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Ce satellite à 700 millions de dollars n'a pas pu déployer son antenne

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
20 juillet 2023 à 18h30
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Vue d'artiste de ViaSat-3 Americas et de son très grand réflecteur d'antenne dépliable © ViaSat
Vue d'artiste de ViaSat-3 Americas et de son très grand réflecteur d'antenne dépliable © ViaSat


Voilà qui est très ennuyeux pour l'opérateur ViaSat. L'un de ses plus gros satellites de communication destiné à l'orbite géostationnaire, qui a décollé en avril, n'a pas réussi à déployer son énorme réflecteur d'antenne. Sa mission sera au mieux handicapée, au pire complètement fichue. Et surtout, l'addition sera salée !

D'autant que l'assurance ne pourra pas tout couvrir…

Des ennuis grand format

ViaSat-3 Americas est un très grand satellite d'une masse d'environ 6,4 tonnes au minimum, qui a décollé en avril dernier grâce à un lanceur Falcon Heavy. Il s'agit de l'un des lanceurs les plus puissants au monde pour cette unité fabriquée par Boeing en Californie à El Segundo, et parfois surnommé le « fer à repasser ».

Côté satellite aussi, on peut noter une énorme puissance grâce à des panneaux solaires de l'envergure d'un petit avion de ligne, capables de convertir jusqu'à 30 kW d'énergie solaire ! Déployer les panneaux était une étape délicate, mais quelques heures après le décollage, tout s'était bien passé. Il restait cependant un élément particulier, un réflecteur au service de l'énorme débit de 1 To/s pour les antennes du satellite, utilisé pour la connectivité internet. Mais ce dernier n'a pu être déployé comme prévu.

La franchise va un peu grimper

ViaSat, Boeing, qui s'est chargée de l'intégration du satellite, et Northrop Grumman, qui s'est occupée du réflecteur et de son bras de déploiement d'au moins 25 mètres de long (directement dérivé de celui utilisé sur le télescope James Webb), gardent le silence sur les caractéristiques exactes de cet élément très sensible.

S'agissant de l'un des plus grands de sa génération, il fait probablement au moins 6 mètres de diamètre, avec une structure en polymères et carbone, une fine surface traitée à l'or et plusieurs petits moteurs consacrés à son déploiement, qui devait à lui seul prendre plusieurs jours. Cette gigantesque « ombrelle » est indispensable au bon fonctionnement de ViaSat-3 Americas, qui devait rester actif au moins 15 ans, mais rencontre un gros problème.

Le réflecteur est-il endommagé ou déchiré ? Est-il resté partiellement bloqué ? L'information ne filtre pas. Pour autant, ViaSat envisagerait un remboursement par l'assurance de son énorme satellite, même si cette dernière ne couvre « que » 420 millions de dollars pour ce satellite que des experts estiment à environ 700 millions.

On voit sur la droite des panneaux solaires le grand réflecteur replié ainsi qu'une partie du bras dépliable qui le soutient © Boeing
On voit sur la droite des panneaux solaires le grand réflecteur replié ainsi qu'une partie du bras dépliable qui le soutient © Boeing

Jamais le bon moment

Les trois satellites ViaSat-3 sont très en retard sur les calendriers initiaux prévus par l'opérateur à la fin de la dernière décennie, parce que leur conception est particulièrement complexe. Et cet échec en orbite ne va rien arranger !

Conçus pour assurer la connectivité sur de larges régions pour l'instant mal desservies, ces grands et chers satellites sont déjà soumis à la concurrence directe des constellations de communication de SpaceX ou OneWeb. Malgré tout, avec de grandes capacités pour des marchés émergents, ces unités ont toujours leur place, et les contrats sont importants. La perte d'une grande unité de nouvelle génération va donc faire très mal à un opérateur tel que ViaSat. D’autant plus que l'entreprise a besoin de rembourser ses prêts, puisqu'elle a racheté l'un de ses concurrents, Inmarsat, plus tôt dans l'année…

