La Station Spatiale Internationale fête ses 20 ans d'occupation continue !

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
23 septembre 2021 à 15h11
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La Station Spatiale Internationale, vue depuis une navette en 2011. © NASA
La Station Spatiale Internationale, vue depuis une navette en 2011. © NASA

Si vous avez moins de 20 ans aujourd'hui, il y a toujours eu des astronautes au sein de la Station Spatiale Internationale, au-dessus de vos têtes. Deux décennies riches en nouveautés, en expériences scientifiques et en aventures techniques.

Et il reste encore de quoi faire pour quelques années…

Vingt ans tout pile

Le 2 novembre 2000 à 10h21 (heure de Paris), la capsule Soyouz TM-31 s'amarre à la Station Spatiale Internationale. Malgré la volonté de William « Bill » Sheperd officiellement aux commandes de cette Expédition 1, elle ne sera jamais renommée Alpha, et restera l'ISS pour toujours.

Accompagné par le vétéran Sergei Krikalev et Youri Gidzenko, Bill Shepherd ouvre les écoutilles du module Zvezda 90 minutes après amarrage. Leur mission ne sera pas aisée, car il y a tout à faire, à commencer par mettre en route tous les systèmes nécessaires pour vivre à bord des trois modules habitables installés à l'époque (Zvezda, Zarya le tout premier arrivé en 1998, et Unity). Un mois plus tard, la navette Endeavour s'amarrait de l'autre côté de la station, apportant de nouvelles pièces pour assembler les éléments de ce gigantesque chantier volant à 2 8000 km/h.

Environ un tiers des modules de l'ISS ont été assemblés en Europe... © ESA/T.Pesquet
Environ un tiers des modules de l'ISS ont été assemblés en Europe... © ESA/T.Pesquet

Une station qui évolue

En 20 ans, la station s'est considérablement agrandie, que ce soit côté russe, avec l'arrivée des modules Pirs, Poisk et Rassviet, ou dans la section gérée par les Etats-Unis avec Quest, Harmony, Destiny, Tranquility, Columbus, Kibo, la Cupola, Leonardo et BEAM.

Elle a accompagné notre présent sur Terre durant ces deux dernières décennies, observant notamment les catastrophes : Frank Culbertson capture des clichés de New-York depuis l'orbite le 11 septembre 2001, les astronautes rendent hommage à l'équipage disparu de la navette Columbia en 2003, d'autres prendront des photos des instantanés de violence climatique, comme les feux de forêts, les inondations ou les pollutions majeures.

Mais en 20 ans, il y a aussi eu de magnifiques moments de collaboration, d'amitié, de science et de technique à bord de l'ISS. On pense à ces opérations acrobatiques tout au bout de la poutre centrale, au découpage aux gros ciseaux (depuis l'extérieur) du revêtement d'un Soyouz, ou à la réparation réussie du télescope AMS l'année dernière… Jusqu'à la présence de la Flamme olympique en orbite avant les jeux de Sotchi.

Pour la France aussi, l'ISS est un laboratoire particulier. Au CADMOS à Toulouse, les équipes sont en liaison avec les expériences de la station, qu'ils peuvent piloter et qui leur envoient des données, avec ou sans le concourt des astronautes. Quatre français sont déjà allés sur la station spatiale internationale au service de l'ESA (Claudie Haigneré, Philippe Perrin, Lépold Eyharts et Thomas Pesquet, qui y retourne en avril prochain).

Voir plus loin

Aujourd'hui, la Station Spatiale Internationale est avant tout un grand laboratoire, qui continue de vivre et de s'agrandir. Parmi les résultats les plus récents, une suite de près de 40 expériences sur l'interaction des microparticules colloïdes pourront avoir des impacts variés, sur de futurs shampoings comme sur l'impression 3D, l'optique, voire de potentiels habitats lunaires !

Les résidents de l'ISS vont prochainement passer à des rotations à sept astronautes grâce aux nouveaux véhicules américains, et le module scientifique russe MLM « Nauka » devrait même décoller l'année prochaine pour permettre d'augmenter les capacités de recherche. Actuellement, l'ISS est assurée de fonctionner au moins jusqu'à 2024, avec une extension pratiquement actée à 2028. L'avenir au-delà est plus complexe qu'il n'y paraît, car les modules vieillissent et les différentes agences qui financent la station ont des ambitions différentes. Signe des temps ou non, les astronautes ont récemment identifié une fissure au sein de Zvezda, l'un des modules les plus anciens.

En attendant, les partenaires fêtent les 20 ans de la Station, et ses trois occupants actuels, Sergeï Ryzhikov, Sergueï Koud-Svertchkov et Kate Rubins, ont plusieurs interventions prévues pour l'événement.

