Coup de théâtre à Washington : Donald Trump retire la nomination de Jared Isaacman à la tête de la NASA, à quelques jours seulement du vote de confirmation au Sénat. Cette décision surprise rebat les cartes pour la direction de l'agence spatiale américaine et soulève des interrogations quant aux motivations présidentielles.

En décembre dernier, l'annonce de la désignation de Jared Isaacman, entrepreneur milliardaire et pionnier du tourisme spatial privé, pour diriger la NASA avait marqué les esprits. L'homme de 42 ans, connu pour ses liens étroits avec SpaceX et son fondateur Elon Musk, semblait incarner une nouvelle ère pour l'agence. Cependant, un revirement de dernière minute vient de mettre un terme à cette perspective, plongeant la future gouvernance de la NASA dans l'incertitude.
Un revirement soudain et des justifications évasives
C'est par un message sur son réseau social Truth Social que Donald Trump a annoncé sa décision de retirer la nomination de Jared Isaacman. Le président a évoqué une « évaluation approfondie des affiliations antérieures » du candidat et la nécessité de nommer une personne « alignée sur la mission » et qui « donnera la priorité à l'Amérique dans l'espace ». Liz Huston, porte-parole adjointe de la Maison Blanche, a renchéri en soulignant qu'il était « essentiel que le prochain dirigeant de la NASA soit en parfait accord avec le programme America First du président Trump ». Ces déclarations, bien que fermes, laissent planer un certain flou sur les motifs exacts de ce désaveu.
Jared Isaacman n'est pas un inconnu dans le secteur aérospatial, loin de là. Fondateur et PDG de Shift4, une entreprise de traitement des paiements par carte de crédit, il s'est surtout fait connaître du grand public par ses aventures spatiales. Ayant déjà voyagé deux fois dans l'espace grâce à des missions privées opérées par SpaceX, il a notamment commandé la mission Polaris Dawn qui a vu la première sortie extravéhiculaire commerciale. Sa désignation initiale, qui avait été largement commentée, y compris dans nos colonnes lorsque nous évoquions le choix d'un astronaute self-made et grand client de SpaceX, était perçue comme un signal fort en faveur de la collaboration entre la NASA et le secteur privé florissant.

Si la Maison Blanche met en avant un souci d'alignement idéologique, d'autres pistes sont évoquées pour expliquer ce revirement. Selon certaines sources anonymes citées par des médias américains, les dons antérieurs d'Isaacman à des personnalités démocrates lors du cycle électoral de 2024 pourraient avoir pesé dans la balance, bien qu'il ait également soutenu des républicains par le passé. Sur les réseaux sociaux, Isaacman s'est généralement abstenu de prendre position sur des questions politiques sensibles. La proximité d'Isaacman avec Elon Musk, qui a récemment quitté son poste de conseiller à la Maison Blanche au sein du Department of Government Efficiency (DOGE), pourrait également être un facteur, bien qu'aucune liaison directe n'ait été officiellement établie.
Incertitude pour la NASA et réactions en chaîne
La candidature d'Isaacman avait déjà été approuvée fin avril par la commission sénatoriale du Commerce, de la Science et des Transports, et un vote en séance plénière du Sénat était attendu dans les jours suivants. Cette décision de dernière minute crée donc une vacance et une incertitude notables pour la direction de l'agence spatiale, qui joue un rôle crucial dans les ambitions américaines, notamment la mission de « planter le drapeau américain sur Mars » évoquée par la Maison Blanche.
Face à cette annonce, Jared Isaacman a réagi avec une certaine élégance sur X (anciennement Twitter), remerciant le président et le Sénat pour l'opportunité. Il a qualifié les six derniers mois de période « éclairante et, honnêtement, un peu palpitante », soulignant le dévouement des personnes travaillant pour l'agence. De son côté, Elon Musk a apporté son soutien à Isaacman, le décrivant sur X comme une personne « compétente et bienveillante », une qualité jugée « rare » par le patron de SpaceX. La Maison Blanche, pour sa part, n'a pas encore répondu aux demandes de commentaires précisant les « affiliations antérieures » pointées du doigt.
Donald Trump a promis d'annoncer « bientôt » un nouveau nominé pour le poste d'administrateur de la NASA. Ce futur candidat devra impérativement s'inscrire dans la lignée de la politique « America First in Space » prônée par l'administration. Ce revirement illustre la politisation croissante des nominations à des postes clés, même au sein d'agences scientifiques et techniques comme la NASA. L'attention se porte désormais sur l'identité du prochain candidat et sur la manière dont il ou elle parviendra à naviguer dans un environnement politique complexe tout en faisant progresser les ambitieux programmes spatiaux américains.
Source : Engadget