Écartant tout démantèlement, Thierry Breton promet de plus lourdes sanctions contre les géants du numérique

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 16 novembre 2020 à 10h33
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L'ancien ministre français a nié toute volonté de briser Google ou toute autre grande entreprise du numérique, mais se dit favorable à ce que des sanctions plus restrictives encore soient appliquées en cas d'abus.

Thierry Breton a rappelé quelle était sa position à l'égard des géants du numérique dans une interview accordée au Welt am Sonntag, l'édition dominicale du Die Welt, célèbre quotidien berlinois. Dans l'édition du 15 novembre, le commissaire européen au Marché intérieur a souligné l'intérêt de pouvoir appliquer des sanctions dissuasives et plus strictes à l'encontre des acteurs du numérique, sans aller jusqu'à un éventuel démantèlement. Et cela tombe bien, car de telles dispositions sont prévues dans une prochaine loi européenne.

L'UE pourrait bientôt se doter du pouvoir de bloquer des plateformes ou services numériques

La Commission européenne travaille actuellement à l'élaboration de nouvelles règles pour les plateformes numériques qui proposent leurs services à destination des consommateurs de l'UE. Le 2 décembre, Thierry Breton et la commissaire européenne à la concurrence, la bien connue Margrethe Vestager, présenteront la loi européenne sur les services numériques, qui viendra réglementer les pratiques des plateformes et différentes places de marché en ligne.

L'ancien ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie a déclaré dans La WamS que certaines entreprises, comme Amazon, Google ou Facebook, se verront appliquer « des règles strictes » dans le cas où elles enfreignent les règles européennes et font obstacle à la concurrence sur leur marché, ce qui comprend « des sanctions dissuasives si les règles du jeu ne sont pas respectées ».

Par « sanctions dissuasives », Thierry Breton entend la possibilité de fixer des amendes, d'inciter à la séparation mais aussi et surtout de pouvoir exclure ou bloquer, dans le marché intérieur européen, toute entreprise ou service numérique qui dépasserait alors le cadre juridique de l'UE. Et « cela ne s'applique qu'aux entreprises qui ne respectent pas nos règles, et les mesures les plus strictes ne seraient utilisées que dans des cas exceptionnels », insiste-t-il.

« Personne au sein de la Commission ne veut briser les plateformes »

Pour autant, et malgré le niveau de certaines sanctions potentielles, Thierry Breton est catégorique : « Je n'ai jamais pensé à casser Google ou Facebook ». Histoire de rappeler que si le démantèlement est évoqué au niveau des instances de l'UE, cela « n'a rien à voir avec les délibérations proprement dites au sein de la Commission. (…) Personne au sein de la Commission ne veut briser les plateformes », martèle-t-il.

Si l'on en croit donc les déclarations de l'ancien ministre, qui s'entretient régulièrement avec les représentants ou dirigeants des grandes entreprises technologiques, un ou des démantèlements ne sont pas à l'ordre du jour. Dans le cadre de la loi sur les services numériques, le plus important pouvoir que détiendront les autorités européennes pourrait être d'exclure tout ou partie des services proposés par ces acteurs.

Source : Welt.de

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (9)
SlashDot2k19

Google prépare sa contre-attaque avec le DSA 60-Day Plan Update (bon ils se sont fait griler)

chaton51

oui l’UE qui est incapable de faire mieux n’aime pas ce qui réussit ailleurs…

melcky

Personne n’aime les abus de position dominante, les états unis (champion des mesures protectionnistes) les premier.

MCool

ça doit bien faire marrer Bezos…de toute façon …j’ai déjà résilié mon compte Amazon…! ce que chacun devrait faire s’il est un Européen et un Français qui réfléchit et pas seulement un consommateur compulsif…en plus souvent on a tout ce qu’on peut désirer tout à coté…

remy9991

Breton est l’ex patron de ATOS et ATOS vient de signer accord strategique mondial avec google.

Kilg0re

Cool, c’est bien d’être patriote maintenant est-ce que cela vaut le coup ? Face à des états et politiques menteurs et une Europe moribonde qui finance sa déroute à coup de QE et d’import massif d’extra-européens pour financer un système consumériste à l’agonie ? La question est vitre répondue.

Les multinationales qui profitent de cet état de fait ne sont que le sommet de l’iceberg dans une Europe où règne conflits d’intérêts et délits d’initiés à tout va.

Coup d’épée dans l’eau, tu peux réactiver ton compte.

MCool

certainement pas…en plus le marketplace d’amazon a des délais pire qu’AliBaba…comme ses tarifs… tous les c… ne volent pas sinon tu serais chef d’escadrille… quand on entend ce genre de raisonnement…ma maman disait qu’on devait avoir affaire à un tambour…une caisse très vide recouverte d’une peau…

cirdan

Le démantèlement est très compliqué juridiquement.
On verra bien ce qu’il y aura dans leur futur règlement, notamment la possibilité de pouvoir « exclure ou bloquer » des entreprises, mais on n’imagine mal l’UE bloquer certains services des GAFA en Europe.
C’est pourtant ce qu’il faudrait être prêt à faire, mais on se rendrait vite compte à quel point ils ont su se rendre indispensables. Et les mêmes qui crient au scandale de leurs magouilles seraient les premiers à réclamer leur retour.
En tout cas, bon courage à l’UE pour arriver à se faire respecter (en espérant que ce genre d’interview ne soit pas qu’une opération de com).

DrCarter95

ex patron