Faut-il s'attendre à une amélioration de la loi sur les droits voisins ? Le gouvernement durcit le ton

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 27 novembre 2019 à 07h59
Franck Riester
Franck Riester, le ministre de la Culture

Le ministre français de la Culture, Franck Riester, travaille à une cohésion européenne autour de la loi à laquelle Google s'oppose.

L'union fait la force, dit-on. Jeudi 21 novembre se tenait à Bruxelles le Conseil européen des ministres de la Culture, auquel le représentant français, Franck Riester, a logiquement assisté. Ce fut pour l'occasion de placer Google au centre des débats. Le géant américain, qui contourne le texte instaurant un droit voisin pour les éditeurs de presse, se voit peu à peu opposer une coalition européenne sur le sujet.

Google ne bouge pas d'un pouce

Le ministre français l'assure : « L'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la Grèce, la République tchèque, le Danemark, la Croatie... Tous ont affirmé qu'ils étaient très mobilisés pour transposer la loi et la faire respecter ». Pour l'instant donc, il ne resterait - toujours et encore - que la Pologne dans le camp des réfractaires, le pays maintenant ses réserves sur le droit voisin.


Rappelons que la loi prévoit que les grandes plateformes numériques, comme Google ou Facebook, rémunèrent les éditeurs de presse en échange de l'indexation de leurs contenus. La firme de Moutain View, de son côté, ne modifie pas d'un iota son discours, continuant d'affirmer « vouloir aider les internautes à trouver des contenus d'actualité auprès de nombreuses sources », avec des résultats qui resteraient basés sur la pertinence, et non sur des accords commerciaux.

Une possible amélioration de la loi à l'avenir

Alors que plusieurs éditeurs français (l'AGIP, l'AFP et le SEPM) ont annoncé avoir déposé plainte contre Google ce mois de novembre, Franck Riester a pu s'entretenir avec Margrethe Vestager, l'influente Commissaire européenne à la Concurrence. Le ministre d'Emmanuel Macron a pu insister sur la nécessité de trouver une réponse adaptée. « En matière de concurrence, il faut peut-être des mesures ex ante désormais, plutôt qu'ex post », souffle-t-il. L'action plutôt que la réaction donc.


Se pose enfin la question de l'amélioration de la loi. Franck Riester n'écarte pas cette possibilité, de façon à se doter d'outils renforcés visant à faire véritablement appliquer cette législation. La France suivra également de près la transposition de la directive dans les autres pays européens, et s'en inspirera peut-être pour ajuster son propre texte.

Source : Les Echos
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Popoulo

L’Europe, le machin qui vit dans le passé, qui s’acharne sur ceux qui innovent et réussissent.

Saulofein

« …travaille à une cohésion européenne autour de la loi à laquelle Google s’oppose »
Google ne s’oppose a rien, ils appliquent parfaitement la loi, et ce depuis sa mise en application!
Les sites qui acceptent que Google publie leurs articles continueront a bénéficier de cette indexation, et ceux qui refusent ne seront plus indexés. Je ne vois pas ou est le mal.

Quand je vais dans un bureau de presse, je ne paie pas pour accéder aux présentoirs!
Google n’a donc pas a rémunérer les auteurs pour présenter la première ligne d’un article!
La Presse avide voudrait se faire rémunérer pour l’indexation, en plus de ce qu’elle touche déjà via les pub et les abonnement.

Reverso

Je pense que la question est un peu plus complexe que ça.

La presse « papier » (ou presse « passé ») a effectivement du mal et la déclinaison numérique a des difficultés à percer (changement des usages, manque d’adhésion, picorage d’un article par ci par là, …).

Rappelons que selon le principe « si c’est gratuit, c’est toi le produit », Google gagne à référencer ces contenus car un clic sur ces liens leur permet de qualifier mieux l’utilisateur et/ou affiner la publicité ciblée affichée sur les sites dont il assure la régie.

Je rejoins le raisonnement selon lequel rentrer dans une presse et regarder les titres sans déplier les journaux est gratuit mais soyons lucide sur le fait que Google et consorts ne sont pas philanthropes. Là où nous voyons « gratuité » eux voient « monétisation ».

Il serait quelque part logique que, d’une façon ou d’une autre, les journaux qui produisent des contenus (et qui en ont donc la propriété intellectuelle) perçoivent une indemnité ou partie des revenus qu’ils concourent à générer, ne serait-ce que pour les inciter/soutenir à poursuivre.

Le cas échéant, si la presse indépendante qui subsiste de façon compliquée avec les revenus qu’elle peine à générer s’éteint car leur lectorat « abonné » diminue, demain nous serons tous abreuvés d’informations issues des réseaux sociaux et autres sources dont la fiabilité est (davantage) discutable.

Fodger

Tu veux dire exactement comme le fait que Gogole ne paye pas tous les impôts qu’il devrait en France ? La différence c’est que toi tu ne te fais pas de l’argent sur le dos du buraliste quand tu regardes le présentoir.

Gogole fait du profit indirectement en publiant des contenus qualitatifs sans forcément respecter les ayant droit et la loi.

En terme d’avidité, comparer la presse et gogole est ridicule.

Les GAFA ne font pas la loi.

Saulofein

Quand tu met un court extrait, cela donne de la visibilité à l’article et donne envie a l’utilisateur d’aller plus loin, en générant ainsi du trafic sur le site, qui va se rémunérer avec de la pub.

Justement non, puisque Google ont communiqué sur le fait que les sites ne seront plus indexés dans Google news, hormis pour ceux qui donnent leur accord.
On aurait donc pu penser que cela allait satisfaire tout le monde, mais apparemment non puisque certain continuent de se plaindre, même s’ils n’ont plus aucuns motifs valables.

Faux, et sans rapport avec l’article.

andreabel

En indexant le travail des journalistes, Google reçoit une rémunération indirecte par l’achalandage etc. ce qui est injuste pour les artisans qui ont fait tout le travail. On a l’impression que tout ce qui est sur internet est gratuit alors que ce n’est absolument pas le cas

Blues_Blanche

Google se paye notre tête. Rien que pour ça on devrait le taxer. Un droit d’utiliser notre réseau par exemple. Ou une bonne baffe partout où ça lui fait mal. On taxe toutes les pub sur le net. Quand les annonceurs arrêteront d’annoncer et de pourrir l’internet, en faisant un outil marketing, ça sera pas plus mal.

Saulofein

Oui, mais Google ne l’indexera plus sauf si les journalistes ont donné leur accord. Donc pourquoi cela pose-il encore un problème?

Saulofein

La gratuité d’internet repose sur la publicité. C’est comme ça depuis le début, fais-toi une raison ou débranche ton pc.

Blues_Blanche

Le problème c’est que nous (la France) avons fait un loi (nos élus/représentants) dont l’objectif est d’aider les médias et que Google nous méprise. Donc puisque cette firme a très peu de considération pour nous, pas que dur ce sujet, il faut simplement ramener le bizness chez nous. Peu importe le moyen : taxe, interdiction, aides aux alternatives…