Dans une lettre ouverte, 287 personnes affiliées à la NASA tirent la sonnette d’alarme. Elles craignent que les coupes budgétaires récentes compromettent la sécurité des astronautes et entraînent un déclin durable de l’agence spatiale américaine.

Le personnel de la NASA tire la sonnette d'alarme. ©Tada Images / Shutterstock
Le personnel de la NASA tire la sonnette d'alarme. ©Tada Images / Shutterstock
L'info en 3 points
  • 287 personnes affiliées à la NASA alertent sur les coupes budgétaires menaçant la sécurité des astronautes et l'avenir de l'agence.
  • Sean Duffy, sans expérience spatiale, a remplacé Janet Petro après une réduction de 25 % du budget de la NASA.
  • 3 000 employés quittent la NASA, aggravant l'impact des changements rapides et non stratégiques sur l'agence.

Il y a quelques jours, Sean Duffy, proche de Donald Trump sans aucune expérience dans le spatial, remplaçait brutalement la cheffe par intérim de la NASA, Janet Petro. Une initiative qui est survenue suite à une coupe de 25 % sur le budget de l'agent spatiale pour l'année fiscale. La division scientifique, la plus durement touchée, va ainsi passer de 7,3 à 3,9 milliards de dollars, menaçant des dizaines de missions.

Et pour couronner le tout, environ 3 000 employés ont déjà accepté des départs différés ou anticipés, tandis que d’autres licenciements sont attendus.

La sécurité des astronautes menacée

« Les changements programmatiques majeurs à la NASA doivent être mis en œuvre de manière stratégique afin que les risques soient gérés avec soin. Au lieu de cela, les six derniers mois ont été marqués par des changements rapides et inutiles qui ont sapé notre mission et ont eu des conséquences catastrophiques sur le personnel de la NASA », dénoncent les signataires de la missive adressée à Sean Duffy. Parmi eux, on retrouve au moins 55 employés actuels de la NASA. Les autres sont d’anciens salariés, scientifiques ou sous-traitants.

Au cœur de leurs inquiétudes : la remise en cause de la Technical Authority, un système de contrôle interne instauré après la catastrophe de la navette Columbia en 2003 pour garantir la sécurité des missions. Des changements annoncés à ce dispositif, combinés à une culture du silence croissante, pourraient, selon eux, mettre en péril la vie des astronautes.

Ils fustigent également le démantèlement précipité de projets, y compris certains pourtant validés et financés par le Congrès, et dénoncent des licenciements massifs qui menacent de provoquer une perte irréversible d’expertise. La suppression des initiatives DEIA (diversité, équité, inclusion, accessibilité) est aussi perçue comme un recul préoccupant, à la fois pour le climat interne de l’agence et pour la qualité de la recherche.

Vue d'artiste de la station Lunar Gateway, mise aux oubliettes par la nouvelle administration.  ©NASA
Vue d'artiste de la station Lunar Gateway, mise aux oubliettes par la nouvelle administration. ©NASA

Vers la fin du leadership américain

Derrière ces critiques, c’est une alerte plus large qui est lancée ; celle d’un glissement vers une NASA politisée, où les décisions seraient dictées par l’idéologie au détriment de la rigueur scientifique. Les signataires craignent une rupture avec les partenaires internationaux, notamment via l’abandon de la station lunaire Lunar Gateway, qui était considérée comme la pierre angulaire du programme Artemis. Dans ce contexte, ils redoutent une perte durable du leadership américain dans l’exploration spatiale.

Suite à la publication de cette lettre, Makenzie Lystrup, directrice du NASA Goddard Space Flight Center, a annoncé sa démission. Et ce n'est pas anodin : l'organisme concentre 60 % du budget scientifique de l’agence, gérant les télescopes James Webb et Hubble. Ses ingénieurs assemblent actuellement le télescope phare Nancy Grace Roman, également menacé par les coupes budgétaires.

Pour conclure leur message avec force, les signataires rendent hommage aux 17 astronautes morts en mission lors des trois plus grandes tragédies de l’histoire de la NASA.