Qu'est-ce que le "deinfluencing", ce phénomène qui bouleverse le marketing d'influence sur TikTok ?

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 23 février 2023 à 19h00
L'iPhone 5c © Daniel Pawer / Adobe Stock
L'iPhone 5c © Daniel Pawer / Adobe Stock

Le « deinfluencing » a fait son apparition très récemment sur TikTok et contrebalance les influenceurs qui vendent du rêve en testant des produits ou des marques pas si… recommandables.

Si une partie de la population reste particulièrement critique envers ce que représentent les réseaux sociaux et leurs dérives, une sorte de rééquilibrage semble être enclenché grâce au phénomène émergent du « deinfluencing ». Derrière ce terme à la mode, surtout sur TikTok, on retrouve une tendance visant à montrer aux utilisateurs que les produits proposés par les influenceurs ne sont en réalité pas les meilleurs.

Une tendance à visée anticonsumériste

En ce début d'année, TikTok a accueilli une nouvelle tendance, celle du « deinfluencing », qui a déjà généré, selon nos constatations, des centaines de millions de vues depuis le début de l'année. Visibrain précise que le phénomène a émergé le 18 janvier et qu'il a déjà permis à ses utilisateurs de récolter près de 10 millions de likes à travers leurs posts.

Alors, en quoi consiste cette tendance ? Axée autour de l'anticonsumérisme, elle permet à des créateurs de contenu, eux-mêmes influenceurs le plus souvent, d'expliquer en vidéo quels sont les produits à ne pas acheter. Pour cela, ils mouillent directement leur chemise et prouvent, par l'essai face caméra, que le produit en question est loin de tenir les miraculeuses promesses affichées par d'autres influenceurs.

Ces vidéos contribuent à afficher un certain rejet de la culture de la surconsommation et à écarter les essais trompeurs ou mensongers de certains influenceurs pour laisser davantage de place à la transparence et à la sincérité, ce que l'on peut voir comme une bonne chose.

Le deinfluencing n'épargne ni les influenceurs ni les marques

Les porteurs de ce mouvement du deinfluencing font le choix de dénoncer le consumérisme en mettant en avant plusieurs hashtags. Ainsi, #deinfluencergang #saveyourmoney #antihaul ou #consciousconsumer font partie des plus utilisés dans les publications TikTok.

Exemple d'une publication qui évoque les produits à ne surtout pas acheter chez Sephora © Capture d'écran
Exemple d'une publication qui évoque les produits à ne surtout pas acheter chez Sephora © Capture d'écran

Ce qui est intéressant, c'est de voir les types de produits qui se retrouvent le plus souvent dans l'œil du cyclone. Et clairement, une industrie se dégage : celle des cosmétiques, qui pèse pour plus de la moitié (55 %) des posts liés au deinfluencing. Le maquillage, la coiffure et les soins pour la peau sont les plus visés. Derrière, on retrouve la mode (12 %).

Et attention, le deinfluencing ne loupe personne. Certaines grandes marques du secteur des cosmétiques font régulièrement l'objet de vidéos critiques envers leurs produits. Plusieurs produits de l'enseigne Sephora sont critiqués. On a même assisté à un « mascaragate » après la vidéo jugée trompeuse de l'influenceuse Mikayla Nogueira sur l'un des mascaras de la maison L'Oréal Paris.

  • Interactions faciles
  • Réseau social engageant
  • Très divertissant
8 / 10
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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kroman

Ils ont intérêt à avoir un bon avocat !

Loposo

Pas forcément il faut pas confondre avis négatif et diffamations, et souvent peu de risque car il faudrait sortir les résultats scientiques pour les crèmes et les marques N ont pas intérêt si jamais il y a des études. Mais quelqu un qui dit qu une crème à rien fait pour elle ce 'est pas diffamatoire, comme des logiciels type audio ou la personne demo tre que le soft a 300€ est la même chose que celui à 0€ avec des mesures et demonstrations

kroman

Ce qui est considéré comme une « diffamation » varie d’un pays à l’autre ! C’est une atteinte à la réputation. Dans certains pays, peu importe que ce soit vrai ou faux. Dans certains pays ça protège juste les gens. Dans d’autres, aussi les entreprises, lieux, objets…

Tant qu’ils restent factuels ça devrait passer. Mais ils vont sûrement faire du sensationnel pour avoir plus de vues…

Ccts

Donc avant on disait lors d’un dîner mondain « moi je suis influenceur ! » et maintenant « je suis mieux que influenceur ! Je suis desinfluenceur ! » c’est beau ! En gros les marques ne payent plus pour de la pub mais payent pour de l’anti pub sur les concurrents… pas mal en fait ! Aller la jeunesse, désinstallez ces applis de m**** c’est ça la vraie desinfluence !

MattS32

Et outre le risque d’être accusé de diffamation pour l’avis négatif, il y a aussi selon les pays le risque lié au fait d’appeler à ne pas acheter : certains pays sanctionnent l’appel au boycott ou exigent pour l’accepter des contraintes fortes rendant l’appel au boycott quasi indispensable. La Suisse est notamment assez stricte là-dessus.

Cela dit, dans les faits, c’est quand même rare qu’une entreprise dont on critique un produit attaque pour diffamation ou appel au boycott… Ne serait ce qu’à cause du bruit médiatique que ça pourrait engendrer (le fameux effet Streisand) et l’impact désastreux pour l’image en cas de défaite face à la justice…

mrassol

quand dans les dîners montains on me demande si je suis geek, je réponds que je suis nerd, c’est le level au dessus :rofl:

kplan

Deinfluencing, influencing, même combat, même ressort.
Tant que de vrais protocoles d’essai ne sont pas mis en place pour une évaluation objective et désintéressée, la communication sur les réseaux sociaux restera sujette à caution. On pourrait délibérément cibler des marques plus que d’autres en étant mandaté par notre sponsor.
Je me demande comment faire confiance à des gens qui gagnent leur vie en influençant les autres. La neutralité n’existe pas dans leur monde.

StephaneGotcha

Ça pourrait être une bonne idée … si le but n’était pas de « descendre » des produits avec autant légitimité que tous les autres influenceurs, pour faire le plus de vue possible …

Ça me fait penser à la « fameuse » discrimination positive …

twist_oliver

« le produit X est super »
« le produit X est pourri »

« le joueur Y du PSG est super »
« le joueur Y du PSG est nul »

Avant c’était des discussions autour d’un verre, maintenant c’est mondial, quelle différence ?
Ceux qui veulent être influencés sont influencés, ceux qui veulent éviter cela essayent de trouver d’autres sources d’information (associations de consommateurs, tests indépendants, croisement d’information etc.)

qotzo

heureusement que la boîte « Reef » n’existe pas. Sinon elle aurait porté plainte pour dénigrement.