La "bonne idée" d'Elon Musk : un abonnement plus cher, mais sans pub, vous adhérez ?

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 23 janvier 2023 à 09h35
© thongyhod / Shutterstock / Clubic
© thongyhod / Shutterstock / Clubic

En instaurant un abonnement plus coûteux, mais sans publicités, Twitter pourrait poser les bases de l'évolution de son modèle économique.

« Ce soir, il me vient une idée », chante Michel Sardou dans Les Vieux Mariés. On ne saura pas si cette chanson a pu inspirer Elon Musk, mais le milliardaire propriétaire de Twitter en a eu une nouvelle ce week-end. Il est d'abord parti du constat que les publicités étaient trop fréquentes sur son réseau social et qu'elles prenaient un peu trop de place dans le fil d'actualité des utilisateurs.

Musk veut « prendre des mesures » face à la publicité

« Il faut prendre des mesures pour résoudre ces deux problèmes dans les prochaines semaines », a expliqué le fondateur de Tesla, qui veut aller vite, fidèle à son habitude. « Il y aura donc un abonnement plus cher qui ne comportera pas la moindre publicité », a-t-il écrit dans un tweet posté le samedi 21 janvier.

Aujourd'hui (mais on sait que ça peut changer à tout instant ou presque), l'abonnement Twitter Blue, qui offre notamment l'accès à un petit badge de certification, coûte 11 dollars par mois ou 84 dollars en formule annuelle. Cet abonnement pourrait bientôt être accompagné d'un autre, plus cher donc, mais exemptant ses souscripteurs de toute publicité.

Et, bien que certains annonceurs soient de retour sur Twitter, Elon Musk prendrait un coup d'avance sur les marques qui vont et viennent sur la plateforme.

Un modèle économique qui doit être récompensé

Il s'agirait d'un virage majeur dans la politique économique de Twitter, dont 90 % des revenus proviennent de la publicité ciblée, du moins jusqu'au lancement de Blue le mois dernier.

Bien qu'Elon Musk soit un expert des idées parfois… étonnantes, celle-ci nous paraît d'une logique imparable. S'il pèse dans le monde des médias sociaux, Twitter n'a jamais été une machine à cash comme certains de ses illustres concurrents. Son nouveau patron a lui-même reconnu s'attendre à une « baisse massive » du chiffre d'affaires de l'entreprise californienne, de l'ordre de 41 % pour 2022, soit environ 3 milliards de dollars.

Elon Musk en a aussi profité pour répondre à l'un de ses followers qui se demandait si un fonds spécifique pour les créateurs de contenu allait être mis en place pour inciter davantage ces derniers à rester sur Twitter et à fédérer depuis cette plateforme. « Ouais, on y pense fort », a répondu Musk.

Source : Reuters

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
Baxter_X

Je m’en tape, je commence à en avoir vraiment marre d’entendre parler de ce type…

AlexLex14

Plus que Musk, je pense que c’est l’idée du changement de modèle éco de Twitter qui est intéressante ici (ce qui ne veut pas dire qu’elle est bonne ou mauvaise, je ne suis pas juge ^^)

Altdorf

Jamais utilisé Twitter mais j’aime bien suivre ce roman divertissant lol

ayaredone

J’utilise rarement Twitter mais je trouve que c’est rempli de publicités. Une offre pour la retirer aurait du sens.

soaf78

c’est pas vraiment une idée, c’est une nécessité, le marché de la pub en ligne est en perte de vitesse ces derniers mois (il est un des premiers budget à être rogné depuis le début de la crise énergétique).
La branche pub de google a perdu 30 à 40% de son CA lors du dernier trimestre 2022 et la tendance n’est pas à un retour à la normale, les CPM des affichages s’effondrent.
E.Musk a racheté un truc qui avait un modele économique bancal, bah, maintenant il n’a plus de modele économique tout court (c’est con pour un jouet à plus de 40 milliards…)

Zimt

M’en contre-fiche : à part LinkedIn à l’occasion, zéro réseau social.

En effet, il se trouve que je suis encore connecté à ma vraie vie.

AlexLex14

Je suis d’accord

thurim

Je ne pense pas que la diminution des budgets soient liées à une ré orientation des investissements suite au Covid, mais plus à une prise de conscience de pas mal d’entreprise : la publicité ciblée en ligne, c’est du vent !

Ces dernières années, Procter & Gamble, un gros acteur des biens de consommations (les rasoirs gilette, c’est eux qui sont derrière), a diminué son budget de marketing digital (publicité ciblée principalement) de 200 millions de dollars, en le ré orientant vers les pubs classiques (journaux / affiches…). Ils n’ont vu strictement aucun impact sur leurs chiffres de vente, ou le comportement de leurs clients…

Tim Hwang, un chercheur, a justement développé le sujet dans un bouquin. Actuellement, les retours d’expérience concernant la publicité ciblée ne viennent que des acteurs dont c’est le coeur de marché (Google, Facebook, Criteo…). Aucun « client » n’a réussi à démontrer que cette publicité était efficace.
Derrière cela, il y a pas mal de raison :

  • Des algo franchement débiles (quand tu vois une pub pour un produit partout alors que tu viens de l’acheter, tu te dis qu’il y a quand même un énorme loupé…).
  • Un comportement d’évitement de plus en plus fréquent (déjà en 2010, Google avait identifié la zone du « triangle d’or », en constatant que les internautes ne regardaient plus le reste de l’écran, où se trouvait traditionnellement les pubs ; c’est bien expliqué ici : Triangle d'or sur Google. Zone chaude, froide et l'eye tracking)
  • Un environnement applicatif de moins en moins pub friendly (bloqueur de pub, cookie nécessitant le consentement, Apple qui a ouvert la boite de pandore en bloquant la collecte de données sur ses devices…).
  • Des prospects de moins en moins réceptifs à la pub en ligne du fait de la multiplication des arnaques / sites de dropshipping… Même les sites comparatifs sont devenus des blagues, avec les contenus sponsorisés, ou les testeurs mettant des bonnes notes pour continuer à recevoir des produits (suffit de voir la presse du jeux vidéo, c’est une catastrophe…).

Au final, tout l’environnement de la pub ciblée en ligne devient de plus en plus fragile. Et cela n’aborde même pas les questions d’actualité comme l’utilisation de l’énergie et l’emprunte carbone des socles d’infrastructure nécessaire à la pub.
Bref : la pub en ligne, surtout s’il y a de l’intelligence derrière, semble de moins en moins intéressante d’un point de vu retour sur investissement, et de moins en moins pérenne d’un point de vue modèle technologique (de la collecte des données à l’affichage des pubs).

Par contre, la diminution de la pub digitale soulève un énorme problème : le modèle financier de certains GAFAM, qui sont devenu indispensables au fonctionnement de notre société en l’état (imagine si Google disparaissait : la fin de service comme Google doc serait une catastrophe pour beaucoup d’entreprises…).
On le voit aussi là avec Twitter, en constatant le poids que ce média a pris dans le traitement de l’information.

pecore

D’accord aussi.
En lisant l’article je m’étais surtout dis que c’était la « solution » imaginée pour contrer le départ en masse des annonceurs ne voulant pas être associés à la nouvelle ligne éditoriale de Twitter (racisme, complotisme, invectives, Donald Trump etc…).
Mais bon, en fait de solution, ça sent surtout le désespoir.

soaf78

Je ne parlais même pas de la crise du covid, mais de la hausse des prix de l’énergie qui impacte tous les acteurs (du moins européens) depuis l’invasion de l’ukraine et ses conséquences.

Sinon, tout à fait d’accord avec les reste de ce que tu énonces