Google en faillite forcée en Russie

19 octobre 2023 à 06h00
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La justice l'a officialisé : Google n'a plus de pied-à-terre en Russie © Sergei Elagin / Shutterstock
La justice l'a officialisé : Google n'a plus de pied-à-terre en Russie © Sergei Elagin / Shutterstock

Un an après son dépôt de bilan, la filiale moscovite du géant américain doit définitivement mettre la clé sous la porte. Mais quel impact cela aura-t-il réellement ?

Depuis le début du conflit entre l'Ukraine et la Russie, les relations entre cette dernière et les entreprises de la tech occidentales n'ont pas été au beau fixe. Guerre oblige, le gouvernement russe cherche à contrôler les flux d'informations en provenance et à destination de son territoire, ce qui n'est pas du goût de tout le monde.

Tout est bon pour mettre des bâtons dans les roues de chacun, et Google en a rapidement fait les frais.

De trop lourdes sanctions

Alors que son opération militaire tournait au vinaigre, le Kremlin a demandé à la firme américaine de retirer de ses plateformes certains contenus qu'il jugeait illégaux. Si Google s'est bien gardée de donner suite, elle s'est aussi permis de bloquer dans la foulée certains médias locaux sur YouTube. Cette démarche n'a pas vraiment plu aux autorités russes, qui se sont mises à chercher la petite bête pour ralentir les opérations de l'entreprise sur leur territoire.

Ainsi, ce qui devait arriver arriva : sa filiale installée à Saint-Pétersbourg et Moscou s'est vu infliger quelques lourdes amendes, dépassant de loin ses propres liquidités. Ni une ni deux, ses comptes bancaires ont été gelés, l'empêchant alors de rémunérer ses employés, et de payer ses prestataires et autres fournisseurs.

Il est peu probable que le logo de Google soit accroché à un mur en Russie avant un certain temps © Eshma / Shutterstock
Il est peu probable que le logo de Google soit accroché à un mur en Russie avant un certain temps © Eshma / Shutterstock

Google ou pas, la SARL qui porte son nom en Russie a été contrainte de déposer le bilan dès l'été 2022. Mais c'est seulement cette semaine qu'un tribunal moscovite l'a officiellement déclarée en faillite, signant ainsi l'arrêt des activités de Google dans le pays.

Enfin, pas tout à fait. Le Kremlin n'a pas encore exprimé son intention de bloquer les services de l'entreprise américaine sur son territoire, si ce n'est lors d'événements particuliers. Pour sa part, Google avait déclaré l'année dernière qu'elle continuerait de mettre certains de ses services à la disposition des internautes russes aussi longtemps que possible. Reste à voir si le son de cloche sera toujours le même dans les jours et semaines à venir.

Tant que YouTube est là, tout va bien ?

Moscou cherche, bon gré mal gré, à se « dégoogliser » de plus en plus, ou du moins à se défaire des services et produits occidentaux dans certains domaines. Ainsi, alors que l'iPhone est devenu persona non grata dans les mains des politiques, des médias sociaux comme Facebook sont bloqués par le Kremlin depuis plus d'un an. Même si les habitants sont habitués à utiliser les services locaux depuis des années, la faillite de Google s'inscrit dans la rupture entre le plus grand pays du monde et l'Occident.

La Russie aspire à une moins grande dépendance vis-à-vis de l'Occident dans le secteur de la tech © Shutterstock / Clubic
La Russie aspire à une moins grande dépendance vis-à-vis de l'Occident dans le secteur de la tech © Shutterstock / Clubic

Malheureusement, cette situation commence à avoir un impact de plus en plus important sur les internautes russes. Outre la censure et les efforts du Kremlin pour interdire les VPN, les infrastructures internet semblent souffrir du départ d'équipementiers tels que Nokia et Ericsson. Le pays risque d'être de plus en plus coupé d'une partie du monde, et il n'est pas certain que le vide laissé par les entreprises occidentales puisse facilement être comblé par des entreprises locales. À l'image de l'alternative russe à l'iPhone, qui a été un échec cuisant.

Source : Reuters

Maxence Glineur

Geek hyper connecté et féru de podcasts, je suis toujours en train de lire ou écouter des points infos en tout genre. Entre histoire, tech, politique, musique, jeux-video et vulgarisation scientifique...

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Geek hyper connecté et féru de podcasts, je suis toujours en train de lire ou écouter des points infos en tout genre. Entre histoire, tech, politique, musique, jeux-video et vulgarisation scientifique : toute l'actualité (ou presque) attise ma curiosité. Sinon, j'aime le rock et le lofi, les game-nights toujours trop longues, les bons films et les nanards.

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Commentaires (10)

pecore
Mais c’est bien sur. La visite de Xi Jinping en Russie, ce n’était pas pour vendre des armes, c’était pour expliquer à Poutine comment vivre coupé du reste du monde.<br /> Visiblement, Poutine est bon élève.
dredd
Poutine c’est lequel personnage dans Winnie l’Ourson ? Me souvient pas d’y avoir vu un tueur à gages mais j’ai plus regardé depuis bien 35 ans.
v1rus_2_2
C’est le nouveau live action:<br /> Winnie = Ji Xinping<br /> Porcinet = Kim Jong Un<br /> Bourriquet = Putin<br /> Reste juste à savoir qui est Tigrou, quelqu’un qui aime sauter <br /> Je suis dehors —&gt; [.]
dredd
Tigrou c’etait Obama dans le Lore.<br />
dredre
@v1rus_2_2<br /> Pour Tigrou actuellement, c’est peut-être plus facile de trouver qqun qui veut tout faire sauter ou se faire sauter que simplement sauter.
hellcat1944
Un modèle d’impartialité cet article…
Adrift
Tampis si les moutons pleurent sur mon commentaire: bravo la Russie (sur ce coup la).<br /> Il faut etre fort contre les fou geant de la tech qui dirigent nos vies et qui sont encore moins legitimes que… Poutine lui meme!<br /> Je ne suis pas pro-guerre, hein, mais je ne suis pas non plus pro geants dingues Californien de la tech qui se croient au dessus de tous les gouvernement du monde (et sa population - au moins dans les pays dis democratiques).<br /> Encore un exemple qui nous fait reflechir et nous demander ce qui est le pire entre regime fort et pas super democratique et regime faible et… pas super democratique non plus, haha. Au moins, ici on peut se plaindre meme si personne ne nous ecoute et on finit parfois censuré?
pecore
Alors déjà, traiter les personnes qui ne sont pas du même avis que toi de moutons, c’est pas terrible.<br /> Ensuite mettre sur le même plan un type qui envahi, bombarde, assassine, accapare, déstabilise et menace de représailles nucléaires et des entreprises qui… cherchent à faire de l’argent et à avoir de l’influence, il faudrait vraiment que tu révises ta morale et tes échelles de valeur, parce qu’il y a un truc qui déconne, clairement.<br /> Enfin, si tu es tellement fan de ce type et de ce système comparé au notre, je suis sur que dans ce sens là, la frontière est grande ouverte et en plus il y a des postes à pourvoir. Non ? Pas intéressé ? J’en était sur.
Laurent_Marandet
Google va laisser moins de plumes dans cette faillite en Russie que Renault qui avait cru très pertinent de monter un co-entreprise à la fin des années 90 avec la municipalité de Moscou. Ils avaient totalement raté les marchés chinois, Indien et brésiliens mais avaient tout misé sur les russes. Heureusement pour eux, ils ont réussi un bon coup avec Dacia, qui ne leur a certainement pas coûté trop cher en mise de départ.
julla0
Oui je trouve, pourquoi ?
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