Plus que quelques tests pour le télescope James Webb avant son grand départ

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
02 septembre 2020 à 17h51
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Actuellement, le grand "pare-soleil" du télescope est (très précautionneusement) replié en position de décollage, pas comme sur ce cliché qui montre bien la taille globale du télescope. Crédits NASA
Actuellement, le grand "pare-soleil" du télescope est (très précautionneusement) replié en position de décollage, pas comme sur ce cliché qui montre bien la taille globale du télescope. Crédits NASA

Le JWST vient de terminer une intense campagne d'essais pour valider la réponse de ses instruments dans l'espace. Les derniers éléments, notamment les panneaux solaires, sont installés sur le télescope… 

Il reste toutefois encore plus de six mois avant son départ pour la Guyane, et 14 mois avant son décollage.

Démesure(s)

Le JWST n'a pas le droit à l'erreur. C'est la formule qui justifie, ces dernières années, tous les reports et les retards de lancement du gigantesque télescope repliable, qui décollera depuis le Centre Spatial Guyanais au sommet d'une fusée Ariane 5. Avec un budget qui flirte allègrement avec les 10 milliards de dollars dépensés en une décennie et des capacités qui repousseront les limites de l'observation, on comprend aisément que ce ne sont pas quelques mois de plus ou de moins qui importent, si tant est qu'ils permettent d'assurer que le télescope se comportera comme prévu une fois sur son trajet pour le point de Lagrange Terre-soleil L2, à 1,5 millions de kilomètres de son point de départ.

Là-bas, impossible de le réparer en cas de panne, c'est trop lointain et le véhicule n'est pas prévu pour ça. Le décollage est actuellement fixé au 31 octobre 2021.

Grand télescope, petits panneaux

Le JWST n'a pas le droit à l'erreur donc et son long déploiement doit se dérouler sans encombre. Cette étape qui durera plusieurs semaines, concerne le « pare-soleil », les éléments du réseau de miroir, le triple mat télescopique, et les panneaux solaires.

Ces derniers, qui sont prêts depuis longtemps, ont été réinstallés en août sur le télescope, à présent plus ou moins complet (véhicule, pare-soleil, miroir et instruments scientifiques). Ils surprennent car comparés à la taille du JWST, les cinq panneaux solaires étendus sur six mètres de long sont minuscules.

Ils ne délivrent ainsi « que » 1 kilowatt, mais le télescope n'est pas gourmand (c'est environ la consommation d'un grille-pain), et n'a pas non plus besoin de grosses batteries, puisqu'il restera en permanence éclairé par le Soleil.

Cela dit les panneaux ont beau être petits, s'ils ne se déploient pas correctement, le télescope est fichu.

Test après test

Le JWST n'a définitivement pas le droit à l'erreur, et c'est pour cette raison que la NASA a conduit un important test de simulation de commandes au début du mois d'août, nommé le « Ground Segment Test ».

Le centre de contrôle qui servira au cours de sa mission dans l'espace, basé à Baltimore (USA) au Space Telescope Science Institute, a envoyé plusieurs sets de commandes et de données au JWST, en test à Redondo Beach en Californie. Les protocoles et moyens utilisés sont les mêmes que ceux qui seront mis en oeuvre durant sa mission finale… À ceci près que le télescope est dans une salle blanche !

Les équipes ont mené des campagnes complètes de commandes pour des observations, ce qui comprend l'orientation du télescope et des miroirs, ou encore l'activation des différents instruments scientifiques embarqués… Cette validation finale a duré quatre jours et a mobilisé plus d'une centaine de personnes. Et s'est terminée par une bonne nouvelle : le télescope James Webb répond parfaitement aux commandes.

Après une nouvelle campagne d'essais qui aura lieu cet automne pour vérifier sa résistance aux vibrations et aux ondes sonores lors du lancement, le JWST sera déplié pour inspection, et replié une dernière fois avant de partir pour la Guyane, au début de l'année prochaine.

Source :NASA

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (10)

Fulmlmetal
Départ pour la Guyance dans 6 mois et lancement dans 14 mois. Donc durant les 8 mois en Guyane ils font quoi ? ils ne vont pas retester ce qui a déja été testé et retesté x fois ?<br /> Faut pas 8 mois quand meme pour installer un sat sur son lanceur !<br /> Quelles sont les opérations qui justifient ces 8 mois sur place ?
dragonnoir
Ils vont déjà vérifier et revérifier qu’il est arrivé en bon état.<br /> C’est souvent que les satellites arrivent plusieurs semaines/mois avant leur lancement et dans ce cas en particulier ils ne vont prendre aucun risque !
bibi_bobo
Je me demandais, un satellite au point Lagrange L2 reçoit quand même de l’énergie du soleil? Il se décale légèrement ou la terre n’occulte pas complètement le soleil à cette distance?<br /> Faudrait p’tet les prévenir avec tous les trucs qu’ils sont en train de vérifier là
ebottlaender
Alors on dit qu’il est «&nbsp;au&nbsp;» point de Lagrange, mais en fait ça n’est pas tant un point qu’une zone. Et en général on orbite autour d’un point de Lagrange, avec de tooooout petits ajustements moteurs très économiques en énergie.<br /> Donc pas de souci, il est derrière la Terre mais largement assez excentré pour recevoir du soleil toute l’année ^^
ebottlaender
Comme le dit dragonnoir, il faut déjà le temps du transport, puis le déballage tout doucement, avant de faire une première batterie de tests et de vérifier qu’il n’a pas souffert (c’est long), avant de le mettre sur sa pièce d’adaptation, de remplir les réservoirs et de retester une fois sur l’adaptateur lanceur.
Fulmlmetal
Oui j’imagine bien tout cela mais 8 mois quand meme … c’est beaucoup.<br /> Est ce que la crise du covid a un lien sur ce long délai vu que les opérations en Guyane sont ralenties par l’épidémie (restrictions, absences, télétravail, etc)
ebottlaender
Ce sera sans doute un peu moins de 8 mois déjà car il y a des marges. Mais surtout, ce n’est pas si inhabituel que ça. On se souviendra que BepiColombo avait passé un temps à peu près équivalent à Kourou. Il y a beaucoup à faire avec les gens de chez Northrop Grumman (véhicule), de la NASA (télescope), des instituts de recherche (instruments), les gens du CNES, les équipes lanceur…
Gus_71
Re-bonjour Eric !<br /> Content de te lire de nouveau ! <br /> Je te croyais parti sur d’autres sites, mais plus probablement simplement en vacances ?<br /> (Ne réponds pas, car «&nbsp;Ça ne nous regarde pas&nbsp;» : Citation des inconnus, au siècle dernier !)<br /> Bonne continuation !
Troudouillet
Le lancement ne doit-il pas se faire à un moment astronomique précis pour placer le satellite au point de Lagrange souhaité ?<br /> Après recherche, cela semble plutôt être du à la réservation d’un créneau de lancement avec de la marge pour être certain d’avoir fini les tests.
ebottlaender
Alors pour le coup non, les fenêtres de tir vers les points de Lagrange sont relativement «&nbsp;faciles&nbsp;» à pointer. A vue de nez, je dirais qu’à moins d’un mauvais positionnement de la Lune, il y a au moins une fenêtre d’une heure ou deux tous les jours pour Ariane 5.
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