Source : NASA

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (13)

Element_n90
On y fait tant d’expériences que ça sur l’ISS, (des expériences qui nécessitent vraiment la présence d’humains à coté) ? J’ai l’impression que le gros des gars qui y sont envoyé sont des pilotes. J’ai rien contre les pilotes mais ce n’est pas la même chose que des doctorants bac +8.
ebottlaender
Oui cela représente plusieurs centaines de publications et de résultats de recherche publiés chaque année. On peut retrouver les «&nbsp;highlights&nbsp;» ici :<br /> https://www.nasa.gov/mission_pages/station/research/results_category<br /> Et sinon pour les pilotes, non ils sont amplement en minorité… côté non russe. La plupart des russes sont des militaires et/ou ingénieurs. Kate Rubins, qui est actuellement en orbite, est médecin, avec un doctorat spécialisé en biologie des cancers.
Jarjarbings
C’est le problème de l’iSS et ceux quelque soit la nation ! Les profils sont un peu trop souvent les mêmes et il y’a très peu de scientifiques pur. D’ailleurs les astronautes reçoivent une formation " accéléré " mais ce n’est pas du tout la même chose.<br /> Ainsi le " retour sur investissement " en science est nul
ebottlaender
Non c’est faux, les profils ne sont pas du tout uniformisés, et nombreux sont les scientifiques parmi les équipages. La formation d’astronaute, c’est à minima 18 mois d’entrainement de base (et souvent plus) pour la qualification minimale, à laquelle il faut ajouter entre 10 et 18 mois d’entrainement pour une mission longue. Et ça inclut des passages dans des centres scientifiques en Europe, en Russie, au Japon et aux USA pour chaque astronaute.<br /> Par ailleurs je vous invite à regarder le lien que j’ai mis en réponse de Element_n90, vous vous rendrez compte par vous-mêmes que le retour scientifique est très très loin d’être nul.
Jarjarbings
ebottlaender:<br /> vous vous rendrez compte par vous-mêmes que le retour scientifique est très très loin d’être nul.<br /> Au regard des sommes investit tous les ans et en particulier la NASA, le retour sur investissement est nul.
ebottlaender
Mais quel est le retour sur investissement que vous attendez ? Que l’ISS soit profitable ? Ce n’est pas le but. Qu’elle découvre par miracle le traitement de tous les cancers ? La biologie n’est pas compatible. Que soudainement la physique s’inverse et qu’on invente la propulsion par réacteurs plasmiques ?<br /> Ma question est honnête : quel est le retour sur investissement que vous attendez de l’ISS ?<br /> Plus grand que celui du CNRS ? Car les budgets annuels sont grosso-modo compatibles. Encore une fois, regardez cette liste et osez dire que les avancées sur les protéines cristallines sont nulles, que la lutte contre les maladies neurodégénératives ne vaut pas le coup ou qu’on a rien appris en déployant des CubeSats depuis la station…<br /> https://www.nasa.gov/mission_pages/station/research/news/iss-20-years-20-breakthroughs
Element_n90
Et donc la question que l’on peut se poser c’est : es-ce que tout ça nécessite vraiment la présence de bipèdes à coté pour faire toutes ces recherches ? Mais ça, on va pas trancher la question ici…
Jarjarbings
ebottlaender:<br /> Ma question est honnête : quel est le retour sur investissement que vous attendez de l’ISS ?<br /> Je vous rappelle qu’il existe du tangible en matière de spatial comme le magnifique programme " Mars500 " entièrement fait sur terre qui à apporté énormément. Mais pour répondre clairement à votre question, on attend du tangible sur la science des matériaux et je regrette sérieusement que l’armée US ne communique pas sur ses expériences avec le X-37B.<br /> On se demandera aussi ce qu’ils attendent pour se servir d’un Soyouz et faire passer l’ISS de 400 km à plus de 1000 pour voir les effets des radiations spatial sur l’humain, végétal et animal …<br /> Et que l’on ne vienne pas me parler des risques pour les astronautes sinon je ferais la comparaison avec les sous mariniers.
Jarjarbings
Element_n90:<br /> Et donc la question que l’on peut se poser c’est : es-ce que tout ça nécessite vraiment la présence de bipèdes à coté pour faire toutes ces recherches ? Mais ça, on va pas trancher la question ici…<br /> En fait on pourrait si on supposait sur ce que fait l’armée avec le X-37B.
ebottlaender
La réponse est oui. Le problème avec une expérience robotisée qui ne marche pas exactement comme prévu, c’est qu’il faut la ramener sur Terre (or ce n’est pas toujours possible pour des questions de masse, volume ou fragilité), ou en envoyer une autre. C’est extraordinairement cher aussi. Imaginez le coût et la complexité, ne serait-ce que pour un robot capable de décharger le fret à l’intérieur d’un cargo Cygnus.<br /> Avec deux humains, c’est une affaire de quelques heures maximum, et les contrôleurs au sol savent où atterrit le fret. Un humain, c’est aussi l’assurance d’avoir un cerveau et des mouvements complexes pour préparer une expérience, pour la réparer au besoin, pour prendre des initiatives. D’autant qu’un certain nombre de ces expériences scientifiques concernent l’humain (développement, santé, maladie).
ebottlaender
