Finalement, Waze, Coyote et cie pourront continuer à signaler les contrôles de vitesse !

Thibaut Keutchayan
Publié le 26 novembre 2021 à 10h56
© Shutterstock
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Ça y est, c'est (enfin) tranché. Après plusieurs mois de tergiversations autour de la question du signalement de contrôles de police entre usagers de certains services d'aide à la navigation, le Conseil constitutionnel a rendu son verdict.

Rappelons que le Conseil des Sages avait été saisi dans le cadre d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) dès le mois de septembre dernier par le Conseil d'État.

La liberté d'expression est fondamentale, rappellent les Sages

Signaler ou ne pas signaler, telle était la question que se posaient diverses sociétés proposant des services d'aide à la navigation, à l'image de Coyote, TomTom Go ou encore Waze. En cause, une nouvelle loi prévoyant, dans un cadre strict, la création de zones blanches sur le réseau routier national sur ordre du préfet afin de faciliter le travail des forces de l'ordre.

Le problème, c'est qu'une partie de cette loi est tout bonnement inconstitutionnelle, selon le Conseil, qui a rendu sa décision n°2021-948 QPC le 24 novembre dernier lors d'une session délocalisée à Bourges. À l'origine, pour deux avocats de la société Coyote, cette loi constituait tout bonnement, dans certains cas comme celui des contrôles radars, une entrave à la liberté d'expression « ni adaptée ni proportionnée à l'objectif poursuivi par le législateur ».

De même, pour Coyote, elle entraîne une inégalité devant la loi, puisque les seuls usagers du réseau national sont concernés. Enfin, les coûts engendrés à la charge des sociétés iraient à l'encontre du principe d'égalité devant les charges publiques. Les avocats de Coyote dénoncent également une imprécision dans « l'obligation mise à la charge des exploitants, dont la méconnaissance est pénalement sanctionnée ».

En revanche, le grief de méconnaissance du principe d'égalité devant la loi n'est pas invocable

Invoquant notamment le célèbre article n°11 de la DDHC de 1789 portant sur la liberté d'expression, le Conseil constitutionnel décide qu'il « en résulte que les mots "sur le réseau routier national défini à l'article L. 121-1 du code de la voirie routière" figurant au paragraphe II de l'article L. 130-11 du Code de la route méconnaissent la liberté d'expression et de communication et doivent être déclarés contraires à la Constitution ». Ce qui donne donc raison à Coyote sur ce point.

Pour ce qui est du reste de la loi, celle-ci n'est en rien inconstitutionnelle, selon la décision rendue par le Conseil. Mais ce dernier certifie bien que les contrôles de police concernés et éligibles sont strictement définis dans le cadre de cette loi. Ainsi, contrairement à ce que craignaient certaines associations de la défense des automobilistes, le signalement des contrôles radars ne pourra pas faire l'objet de telles mesures de restrictions préfectorales. Les usagers de ces services d'aide à la navigation pourront donc continuer à signaler les contrôles radars mobiles sans problème.

Thibaut Keutchayan
Par Thibaut Keutchayan

Je m'intéresse notamment aux problématiques liant nouvelles technologies et politique tout en m'ouvrant à l'immense diversité des sujets que propose le monde de la tech' quand je ne suis pas en train de taper dans un ballon.

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Commentaires (10)
atmen

J’ai lu plusieurs fois l’article et je suis pas sûr d’avoir tout compris. Que cette censure change-t-elle par rapport au projet de loi initial? De toute façon sur Waze, tout type d’operation de police quelque soit sa nature n’est il pas signalé avec le même icône ? Et si il n’y avait pas eu censure, n’aurait-il pas suffit aux usagers de remplacer l’icône police par celui de danger sur la route?

Popoulo

« La liberté d’expression est fondamentale » : si ces mêmes c…s de sages avait perdu des membres de leur famille à cause de chauffards, peut-être que leur connerie de liberté d’expression, ils en feraient des suppositoires.

Altenna13

« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux » Benjamin Franklin.
Est avec le recul c’est souvent vrai.

TNZ

On peut être un chauffard à vitesse légale.
Tu t’es trompé de colère.

Nmut

Il ne faut pas confondre légalité et morale ou justice (dans le sens de la chose juste et équitable). Il n’était ici statué que sur cette légalité du texte.
On a de plus en plus tendance à mélanger la justice, la morale, la légalité et exacerber les sentiments par des raccourcis douteux.
Je pense que cela vient du fait que les politiciens, dès qu’ils ne sont pas/plus au pouvoir, quelque soit leur bord, sont très forts pour ça, mais aussi toutes les manipulations évidentes dans certains médias et sur les réseaux sociaux.
Si quelque chose ne va pas ici, c’est plutôt aux députés de pondre des lois consistantes et inattaquables, mais ça doit être hyper complexe vu la complexité du droit français.

Nmut

Certes.
Mais regarde le texte original et contexte de cette phrase () la traduction et le sens sont un peu déformés) et tu comprendras qu’elle ne veut pas dire exactement ce que tu penses! :stuck_out_tongue:

ioni

Les sages n’ont rien censuré du tout, les contrôles de vitesse sont déjà exclus de la loi. A ce demander si ils l’ont lu avant d’émettre avis.

tfpsly

Cette phrase est… une mauvaise traduction + un énorme contresens; et pas sûr que Franklin en soit l’auteur. :wink: Wiki et vidéo de M. Phi

La vraie traduction est :

« Ceux qui peuvent renoncer à la liberté essentielle pour acheter un peu de sécurité temporaire, ne méritent ni la liberté ni la sécurité. »

Dans cette lettre le gouvernement fédéral demandait au gouvernement de Pennsylvanie de participer financièrement à l’effort de guerre contre les indiens. Et le critiquer pour avoir préférer sauvegarder ses finances à court terme en restant neutre plutôt que de participer à la défense de la Liberté (le gouv’ fédéral étant forcément le camp du bien et de la Liberté). Elle montre au contraire au contraire la justification d’une taxe militaire et la préférence de la défense sur la liberté financière.

  • Si Benjamin Franklin a participé à la rédaction de la lettre qui contient cette phrase au nom de l’Assemblée de Pennsylvanie, rien n’atteste qu’il soit personnellement l’auteur de cet extrait en particulier.
  • Sa traduction est approximative, l’exacte étant : « Ceux qui peuvent renoncer à la liberté essentielle pour acheter un peu de sécurité temporaire, ne méritent ni la liberté, ni la sécurité ». Le mot « acheter » qui disparaît dans la formulation couramment diffusée a son importance, car il semble qu’il ne soit pas utilisé dans un sens métaphorique, ni dans son sens classique d’« obtenir », mais pour dénoncer la cupidité de ceux qui refusent de contribuer à une fonction régalienne pour privilégier leur « sécurité » financière temporaire.
  • Son sens est mal compris, cette phrase est fréquemment utilisée pour dénoncer des lois jugées liberticides au service d’objectifs sécuritaires alors que les auteurs défendaient au contraire le prélèvement d’une taxe pour financer une politique de défense.
keyplus

la plus part des accidents mortels sont du aux jeunes et à la vitesse

TNZ

Tu as bien retenu le message officiel.
Maintenant, donne nous les explications de ce qu’il se passe quand les jeunes ont des accidents à cause de la vitesse, les causes ainsi que le phénomènes physiques qui interviennent.