Données : Bruno Le Maire s'inquiète du Cloud Act américain

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 20 février 2019 à 16h40
Bruno Le Maire
Alexandros Michailidis / Shutterstock.com

En déplacement dans un nouveau centre de données inauguré à Pantin, le ministre de l'Économie et des Finances a fait part de son inquiétude quant au Cloud Act américain.

Bruno Le Maire était à Pantin en Seine-Saint-Denis, lundi 18 février, pour inaugurer le huitième data-center de la firme américaine Equinix. Le ministre de l'Économie et des Finances en a profité pour annoncer son souhait de faire de la France la première terre d'accueil de centres de données en Europe, alors qu'elle n'est aujourd'hui que le quatrième pays du continent, derrière l'Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Mais l'homme politique se pose des questions quant aux limites à imposer au Cloud Act américain, une loi extraterritoriale qui pourrait remettre en cause la souveraineté numérique du pays.

Le juge américain va pouvoir réclamer à une société comme Amazon ses données détenues en France

Le Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act, ou Cloud Act, est une loi fédérale adoptée en mars 2018 par les États-Unis. Ce n'est pas un banal texte puisque celui-ci permet aux autorités judiciaires américaines d'accéder et de saisir les données électroniques stockées sur un territoire étranger (la France par exemple) par des entreprises de l'Oncle Sam, comme Amazon Web Services, Microsoft Azure, Google Cloud ou Oracle, pour ne citer qu'elles.

Le Cloud Act est aujourd'hui vu comme une menace par son aspect extraterritorial : « Il n'y a pas, au vingt-et-unième siècle, de souveraineté politique sans souveraineté technologique. L'une va avec l'autre », affirme Bruno Le Maire, dont la position au sujet du texte américain est on ne peut plus claire. « Nous devons poser des limites claires au Cloud Act », déclare-t-il.



La Commission européenne va ouvrir des négociations avec les États-Unis

Bruno Le Maire attend désormais les offres des acteurs informatiques, d'ici la fin de cette année, pour créer une plateforme souveraine de stockage des données. Avant cela, et comme il a pu le faire pour la taxation des géants du numérique, le ministre entend motiver la Commission européenne à étudier la question. L'institution européenne devrait prochainement débuter des négociations avec les USA sur le sujet.

Mais la tâche se révèle plus difficile que prévue. Du côté de Washington, on ne rechigne pas à discuter, mais d'État à État seulement, pas d'État à UE. La réciprocité (de la saisie des données) sera discutée. La France veut aussi imposer à la justice américaine de notifier aux entreprises européennes le fait que leurs données ont été saisies. Les acteurs français, eux, redoutent cette proximité annoncée avec les juges américains.

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
Metaphore54

C’est plutôt positif si ça va dans les deux sens et à condition que ce soit fait avec des règles mutuelles.

wannted

mdrr ça fait des années que les politiques ne veulent pas de datacenters en France et maintenant ils se réveillent ?

maybachfan67

@Metaphore54, quand on voit comment les USA font du vol d’informations d’entreprises étrangères, y compris sous couvert de leur tribunaux pour favoriser les entreprises américaines on va encore se faire avoir.

redjoe

Il y des entreprises indépendantes à soutenir. Des grosses comme OVH, des plus petites comme les “chaton” de l’i itiative degooglisons internet
https://degooglisons-internet.org/fr/alternatives/
Et vous vos,données ? Où sont elles stockées ?

dancod

Simple: déplacer le siège social des AWS, Azure, Google Cloud et Oracle Cloud hors des USA et zou, on échappe à cette loi débile…

tmtisfree

On dirait plutôt Bruno L’amère, non ?

maybachfan67

A partir du moment où elles ont des infrastructures aux USA même si le siège social est ailleurs elles risqueront surement des problèmes si elles refusent le Cloud Act. D’où le fait que je pense qu’on est pas protégé chez OVH puisque déjà en 2017 ils avaient 2 datacenter aux USA.
Il suffit par exemple de voir comment des entreprises dont le siège est en Europe ne peuvent pas faire d’affaire avec l’Iran à cause des USA.

twist_54

On devrait faire un TAX ACT si vous voyez ce que je veux dire…

K4minoU

Je pense que cette loi clarifie seulement la possibilité de récupérer des données numériques peu importe où elles se situent dans le monde (par les autorités, en cas de besoin). Après tout, ce ne sont que des 0 et des 1, une partie peut-être sur un cluster USA et l’autre dans un pays EU.

Je pense qu’elle s’adresse donc plus aux sociétés américaines, sur le sol américain, afin qu’elles ne puissent pas passer à travers les mailles en s’abritant derrière l’excuse des données numériques ne se trouvant pas sur le sol américain au moment des faits.

parce que sans cette loi, pour une société, elle peut tjs récupérer ses données, quelque soit l’endroit (enfin je l’espère pour elle, autrement, c’est grave lol).

Pascal_KOTTE

Ben, il vaut mieux tard que jamais…