Mission Alpha : la capsule Crew Dragon Endeavour est repartie pour un tour !

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
26 avril 2021 à 10h12
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Le décollage, photographié depuis le bas des tyroliennes, qui ne sont utilisées qu'en cas d'urgence et d'évacuation du site lors de l'embarquement. Crédits NASA/Aubrey Gemignani
Le décollage, photographié depuis le bas des tyroliennes, qui ne sont utilisées qu'en cas d'urgence et d'évacuation du site lors de l'embarquement. Crédits NASA/Aubrey Gemignani

Retardé d'une journée, le décollage de l'équipage Crew-2 a bien eu lieu ce 23 avril à 11h49 depuis le Centre Spatial Kennedy. Thomas Pesquet et ses collègues sont arrivés en orbite avec un lancement sans incident, et se préparent à l'amarrage avec la station spatiale internationale (ISS).

Le tout dans une bonne ambiance qui invitait à la fête.

Un bout de roquefort et ça repart

Les quatre membres de l'équipage de Crew Dragon ne semblaient pas trop souffrir du manque de sommeil ce matin, lorsqu'ils ont suivi toutes les grandes étapes les menant jusqu'à leur capsule sur le site de lancement LC-39A. Ils étaient pourtant levés 7 heures avant leur décollage, vers… 22h50 locales. Pourtant, l'ambiance était au beau fixe, après une dernière après-midi sur la plage et un copieux diner dans les locaux de la NASA (il est selon la légende possible de tout demander, et le Français n'a pas raté l'occasion d'un grand plateau de fromage). L'annonce du retard de leur décollage de 24h n'avait surpris personne sur place, la météo en haute mer étant très défavorable pour le tir : en cas d'éjection d'urgence de leur capsule, il n'aurait pas été possible d'amerrir dans de bonnes conditions.

Mais ce 23 avril, ils n'ont pas raté leur rendez-vous. Shane Kimbrough, Megan McArthur, Akihiko Hoshide et Thomas Pesquet ont enfilé leurs combinaisons dans la bonne humeur, avant de rejoindre en Tesla le site historique d'où sont partis, il y a plus de 51 ans déjà, les astronautes d'Apollo 11 (puis une majorité des navettes).

La salle de préparation des astronautes, dans laquelle l'étanchéité de leurs combinaison est aussi testée, mêle tradition et modernité. Crédits NASA/Kim Shiflett
La salle de préparation des astronautes, dans laquelle l'étanchéité de leurs combinaison est aussi testée, mêle tradition et modernité. Crédits NASA/Kim Shiflett

La capsule ? C'est de la récup !

Ils y ont retrouvé leur lanceur, Falcon 9 et la capsule Crew Dragon « Endeavour », qui fut l'année dernière le tout premier véhicule de SpaceX à voler avec un équipage au service de la NASA… Et baptisée par ses occupants Bob Behnken et Douglas Hurley. Double nouveauté de la réutilisation, c'est donc une capsule habitée qui fait son deuxième vol, propulsée par une fusée dont le premier étage effectuait lui aussi son deuxième vol. La NASA, qui jusque l'année dernière demandait du matériel « neuf » à chaque lancement habité, a révisé son jugement après 88 décollages d'affilée réussis par Falcon 9.

Sur le pas de tir, tout s'est bien passé. Les astronautes, une fois assis sur leurs sièges baquet, ont dû patienter pratiquement trois longues heures avant le départ, les dernières 45 minutes étant conditionnées par le remplissage des réservoirs du lanceur. A 11h49, les 9 moteurs Merlin 1D du premier étage se sont allumés comme prévu, et la mission Crew-2 a rejoint l'orbite en moins de dix minutes de poussée. Quelques poignées de secondes encore, et le « nez » d'Endeavour s'était déjà ouvert pour découvrir l'écoutille d'amarrage de la capsule, avant de commencer sa poursuite de l'ISS. Le premier étage, lui, s'est posé sans incident sur la barge « Of Course I Still Love You » stationnée au large de la Floride.

En route pour 6 mois de mission

Avec ce 3e vol habité en moins d'un an, SpaceX a réussi son pari au service de la NASA au sein du programme « Commercial Crew », et Thomas, Shane, Megan et Aki n'ont pas manqué l'occasion de rappeler à quel point le lancement s'est bien passé et leur joie d'être en orbite. L'entreprise a déjà embarqué dix passagers, et prévoit au moins deux autres décollages de Crew Dragon au second semestre !

Sans jamais quitter leur esprit de détente, l'équipage Crew-2 a fait visiter la capsule aux spectateurs de la NASA, maintenant qu'ils sont en route pour la station spatiale internationale. Le trajet va durer environ 23 heures avant l'amarrage qui devrait être entièrement automatisé prévu à 11h10 (Paris). L'équipage comptera alors 11 membres jusqu'au départ des collègues de la mission Crew-1 et de leur capsule Crew Dragon « Resilience », qui reviendra se poser en mer sur la façade atlantique ce 28 avril.

Thomas Pesquet, qui deviendra au cours de sa mission le français à avoir passé le plus de temps en orbite, a de nouveau (et très logiquement) fait l'objet d'un intense suivi médiatique ces derniers jours dans l'Hexagone, sa cote de popularité renouvelée par ce départ… Vers, finalement, un confinement de six mois.

Et vous, avez-vous suivi ce décollage ?

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (4)

Koin-Koin
Merci pour cette article qui parle de la mission dans son ensemble.<br /> Sans retirer le mérite de Thomas Pesquet, qui ne démérite aucunement sa place, il faut bien avouer que la couverture médiatique en France occulte malheureusement complètement tout ce qui n’est pas Thomas Pesquet.<br /> On pourrait presque croire qu’il a construit la fusée lui-même ^^.<br /> Plus sérieusement, il faut bien admettre que pour une fois, il n’y avait pas à faire d’éffort pour profiter des images et il suffisait de faire abstraction des commentaires pour profiter du décollage comme à l’époque de la navette (j’ai beau être vieux, ce n’est pas au point d’avoir vu le programme Apollo en direct).<br /> Récupération sur la plateforme particulièrement propre.
ebottlaender
Je peux tout à fait comprendre que la sur-médiatisation de TP soit ennuyeuse, surtout sur la durée lorsqu’il est présenté, parfois, comme un être hors du commun… C’est la difficile loi du porte-drapeau et c’est particulièrement frappant en France !<br /> Cela étant, et à chaque fois je m’en félicite, cet engouement permet aussi de générer des vocations et de la passion pour le spatial. En tant que prêcheur dans ma space-chapelle, je suis ravi de voir des enfants, des ados ou même des quidams tourner (un peu) la tête vers l’ISS.<br /> Les images sont belles, on voit qu’ils y prennent un réel plaisir, c’est une fête !
kanda
Merci pour cet article intéressant. Décollage suivi avec beaucoup d’attention ici <br /> Dommage pour les coupures vidéos de l’atterrissage du premier étage ^^
Koin-Koin
On est bien d’accord, le rôle est nécessaire et le bienvenu pour le rayonnement des écoles, institutions et entreprises liées.<br /> La dessus, lui-même fait parfaitement le boulot.<br /> Je regrette juste que majoritairement les médias français ne peuvent pas faire plus de 15s sans citer son nom
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