La mission, rebaptisée « Venus Life Finder », se précise, même si elle a pris du retard. Rocket Lab et le prestigieux MIT visent à présent la prochaine fenêtre de tir vers la « planète-enfer » en 2024, avec comme objectif une étude de l'atmosphère avec un capteur particulier. C'est aussi une démonstration technologique.
« Un projet soir et weekend », c'est ainsi que les équipes de Rocket Lab décrivent régulièrement la mission Venus Life Finder. Il faut rappeler que cette dernière n'est pas financée par l'agence spatiale américaine, mais qu'il s'agit d'une aventure privée, dont Rocket Lab assure la majorité des coûts. Comme il s'agit d'une entreprise cotée en bourse (et qui accumule les dettes), ce n'est clairement pas un projet prioritaire, et c'est ce qui explique qu'il a glissé de 2023 à 2024.
Petite mission, mais de l'ambition
En effet, il ne rapportera rien, sinon du prestige et potentiellement des contrats futurs pour d'autres missions avec la plateforme Photon. Cette dernière est commercialisée par Rocket Lab depuis deux ans pour tout type de projets légers et peu coûteux, comme l'envoi de capteurs spécialisés autour de la Lune, vers Mars ou Vénus. L'an dernier, une plateforme Photon avait transporté la toute petite sonde CAPSTONE vers la Lune.
Une capsule pour étudier l'atmosphère, vite !
Qu'il s'agisse d'une démonstration technologique n'enlève rien à la qualité de la science embarquée sur la future mission Venus Life Finder. C'est pour cette raison que Rocket Lab s'est associé au MIT (Massachusetts Institute of Technology) pour équiper sa charge utile. Cette dernière est constituée d'une capsule capable de résister durant plus d'une vingtaine de minutes à sa descente dans l'atmosphère vénusienne. À l'aide d'un capteur spécifique (un néphélomètre auto-fluorescent), la petite sonde analysera la possible présence de composés organiques dans les gouttelettes des nuages en haute altitude (de 100 à 22 km environ) et renverra ses données vers la Terre. Des résultats très attendus : Vénus est mal étudiée comparée à sa cousine Mars, et d'autres missions à venir ne sont pas attendues avant la fin de la décennie. À l'exception du capteur, comme il s'agit d'une mission privée, les équipes tentent aussi d'innover pour réduire les coûts du projet.
Objectif spécifique vs étude globale
La sonde, qui ne pèsera en tout que 315 kg, devrait désormais décoller à la fin décembre 2024, ou tout début 2025 pour larguer la capsule sur Vénus le 13 mai 2025. Dans un premier temps, une fusée Electron enverra la mission en orbite terrestre basse, et c'est la plateforme Photon qui va se propulser d'elle-même vers une orbite elliptique, jusqu'à quitter le « système Terre » en profitant au passage d'une assistance gravitationnelle de la Lune.
Là encore, l'objectif est de montrer aux agences (mais aussi à d'autres acteurs privés) qu'il est possible de faire une mission planétaire « low cost » qui, pour quelques millions ou dizaines de millions, peut envoyer un instrument performant et léger dans le Système solaire proche. Histoire de se différencier, la mission Psyche de la NASA qui vient de décoller pour aller vers l'astéroïde métallique du même nom, coûte en tout pratiquement un milliard de dollars. Deux écoles…