux nouveaux modules privés pour l'ISS

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
24 juin 2020 à 18h35
9
Vue d'artiste de l'extension possible de l'ISS avec les modules Axiom Space. Crédits Axiom Space
Vue d'artiste de l'extension possible de l'ISS avec les modules Axiom Space. Crédits Axiom Space

Axiom Space a signé en janvier 2020 un accord avec la NASA pour agrandir la station spatiale internationale avec des modules privés. Le constructeur européen Thales Alenia Space, très expérimenté, construira les deux premiers.

Rendez-vous en orbite en 2024 !

Un contrat à l'expérience

Avec plus de vingt ans d'expérience Thales Alenia Space (TAS) continue de s'imposer comme une référence mondiale de la conception et de l'assemblage de modules spatiaux pressurisés. On doit à l'entreprise européenne, filiale de Thales (67 %) et Leonardo (33 %) une part importante de la station spatiale internationale : les modules Harmony, Tranquility, MPLM, la structure du laboratoire européen Columbus et surtout la pièce la plus connue, la Cupola ! D'ici fin 2024, ce sont deux nouveaux modules qui feront leur apparition à l'avant de l'ISS.

Axiom Space, entreprise américaine dont les ambitions en orbite ne cessent de grandir, vient de commander deux compartiments pressurisés à Thales Alenia Space. Un module de jonction (ou nœud) d'abord, AxN1, qui sera amarré à l'ISS d'un côté, et permettra aux astronautes de rejoindre les autres compartiments de la partie de station Axiom. Un module habitat AxH ensuite, pour que les futurs habitants de cette extension ne soient pas trop dépendants des installations existantes.

Une station collée à la station

TAS livrera les modules « nus » à Axiom Space, basée à Houston qui se chargera de les préparer avant leur départ pour l'orbite et leur amarrage à l'ISS. S'agissant de compartiments d'une station « privée », qui vise à accueillir à la fois des astronautes des agences spatiales, d'entreprises ainsi que des touristes, un soin particulier sera porté à l'aménagement intérieur (le designer Philippe Stark serait d'ailleurs de la partie).

« L'héritage de la station spatiale internationale, c'est la fiabilité et la sécurité malgré une grande complexité technique. Nous sommes ravis de cette association entre l'expertise d'Axiom dans les vols habités et l'expérience de Thales Alenia Space, pour ces deux modules qui formeront le socle de notre future station spatiale commerciale. », explique Mike Suffredini, qui fut le chef de projet ISS pour l'agence américaine durant dix ans. Axiom Space compte dans ses rangs de nombreux vétérans de la NASA…

Vue d'artiste de la station privée Axiom Space, détachée de l'ISS. Crédits Axiom Space
Vue d'artiste de la station privée Axiom Space, détachée de l'ISS. Crédits Axiom Space

L'orbite basse privatisée ?

Voici donc la mise sur pied une station spatiale privée… Ou en tout cas publique-privée, la NASA ayant financé Axiom à hauteur de 140 millions de dollars en janvier 2020 pour ce projet. L'entreprise vise surtout l'arrivée de touristes, d'astronautes de différentes agences et de matériel en orbite, même avant d'installer ses propres modules.

Axiom Space table sur deux rotations par an (indépendantes de celles de la NASA) avec trois astronautes, et ce dès octobre 2021. L'idée est de mettre en place une économie spatiale commerciale avec la location d'emplacements, l'arrivée de touristes et personnels scientifiques, l'installation de modules. En tout cas tant que l'ISS est encore en place, l'objectif étant, à terme, de pour pouvoir s'en détacher et devenir une station indépendante lorsque l'aventure internationale se terminera en orbite basse.

À terme donc, Axiom espère avoir au moins un module scientifique, une grande Cupola et un module dédié au stockage en plus des deux commandés aujourd'hui, pour pouvoir répondre à tous types de besoins à la fin de la décennie.

De bonnes perspectives pour Thales Alenia Space, donc…

Source : Thales Group

Eric Bottlaender

Spécialiste espace

Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

Lire d'autres articles

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

Lire d'autres articles
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires (9)

Labarthe
A supposer qu’on leur ait demandé leur avis, les russes sont donc d’accord ?<br /> Pour l’acheminement et l’assemblage en orbite ils vont ressortir un orbiter de navette du musée ?
ebottlaender
Si ce n’est pour autre chose que des avis de sécurité, la Russie n’a pas vraiment son mot à dire sur ce qui s’amarre côté américain (bon il faut que ça reste pacifique, mais tant que c’est dans les clous de l’accord initial…). Et comme en effet il n’y a plus de navettes, il est à supposer que soit quelqu’un va se régaler avec un véhicule de service (Northrop Grumman a les capacités), soit les modules disposeront de capacités de manoeuvre indépendants, ce qui est beaucoup plus probable.
lapoulaille
L’ISS a un Canadarm
Element_n90
Finalement, ça n’as pas l’air d’être bien compliqué de faire une station spatiale…<br />
Ipoire
Mais la nasa n’avait pas dit que la station allait prendre sa retraite bientot? Jy comprends plus rien.<br /> A quoi bon développer des nouveaux modules si l’ISS doit se cracher dans les 5-10 prochaine années?
ebottlaender
Oh, il y aura des difficultés dans ce projet comme dans tout autre ^^<br /> Principalement liées à des petits morceaux de papier verts avec des têtes de présidents américains dessus.
ebottlaender
Déjà, comme je l’explique dans l’article, ces nouveaux modules formeront une station indépendante qui restera en orbite lorsque l’ISS prendra sa retraite.<br /> Pour faire des économies, l’administration NASA proposait il y a quelques années de mettre doucement l’ISS à la retraite à partir de 2025. Ca n’a jamais été acté, et on peut tabler à priori sur des opérations en continu jusqu’à 2026-28 aujourd’hui.
Labarthe
La nasa et ses partenaires preparent la future station lunaire «&nbsp;gateway&nbsp;».<br /> L’orbite basse est abandonnée au profit du privé et aux chinois.<br /> Tous les ans un nouvel acteur fait sa pub pour engranger les dollars puis silence radio (bigelow, virgin…)
Labarthe
Et une fuite interne de benzène
ebottlaender
Une petite fuite de benzène, avec les niveaux contrôlés. Si petite qu’il a été jugé correct d’attendre l’arrivée du prochain cargo Progress fin juillet pour en savoir plus.
Voir tous les messages sur le forum
Haut de page

Sur le même sujet