Mars500 visait à simuler un voyage martien, et a beaucoup moins apporté scientifiquement qu’une seule expérience longue sur l’ISS telle que le «&nbsp;year in space&nbsp;», pour la simple et bonne raison qu’il s’agissait d’un objectif de cohabitation et de psychologie principalement.<br /> La science des matériaux progresse aussi sur l’ISS, vous pouvez en retrouver les résultats sur le premier lien que j’ai donné à Element_n90. Le X37B est d’ailleurs beaucoup moins bien équipé que la station pour les expériences puisqu’il ne peut «&nbsp;que&nbsp;» les exposer au vide (ce qui est fait depuis 20 ans sur l’ISS) et ne dispose pas de systèmes complexes pour les tester comme des fours, des centrifugeuses, des dispositifs de soudure ou des congélateurs en 0g. On trouve tout ça… sur l’ISS.<br /> ISS que l’on ne peut déplacer à 1000km d’altitude. Un Soyouz ou un Progress en l’occurrence ne pourraient changer l’orbite que de quelques kilomètres au maximum. Je n’ai pas saisi la comparaison avec les sous-mariniers…
cyrano66
Franchement l’ISS n’est pas un placement financier.<br /> On s’en fout du retour sur investissement.<br /> Personnellement je préfère que des millions soient balancés dans l’ISS même si les bénéfices ne sont pas visibles immédiatement que des millards dans le numérique, les réseaux sociaux et Tiktok.
Niverolle
Les missions qui ont réparé et prolongé Hubble, nous ont appris qu’il faut se garder d’une lecture trop simpliste.<br /> A première vue, elles ont couté tellement au contribuable que l’on aurait pu envoyer un télescope neuf, et probablement deux fois meilleur, pour le même prix !!! Sauf que la somme de savoir et de savoir-faire qu’elles ont permit d’acquérir en nous obligeant à ressoudre de nouvelles problématiques, est considérée aujourd’hui comme aussi importante que l’héritage des missions lunaires. Rien que ça !<br /> Edit: de même, on ne doit pas balayer d’un revers de main la contribution russe à bord de l’ISS. Ils ne font peut-être pas autant de recherche, mais je suis bien persuadé que le maintient en condition opérationnelle d’une telle station n’est pas une sinécure, et est tout aussi riche d’enseignements.
Niverolle
En orbite base, la réponse est plutôt oui, mais plutôt non au delà (les deux étant, de toute façon, complémentaires). Car plus on vise loin et plus la présence d’humains va alourdir et complexifier la mission dans des proportions proprement «&nbsp;astronomiques&nbsp;» (c’est déjà un peu le cas avec l’ISS). Là où une «&nbsp;ch’tite&nbsp;» sonde, voir une deuxième si la première a buté sur un imprévu, donnera déjà beaucoup d’infos.
ebottlaender
C’est une bonne remarque, bien que débattable. L’exemple souvent cité est de montrer à quel point il fut facile pour les astronautes de prélever des échantillons lunaires, comparé aux différents essais robotisés que ce soit dans cette période, ou actuellement sur Mars.
Jarjarbings
Niverolle:<br /> elles ont couté tellement au contribuable<br /> &amp;<br /> Niverolle:<br /> Sauf que la somme de savoir et de savoir-faire qu’elles ont permit d’acquérir en nous obligeant à ressoudre de nouvelles problématiques, est considérée aujourd’hui comme aussi importante que l’héritage des missions lunaires. Rien que ça !<br /> Il y’a une ou des études sur la question ? Car le coût lui est parfaitement identifié de manière comptable par contre la valorisation de cette «&nbsp;somme&nbsp;» de savoir, toujours au sens comptable me parait plus que discutable.<br /> Et avec la technologie déja bien éprouvé des chambres de vide, j’ai du mal à comprendre c’est entêtement de l’orbite basse !<br /> https://www.buschvacuum.com/fr/fr/news/outer-space-on-earth-huge-vacuum-chamber-in-ohio-simulates-the-conditions-of-space
Niverolle
Jarjarbings:<br /> Il y’a une ou des études sur la question ?<br /> Bonne question, j’avais suivit au fur et à mesure les retours d’expérience, et j’avoue ne pas savoir s’il en existe maintenant une synthèse (mais le contraire serait étonnant connaissant la NASA et surtout Jeffrey Hoffman). En tout cas, tripatouiller un observatoire astronomique jusque dans sa chaine optique, en terme de minutie, c’est clairement un cran au dessus de tout ce qui avait été tenté en orbite. Le succès total a fait que cela en a paru facile, mais il ne faut pas s’y tromper, cela relevait bien du chef-d’oeuvre. Inutile certes, mais rien que le fait de savoir que l’on peut le faire, permet d’envisager plus sereinement l’espace profond (lorsque l’on est totalement isolé, pouvoir réparer est tout aussi cruciale que de pouvoir compter sur la fiabilité du matériel).
Niverolle
Jarjarbings:<br /> toujours au sens comptable me parait plus que discutable.<br /> On est d’accord, mais c’est comme pour l’alpinisme de haut-niveau, c’est en se testant sur ce genre de défis que l’on fait reculer les limites. Autrefois l’Everest était un «&nbsp;problème&nbsp;» insoluble, maintenant c’est devenu un vrai business, pour le meilleur et pour le pire (c’est une poubelle et il y a déjà eu un véritable bouchon sur la voie normale). Or l’Espace est bien parti pour faire de même…
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