Les industriels programment l'obsolescence de certains Blu-ray Ultra HD. Certains disques nécessiteront effectivement une connexion à des serveurs pour être lus. Ils seront donc illisibles à long terme, lorsque l'industrie coupera ces serveurs, et à court terme dans une résidence secondaire dépourvue d'accès à internet.
Le mécanisme anticopie des Blu-ray Ultra HD prévoit effectivement deux niveaux de protection, dont un nécessite une connexion à internet. C'est ce qu'a révélé l'un des documents que WikiLeaks a publié l'année dernière suite au piratage des studios Sony Pictures.
Les 1ers Blu-ray Ultra HD exploiteront le niveau Basic du nouveau DRM AACS 2.0. Ces disques fonctionneront comme les Blu-ray standards, si ce n'est qu'ils reposeront sur un mécanisme de protection renforcé.
Mais un DRM AACS 2.0 dit Enhanced risque d'être mis en œuvre dans un second temps. Chaque lecteur de Blu-ray devra se connecter à internet et aux serveurs de l'industrie de la vidéo la première fois qu'il lira un disque exploitant cette protection. Concrètement, on ne pourra pas lire ces Blu-ray sur le lecteur d'une résidence secondaire déconnectée. On pourra au mieux emporter le lecteur de sa résidence principale, puisqu'il conservera en mémoire les données nécessaires au déchiffrage.
Surtout, un tel DRM pose des problèmes plus graves à plus grande échelle et à plus long terme.
Notamment, le mécanisme ouvre la voie à la censure. Il permet à l'industrie d'interdire la lecture d'un programme après son acquisition.
Et alors qu'on peut encore lire une VHS ou même un gramophone centenaire avec l'équipement approprié, les Blu-ray AACS 2.0 Enhanced seront arbitrairement rendu illisibles lorsque l'industrie décidera d'abandonner le standard et de couper les serveurs d'authentification. À moins de conserver les lecteurs sur lesquels ils auront été authentifiés, mais la durée de vie de tels équipements est nettement inférieure à celle d'un disque pressé bien conservé.
En somme, ces Blu-ray combineront les inconvénients de la VOD (durée de vie limitée par un DRM dépendant de serveurs) et les inconvénients des supports physiques (non-instantanéité de l'achat, manipulations...).
Un coup d'épée dans l'eau
Le pire c'est que ces Blu-ray n'arrêteront pas pour autant les pirates. En fait, c'est déjà fichu.
En verrouillant les disques, l'industrie s'échine à protéger une portion seulement de la chaîne de diffusion. Mais comme dit le dicton, une chaîne ne vaut que ce que vaut son maillon le plus faible. Or le protocole HDCP 2.2, supposé protéger la liaison HDMI entre la sortie d'un lecteur de Blu-ray et l'entrée d'un téléviseur, a déjà été cassé.
On trouve effectivement des appareils tels que le HDFury Integral qui passent outre la protection HDCP 2.2. Ils répondent au besoin, légitime, de « résoudre les erreurs HDCP ». Il faut dire qu'une partie de l'industrie a contribué à cette situation en commercialisant prématurément des téléviseurs Ultra HD qui n'étaient compatibles ni avec le HDMI 2.0, ni avec le HDCP 2.2. Associé à une interface de capture HDMI Ultra HD quelconque, l'appareil permet ainsi de copier un Blu-ray Ultra HD.
En somme, comme d'habitude, ces mesures destinées à empêcher le piratage ne constitueront des contraintes que pour les consommateurs honnêtes. Elles risquent au contraire d'en détourner certains, fatigués de payer pour les autres, du droit chemin.
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