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Un outil déployé pour la première fois en 2019 par Microsoft permet aux managers de monitorer l'activité de leurs employés de manière individuelle. Il vaut aujourd'hui de vives critiques envers le groupe, accusé de permettre une importante surveillance managériale.

Alors que le télétravail a bondi à la suite de la pandémie de COVID-19, le « score de productivité » proposé par Microsoft avec certains outils fait débat. Il permet in fine d'estimer l'activité individuelle et l'engagement de chaque employé. Pour les mesurer ? Des outils de tracking accessibles depuis 2019 par le biais de la suite Microsoft 365. Elle permet notamment aux managers d'avoir une idée précise de l'activité de leurs équipes… mais aussi d'obtenir des statistiques à un niveau individuel, pour chaque employé.

Des outils puissants pour mesurer l'activité…

Comme le rapporte le quotidien britannique The Guardian, ces outils sont conçus pour « vous donner une visibilité sur le fonctionnement de votre organisation », selon le phrasé de Microsoft. Dans les faits, ces derniers permettent de réunir toute une variété d'informations en un seul endroit et de les traduire en un pourcentage de productivité. Ce pourcentage est obtenu à partir du nombre d'emails envoyés par les équipes, ou encore de la bande passante utilisée en cours de journée.

À l'échelle d'une équipe complète, l'utilisation de ces données est défendable, mais par défaut, ces outils de statistiques permettent aux managers de suivre l'activité précise de chaque employé. Il leur est alors possible de savoir qui participe le moins aux conversations de groupe, qui envoie le moins d'emails ou de découvrir quels sont les employés les moins impliqués dans la modification de documents partagés, par exemple.

Microsoft évoque un simple outil destiné à « découvrir de nouvelles méthodes de travail »

De son côté, Microsoft explique que le score de productivité est avant tout destiné aux administrateurs, dans une optique d'optimisation de leurs systèmes. « Le score de productivité est une expérience "opt-in" qui donne aux administrateurs informatiques un aperçu de l'utilisation des technologies et des infrastructures. Ces informations sont destinées à aider les organisations à tirer le meilleur parti de leurs investissements technologiques en s'attaquant à des problèmes courants tels que les longs temps de démarrage, la collaboration inefficace sur les documents ou la mauvaise connectivité réseau » lit-on dans un communiqué relayé par The Guardian.

« Nous nous engageons à ce que le respect de la vie privée soit un élément fondamental du score de productivité » a pour sa part indiqué le corporate vice-président de Microsoft 365, Jared Spataro, dans une note. « Soyons clairs : le score de productivité n'est pas un outil de suivi du travail. Le score de productivité permet de découvrir de nouvelles méthodes de travail, de fournir à vos collaborateurs une excellente (…) expérience technologique. »

La peur d'un monde du travail orwellien

Il en faudra plus pour rassurer les plus inquiets. Pour David Heinemeier Hansson, co-fondateur de la suite Basecamp, « le mot dystopique est loin d'être assez fort pour décrire le [nouvel enfer sur lequel Microsoft vient d'ouvrir une porte] ».

« Au moment même où la réputation de Microsoft commençait à se reconstruire, ils la font exploser avec le système de surveillance professionnel le plus invasif qui ait jamais été mis en place » ajoute-t-il, arguant, à raison, qu'être « sous surveillance constante sur le lieu de travail est un abus psychologique », et qu'avoir « à s'inquiéter d'avoir l'air occupé pour les statistiques est la dernière chose que nous devons infliger à qui que ce soit », d'autant plus en cette période de forte pression psychologique liée à la pandémie.

Et pourtant, comme le notait The Guardian après une interview du Dr Claudia Pagliari, chercheuse en santé et société de l'Université d'Édimbourg, de nombreuses entreprises ont « vraiment accéléré » la surveillance de leurs employés à mesure que le télétravail s'est généralisé face à la crise sanitaire.

Source : The Guardian