Source : ArsTechnica

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (21)

gothax
A l époque il y avait tjs une solution avec des cosmonautes qui sortaient depuis une station ou une navette pour sauver des satellites maintenant … Y a pû
kplan
Pour les satellites en orbite basse, comme a pu être dépanné ou mis à jour Hubble, oui mais sur l’orbite géostationnaire, euh, non non non, c’est un peu loin. 36000 km contre quelques centaines, c’est pas la même aventure <br /> Une belle animation sur les différentes orbites <br /> https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Comparison_satellite_navigation_orbits.svg
mcha
Aucune navette ou station n’est capable d’aller aussi haut
Caramel34
C’est là qu’on regrette la navette spatiale.
SlashDot2k19
C’est moche…
AtomosF
On peut la regretter , mais dans tous les cas elle n’allait pas aussi haut/loin comme déjà dit plus haut. Hubble était à 500km… Là on parle de 36.000km…
symy
« a décollé en avril dernier grâce à un lanceur Falcon Heavy. Il s’agit de l’un des lanceurs les plus puissants au monde pour cette unité fabriquée par Boeing »<br /> C’est moi qui comprend mal le paragraphe ou il y a erreur ? la Falcon Heavy c’est Space X
Palou
@symy Je pense que @ebottlaender a voulu dire que le satellite (cette unité) a été fabriqué par Boeing, pas le lanceur
pinkfloyd
ah bon ?<br /> la Lune nous semble plus ou moins proche. Et pour cause, sa distance par rapport à la Terre varie entre 356 000 et 406 000 kilomètres.<br /> 36.000 km ca me semble donc jouable non ?<br /> 500 ou 36.000 km dans l’espace c’est juste une question de temps donc de ressource et d’oxygène.<br /> en quoi une navette ne pourrais pas y allez ? ce n’est pas un troll, j’essaye de comprendre.
Chirokee
Encore Boeing ?
Jolan
On n’a pas été sur la lune en Navette spatiale.<br /> Aller à 36.000 km ce serait possible, si on le décidait, mais il faudrait concevoir un nouveau véhicule. En les coûts de l’opération et les risques humains, aucune chance que cela se fasse dans un avenir proche - juste pour dépanner un satellite ou deux de temps en temps.
ebottlaender
Oui c’est ça. Comme on le dit dans l’article : Northrop Grumman pour le bras et le réflecteur d’antenne, Boeing pour le satellite, Viasat comme opérateur et SpaceX pour le lanceur ^^
Highmac
Y-a qu’à envoyer Superman !<br /> Il est au chômage en ce moment.
f-dzt
ou un drone ou deux, version spaciale, c’est tres a la mode les drones et ca ne coute pas de vies humaines en cas de pepin
xryl
En fait, dans l’espace, tu ne montes pas une échelle pour atteindre une orbite plus haute. Pour monter d’une orbite de 500km à 36000km, il faut accélérer dans un premier temps pour s’éjecter de l’orbite en cours (augmenter son orbite), puis ralentir ensuite pour se synchroniser avec la nouvelle orbite. Sans même parler des manœuvres d’approche du satellite qui t’oblige à synchroniser ta vitesse avec lui, vu que tu ne fait pas un survol, tu veux t’y agripper. Ensuite, il faut replonger vers la Terre puis accélérer à nouveau pour re-atteindre une vitesse orbitale (20000km/h au moins). Enfin, tu peux commencer la désorbitation. Ça demande donc des réserves de carburant considérables, et là, l’équation de Tsiolkovski joue son petit dictateur, c’est à dire que pour avoir autant de carburant, il faut encore plus de carburant.<br /> Bref, vu que le satellite, au départ, il lui faut le plus puissant de lanceur de SpaceX, j’imagine même pas une navette/capsule habitée qui en plus devrait manœuvrer pendant des jours.
EricARF
Hé oui! Envoyer des trucs dans l’espace comporte de très très gros risques.
pinkfloyd
c’est donc bien un problème de ressource, merci pour l’info<br /> n’empeche que dans armageddon ils avaient reussis a faire le plein
juju251
Armageddon est un film de science fiction.<br /> Ce n’est en aucun cas la réalité.
xryl
juju251:<br /> Armageddon est un film de science fiction.<br /> Ah, je croyais que c’était une comédie musicale sur un clip d’Aerosmith avec Bruce Willis. J’ai pas dû être très attentif…
juju251
Ce n’est pas à toi que je répondais.
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