Une mission spatiale privée vers Vénus ? Rocket Lab vise fin 2024

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
01 novembre 2023 à 10h04
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Les différents usages de Photon, la plateforme "à tout faire" de Rocket Lab. © Rocket Lab
Les différents usages de Photon, la plateforme "à tout faire" de Rocket Lab. © Rocket Lab

La mission, rebaptisée « Venus Life Finder », se précise, même si elle a pris du retard. Rocket Lab et le prestigieux MIT visent à présent la prochaine fenêtre de tir vers la « planète-enfer » en 2024, avec comme objectif une étude de l'atmosphère avec un capteur particulier. C'est aussi une démonstration technologique.

« Un projet soir et weekend », c'est ainsi que les équipes de Rocket Lab décrivent régulièrement la mission Venus Life Finder. Il faut rappeler que cette dernière n'est pas financée par l'agence spatiale américaine, mais qu'il s'agit d'une aventure privée, dont Rocket Lab assure la majorité des coûts. Comme il s'agit d'une entreprise cotée en bourse (et qui accumule les dettes), ce n'est clairement pas un projet prioritaire, et c'est ce qui explique qu'il a glissé de 2023 à 2024.

Petite mission, mais de l'ambition

En effet, il ne rapportera rien, sinon du prestige et potentiellement des contrats futurs pour d'autres missions avec la plateforme Photon. Cette dernière est commercialisée par Rocket Lab depuis deux ans pour tout type de projets légers et peu coûteux, comme l'envoi de capteurs spécialisés autour de la Lune, vers Mars ou Vénus. L'an dernier, une plateforme Photon avait transporté la toute petite sonde CAPSTONE vers la Lune.

Une capsule pour étudier l'atmosphère, vite !

Qu'il s'agisse d'une démonstration technologique n'enlève rien à la qualité de la science embarquée sur la future mission Venus Life Finder. C'est pour cette raison que Rocket Lab s'est associé au MIT (Massachusetts Institute of Technology) pour équiper sa charge utile. Cette dernière est constituée d'une capsule capable de résister durant plus d'une vingtaine de minutes à sa descente dans l'atmosphère vénusienne. À l'aide d'un capteur spécifique (un néphélomètre auto-fluorescent), la petite sonde analysera la possible présence de composés organiques dans les gouttelettes des nuages en haute altitude (de 100 à 22 km environ) et renverra ses données vers la Terre. Des résultats très attendus : Vénus est mal étudiée comparée à sa cousine Mars, et d'autres missions à venir ne sont pas attendues avant la fin de la décennie. À l'exception du capteur, comme il s'agit d'une mission privée, les équipes tentent aussi d'innover pour réduire les coûts du projet.

La plateforme Photon (en bas) avec le grand CubeSat CAPSTONE pour sa mission lunaire. © Rocket Lab
La plateforme Photon (en bas) avec le grand CubeSat CAPSTONE pour sa mission lunaire. © Rocket Lab

Objectif spécifique vs étude globale

La sonde, qui ne pèsera en tout que 315 kg, devrait désormais décoller à la fin décembre 2024, ou tout début 2025 pour larguer la capsule sur Vénus le 13 mai 2025. Dans un premier temps, une fusée Electron enverra la mission en orbite terrestre basse, et c'est la plateforme Photon qui va se propulser d'elle-même vers une orbite elliptique, jusqu'à quitter le « système Terre » en profitant au passage d'une assistance gravitationnelle de la Lune.

Là encore, l'objectif est de montrer aux agences (mais aussi à d'autres acteurs privés) qu'il est possible de faire une mission planétaire « low cost » qui, pour quelques millions ou dizaines de millions, peut envoyer un instrument performant et léger dans le Système solaire proche. Histoire de se différencier, la mission Psyche de la NASA qui vient de décoller pour aller vers l'astéroïde métallique du même nom, coûte en tout pratiquement un milliard de dollars. Deux écoles…

Source : Space News

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (4)

JulienBache
Les Fanboys des articles sur l’espace de qualité doivent êtres concentrés sur la tempête qui arrive.<br /> En tous cas encore bravo pour les derniers articles.<br /> Par contre ils sortent souvent un dimanche ou un jour férié : rassure nous que tu prends des vacances Éric!
ebottlaender
Ils sont écrits en semaine, c’est l’éditorial du site qui décide quand ils sont publiés pour que ça «&nbsp;colle&nbsp;» le mieux avec la SEO et les lecteurs.
JulienBache
Tu me rassures (je tutoie mais c’est par respect).<br /> Clubic pourrait bientôt fêter ton 1000eme article (si je ne me trompe pas…) en lançant un sondage sur le préféré des lecteurs ?<br /> En tous cas le plus drôle était pour moi:<br /> Clubic.com – 13 Jun 23<br /> En impesanteur, l'ESA a frit et elle a tout compris<br /> Tout est dans les bulles… dans l'huile ! Une équipe grecque a réussi avec une expérience embarquée dans un vol « Zero G » à montrer que l'impesanteur n'est pas un obstacle pour faire frire des aliments. Une bonne nouvelle pour les futurs astronautes...<br /> Bravo encore et merci pour nous tenir informés.
Martin_Penwald
Histoire de se différencier, la mission Psyche de la NASA qui vient de décoller pour aller vers l’astéroïde métallique du même nom, coûte en tout pratiquement un milliard de dollars. Deux écoles…<br /> Euh, non, c’est surtout que ça n’a rien à voir. La NASA s’efforce toujours de faire au plus léger, mais vu les objectifs de la mission, le bidule pèse plus de 2700kg, donc forcément, ça coûte plus cher. D’autant que Psyché va tester un nouveau système de communication, ce qui alourdit la facture mais va permettre de valider des concepts qui seront mis à profit pour des missions futures.
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